En présence d’un public dont les visages étaient bien cachés derrière leurs masques, s’est ouverte, jeudi 1er avril, la 13e édition du Panorama des films européens. Une vitrine essentielle pour les oeuvres européennes dans un marché inondé par les films hollywoodiens. Ainsi, sont projetés 40 films dont 13 documentaires, 13 longs métrages et 14 films de directeurs émergents, provenant de divers pays européens.
En présentiel, le festival maintient la singularité bénéfique du cinéma comme forme d’offre culturelle et de pratiques sociales en même temps. Même si celles-ci sont fragilisées, elles ne sont pas du moins détruites. Le Panorama a donc le mérite de garder ce que le mot festival veut dire, même si cela se fait dans certaines limites. « Zawya est un milieu géré par de jeunes gens très professionnels qui ont beaucoup d’expérience et qui ont pu surmonter des moments difficiles », souligne le conseiller culturel espagnol, Candido Creis Estrada, pour qui le Panorama est une opportunité de plus pour faire découvrir au public égyptien la culture espagnole, après le grand succès qu’a connu la Semaine du cinéma ibéro-espagnol, organisée il y a deux ans à Zawya. « Il faut lutter contre la peur provoquée par le Covid-19. Malheureusement, les salles ne seront pas toutes remplies vu les mesures sanitaires, mais on espère que l’année prochaine, on aura une ambiance plus sereine et plus gaie », ajoute-t-il.
Un premier film en irlandais
Une des raisons d’être majeures des festivals c’est la construction de publics mobilisés, souvent passionnés, et qui goûtent la rencontre avec des oeuvres qu’ils ne fréquentent pas d’ordinaire, c’est le pari de l’événement en cours depuis son élaboration il y a plus qu’une dizaine d’années. « Le cinéma irlandais est en croissance continue. Si l’Irlande est connue au sein de l’industrie cinématographique par le fait de favoriser des lieux de tournage exceptionnels, comme fut le cas avec des films tels Star Wars et Game of Thrones, elle commence à s’y imposer grâce à des films de production irlandaise de grande qualité, comme les deux films projetés au cours de ce Panorama: I Never Cry (coproduction polonaise) et Arracht », indique le conseiller général d’Irlande, Cathal O’Hagan, qui exprime son plaisir de voir pour la première fois un film irlandais, et en langue irlandaise, projeté en Egypte.
Cette opinion est partagée par Suzanna Hoehn, directrice de l’Institut Goethe, qui n’hésite pas à souligner son éblouissement de la réaction du public égyptien face au coronavirus. « Calme, il lutte contre l’isolement et la peur et cherche des moyens pour s’en sortir », dit-elle. Et d’ajouter: « Les thématiques soulevées par les films sont toujours universelles : la jeunesse et son futur, la justice sociale, le changement climatique, la possibilité d’instaurer la paix … ». Cathy Costain, directrice des programmes de la création artistique et culturelle au Conseil britannique, est ravie de ce retour du public au cinéma. « Les organisateurs du Panorama européen ont réussi à créer un espace où un large public aurait accès à des films non américains. Je n’ai rien contre les films américains, mais le public a le droit de s’ouvrir sur un cinéma varié, loin du commercial », affirme-t-elle.
« Zawya met à l’honneur un cinéma sensible d’intelligence », selon Jamel Oubechou, conseiller de coopération et d’action culturelle et directeur de l’Institut Français d’Egypte (IFE), qui a exprimé son contentement quant à favoriser un espace pour le cinéma français. Quant à Ibrahim Laafia, ministre délégué chargé de coopération auprès de l’Union européenne, il a déclaré durant la conférence de presse: « L’importance de tenir ce festival en présentiel est de continuer à voir des films de manière naturelle. C’est vrai qu’il y aura moins d’interaction, vu la difficulté de voyages, et donc l’impossibilité d’inviter des réalisateurs ou des comédiens, mais quand même, le Panorama reste une opportunité en or pour établir des ponts entre la rive gauche et la rive droite de la Méditerranée ».
En effet, ce retour en salle s’accompagne bien évidemment de quelques mesures sanitaires. Le port du masque est sans doute obligatoire et pour faire respecter la distanciation sociale, les spectateurs doivent laisser un siège entre chacun d’eux. De même, les organisateurs ont mis en place des parcours distincts pour entrer et sortir des salles.
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