
Le Matador, par Ahmad Abdel-Tawab.
« Mais… ! », une conjonction de coordination que choisit le sculpteur Ahmad Abdel-Tawab comme titre à ses quelque 30 sculptures exposées à la galerie Zamalek. Leurs formes géométriques ne sont pas sans dégager un cachet philosophique et dramatique. L’artiste définit ses créations d’« anthropomorphes », puisqu’elles ont une apparence humaine ; elles décrivent le quotidien de la ville, ses moments de vie ardents et ardus. D’ailleurs, les personnages sculptés par Ahmad Abdel-Tawab sont d’inspiration pharaonique ; ils ont l’air puissant et combatif. Aux figures humaines (des matadors, des guerriers, le roi Akhenaton) s’ajoutent des animaux mythiques : des aigles, des faucons, des chevaux, etc.
Ils mènent la bataille de la vie en solitaires. « Comme le signale le titre de l’exposition, plusieurs d’entre eux ont été dans l’obligation de livrer bataille, comme le font certaines personnes parmi nous au quotidien », dit le sculpteur, qui a recours à plein de symboles issus de l’ancienne civilisation égyptienne.
Il les utilise pour soulever des questionnements philosophiques sur le thème de la liberté, cette valeur absolue que l’homme convoite à travers les âges. « Le cercle et la métaphore du soleil étaient le centre de l’univers chez les pharaons. C’est autour du soleil que l’individu tourne en perpétuel mouvement », explique Abdel-Tawab.
La sculpture phare de l’exposition représente un guerrier assis pour reprendre le souffle. C’est le repos d’un combattant épuisé par le voyage. Il contemple un oiseau qui s’est posé sur sa main, mettant son épée et son bouclier de côté.
« La vie ressemble à une balançoire. Il n’y a ni vainqueur ni vaincu dans le jeu de la vie. C’est un cercle vicieux », accentue Abdel-Tawab, dont les taureaux sculptés en masse, sans trop de détails, se prêtent bien au champ de bataille, empruntant des postures et des attributs humains. L’homme et l’animal sont placés à pied d’égalité dans ce jeu de pouvoir.
L’artiste se sert du bronze dans toutes ses sculptures, jouant sur les contrastes de couleurs et de formes. Le temps passe et l’homme reste au centre de l’oeuvre, il résiste à tous les aléas de la vie.
Alexandrie, la ville des fantaisies

Scène alexandrine du quotidien.
Retrouver la joie de vivre tant convoitée et tant attendue après des moments de rupture et de tristesse, c’est l’objectif du peintre alexandrin Adel Moustafa, qui expose actuellement dans l’une des salles de la galerie Zamalek.
Il relie l’histoire de sa ville natale à son présent, non sans humour. Ses peintures montrent une Alexandrie énergique et toute en couleurs. Il place ses protagonistes, hommes et femmes, dans des scènes d’amoureux très douces. D’où le titre de l’exposition Alexandrie, Saint Valentin. Ces peintures diffèrent complètement de ces autres exposées en 2015, toujours à la galerie Zamalek, sous le titre Hors Cadre, où il était question d’une Alexandrie utopique, aux tons grisâtres.
Cette fois-ci, dans Alexandrie, Saint Valentin, Adel Moustafa montre une ville plus fantasmagorique, à l’aide de l’illusion optique et de la technique de trois dimensions. Ainsi, on a l’impression de plonger dans un univers figé, peint en clair-obscur.
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Cette Alexandrie chimérique est aussi hantée par la nostalgie et peuplée de joie, celle des amoureux qui échangent des câlins au bord de la mer. Ils s’enlacent, ont parfois l’air d’être des marionnettes en bois, tellement figés dans le temps et dans l’espace. « Dans mes peintures, les marionnettes en bois symbolisent les divinités. Ils évoquent aussi notre héritage culturel, très ancré dans ma mémoire », déclare Adel Moustafa. Vendeurs de glace, filets de pêche, parasols colorés, coquillages, mouettes. Bref, plein de détails qui ne cessent de nous rappeler la mer. Mais il y a aussi la tête d’Alexandre le Grand, la statue de Mahmoud Mokhtar, Cécile, la femme qui détient la croix de la vie ou l’ankh pharaonique.
On est comme dans un poème lyrique et imagé, appuyé par les émotions et les tourments de l’âme.
Jusqu’au 28 février, à la galerie Zamalek, de 10h à 21h (sauf les vendredis). 11, rue Brésil.
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