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Parcours de combattants

Névine Lameï, Mercredi, 10 février 2021

A la galerie Zamalek, Ahmad Abdel-Tawab sculpte des créatures qui se battent dans la vie, et Adel Moustafa peint des amoureux alexandrins dans la ville des rêves.

Parcours de combattants
Le guerrier.

Parcours de combattants
Le Matador, par Ahmad Abdel-Tawab.

« Mais… ! », une conjonction de coordina­tion que choisit le sculp­teur Ahmad Abdel-Tawab comme titre à ses quelque 30 sculptures exposées à la gale­rie Zamalek. Leurs formes géométriques ne sont pas sans dégager un cachet philo­sophique et dramatique. L’artiste définit ses créations d’« anthropomorphes », puisqu’elles ont une apparence humaine ; elles décrivent le quoti­dien de la ville, ses moments de vie ardents et ardus. D’ailleurs, les personnages sculptés par Ahmad Abdel-Tawab sont d’inspiration pha­raonique ; ils ont l’air puissant et combatif. Aux figures humaines (des matadors, des guerriers, le roi Akhenaton) s’ajoutent des animaux mythiques : des aigles, des faucons, des che­vaux, etc.

Ils mènent la bataille de la vie en solitaires. « Comme le signale le titre de l’exposition, plusieurs d’entre eux ont été dans l’obligation de livrer bataille, comme le font cer­taines personnes parmi nous au quotidien », dit le sculp­teur, qui a recours à plein de symboles issus de l’ancienne civilisation égyptienne.

Il les utilise pour soulever des questionnements philoso­phiques sur le thème de la liber­té, cette valeur absolue que l’homme convoite à travers les âges. « Le cercle et la métaphore du soleil étaient le centre de l’univers chez les pharaons. C’est autour du soleil que l’in­dividu tourne en perpétuel mouvement », explique Abdel-Tawab.

La sculpture phare de l’exposition représente un guerrier assis pour reprendre le souffle. C’est le repos d’un combattant épuisé par le voyage. Il contemple un oiseau qui s’est posé sur sa main, mettant son épée et son bouclier de côté.

« La vie ressemble à une balan­çoire. Il n’y a ni vainqueur ni vaincu dans le jeu de la vie. C’est un cercle vicieux », accentue Abdel-Tawab, dont les taureaux sculptés en masse, sans trop de détails, se prêtent bien au champ de bataille, empruntant des postures et des attributs humains. L’homme et l’animal sont placés à pied d’égalité dans ce jeu de pou­voir.

L’artiste se sert du bronze dans toutes ses sculptures, jouant sur les contrastes de couleurs et de formes. Le temps passe et l’homme reste au centre de l’oeuvre, il résiste à tous les aléas de la vie.

Alexandrie, la ville des fantaisies

Parcours de combattants
Scène alexandrine du quotidien.

Retrouver la joie de vivre tant convoitée et tant attendue après des moments de rup­ture et de tristesse, c’est l’objectif du peintre alexandrin Adel Moustafa, qui expose actuellement dans l’une des salles de la galerie Zamalek.

Il relie l’histoire de sa ville natale à son présent, non sans humour. Ses pein­tures montrent une Alexandrie énergique et toute en couleurs. Il place ses protagonistes, hommes et femmes, dans des scènes d’amoureux très douces. D’où le titre de l’exposi­tion Alexandrie, Saint Valentin. Ces peintures dif­fèrent complètement de ces autres exposées en 2015, toujours à la galerie Zamalek, sous le titre Hors Cadre, où il était question d’une Alexandrie utopique, aux tons grisâtres.

Cette fois-ci, dans Alexandrie, Saint Valentin, Adel Moustafa montre une ville plus fantasmagorique, à l’aide de l’illusion optique et de la technique de trois dimensions. Ainsi, on a l’impression de plon­ger dans un univers figé, peint en clair-obscur.

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Cette Alexandrie chimérique est aussi hantée par la nostalgie et peu­plée de joie, celle des amoureux qui échangent des câlins au bord de la mer. Ils s’enlacent, ont parfois l’air d’être des marionnettes en bois, tellement figés dans le temps et dans l’espace. « Dans mes peintures, les marionnettes en bois symbolisent les divini­tés. Ils évoquent aussi notre héritage culturel, très ancré dans ma mémoire », déclare Adel Moustafa. Vendeurs de glace, filets de pêche, parasols colorés, coquillages, mouettes. Bref, plein de détails qui ne cessent de nous rap­peler la mer. Mais il y a aussi la tête d’Alexandre le Grand, la statue de Mahmoud Mokhtar, Cécile, la femme qui détient la croix de la vie ou l’ankh pharaonique.

On est comme dans un poème lyrique et imagé, appuyé par les émotions et les tourments de l’âme.

Jusqu’au 28 février, à la galerie Zamalek, de 10h à 21h (sauf les vendredis). 11, rue Brésil.

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