Al-Ahram Hebdo : Comment est préparée la programmation d’habitude? Et comment la pandémie a-t-elle influencé votre travail ?
Mouwafak Chourbagui : D’habitude, la sélection des films commence avec le Festival de Berlin, c’est-à-dire à partir du mois de février ou de mars, puis on continue avec le Festival de Cannes. On prépare une présélection ; on se met à en discuter en tant que programmeurs. Chaque film doit avoir au moins l’approbation de deux programmeurs sur cinq afin d’être sélectionné. Ce système a été complètement chamboulé avec le coronavirus qui a entraîné soit l’annulation soit le report des festivals. Le cycle normal des festivals a été interrompu, ainsi que le nôtre. On devait lancer le Panorama en novembre dernier, mais on a dû le reporter jusqu’en décembre, puis janvier… Or, comme le contexte n’était toujours pas favorable, on était obligé de le repousser encore et on a réussi finalement à avoir le consentement du ministère de la Culture pour le tenir actuellement, avant le mois du Ramadan. D’ailleurs, quelques décisions ont été prises et vont évidemment donner un aspect différent au Panorama, à savoir l’annulation de la cérémonie d’ouverture, ainsi que des débats après les projections. Il n’y a pas non plus d’invités, donc malheureusement pas de rencontres en chair et en os avec ceux qui ont fait les films. A l’édition prochaine, on compte consacrer une rétrospective au réalisateur polonais Krzysztof Kieslowski.
Cette année, parallèlement aux projections qui se déroulent à Zawya, certains films sont projetés au cinéma Galaxy à Manial, car le cinéma Zamalek, où d’habitude se donnent les films du Panorama, est actuellement fermé. En outre, les projections ne se font qu’au Caire, contrairement aux éditions précédentes qui s’étendaient à Alexandrie, Assouan, Port-Saïd et Zagazig.
— Pensez-vous que les reports en continu influencent le nombre du public ?
— Oui, je le pense vivement. Les cinéphiles fidèles sont toujours enthousiastes. Ils suivent de près les nouvelles du Panorama, cherchent le programme et font une liste des films à voir. Cependant, certains ont peur de se retrouver dans un lieu fermé, étant donné le contexte sanitaire. D’autres sont gênés par les mesures sanitaires mises en place, tel le port obligatoire du masque. Or, je m’attends à ce que le public cette année soit surtout beaucoup plus jeune.
— Le public du Panorama des films européens est-il différent de celui du cinéma Zawya ?
— Une partie du public fidèle de Zawya vient toujours assister à des films durant le Panorama des films européens. Or, l’ambiance de ce dernier est tout à fait différente. Il y a un programme avec une liste de films dont la projection est limitée, alors que certains films projetés à Zawya pourraient rester en salle pendant deux semaines ou même plus. Il est à souligner également qu’un film européen n’est pas facile à trouver en salle en Egypte en dehors du Panorama. D’ailleurs, des étrangers résidents ou de passage comptent aussi parmi le public du Panorama .
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