Samir Ghanem, le rire sans prétention.
La mort ne lui va pas bien. Telle fut la première réaction de certains internautes en apprenant la disparition du comédien de renom Samir Ghanem, car celui-ci fut surtout synonyme de joie de vivre et de sourire bon enfant. Hospitalisé depuis plusieurs jours, les rapports médicaux n’étaient pas cependant très optimistes, mais les gens refusaient que ce pépère de la comédie les quitte, en ces moments particulièrement difficiles et moroses.
On reprend des rengaines chantées dans les devinettes de Fattouta qu’il avait interprétées pendant plusieurs Ramadans, à l’heure de la rupture du jeûne, dans les années 1980. Il excellait à inventer des tenues extravagantes à ce réalisateur minuscule, tout le temps en costume vert phosphorique et aux chaussures géantes. Un réalisateur colérique, qui a été formé aux Etats-Unis et qui s’emportait à la moindre chose, et ce fut à son assistant Sammoura, toujours interprété par Samir Ghanem, de se débrouiller pour résoudre le problème. Ces devinettes réalisées pour la télévision égyptienne par Fahmi Abdel-Hamid ont constitué une partie de l’enfance et de l’adolescence des uns et des autres dans le monde arabe, ils ont donc du mal à lâcher leurs souvenirs. L’une des spectatrices lance sur Facebook, de la manière la plus spontanée : « Il va sans doute tout droit au paradis, sinon qui va nous faire rire là-bas ? ».
Né en janvier 1937, Samir Ghanem a effectué des études en agronomie à l’Université d’Alexandrie. Il fait la rencontre de Georges Sidhom et d’Al-Deif Ahmad, avec qui il forme le Trio des stars du théâtre (Solassi Adwä Al-Masrah), présentant des sketchs comiques qui ont eu beaucoup de succès dans les années 1960 et leur ont valu plusieurs seconds rôles au cinéma, avant d’accéder au vedettariat. Ils ont joué également dans plusieurs pièces comiques, dont Roméo et Juliette, ainsi que Tabikh Al-Malayka (la cuisine des anges).
En 1977, le dramaturge et scénariste Lénine Al-Ramli lui offre l’un de ses plus beaux rôles dans le feuilleton Hékayet Mizo (l’histoire de Mizo), devant Fardous Abdel-Hamid. Il y interprète le personnage d’un jeune homme nonchalant qui a perdu tous ses biens familiaux et essayait de profiter de la fortune de Néfissa, la vieille fille, trop sérieuse et coincée.
Sans trop de prétention, il a réussi à arracher les rires du public, en multipliant ses apparitions. Sa dernière fut à travers une publicité pour une société de téléphone portable avec sa fille Emmy. Toujours la même présence, le même sens de l’humour qui ne cherche pas à se montrer sophistiqué ou savant. Un homme simple qui aimait le rire pour le rire, un célibataire endurci qui raconte dans les émissions comment sa femme — la comédienne Dalal Abdel-Aziz — a réussi à le piéger, un père de famille tendre, fier de ses deux filles, également des comédiennes très talentueuses. D’ailleurs, les quatre membres de la famille furent atteints de coronavirus et son épouse est toujours dans un état critique.
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