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On n’est jamais assez vieux pour rester jeune

Yasser Moheb, Dimanche, 31 janvier 2021

Dans son troisième long métrage, Wäfette Reggala (soutien d’hommes), le jeune scénariste Haitham Dabbour revisite ses mêmes mers dramatiques préférées, celles du monde des personnes âgées face à un certain antagonisme générationnel. Une oeuvre simpliste dans son ensemble, au but divertissant à peine réalisé.

On n’est jamais assez vieux pour rester jeune

Que faire lorsqu’on se rend compte qu’on est devenu âgé et qu’on n’a pas profité assez de notre jeunesse ? Quelle sera notre réaction une fois que nous nous trouverons loin de la vie familiale qu’on trouve étouffante? Est-ce qu’on peut créer notre propre joie face à tous les problèmes auxquels la vie nous expose sans cesse? Ce sont les questions principales adressées par la trame de la nouvelle comédie Wäfette Reggala (soutien d’hommes), écrite par Haitham Dabbour et réalisée par Ahmad Al-Guindi.

Il s’agit de l’histoire de quatre anciens amis: Chohdi, interprété par Magued Al-Kedwani, un homme d’affaires connu pour ses aventures de coureur de jupons, Azayzi, campé par Bayoumi Fouad, un vieux marin, Hussein, joué par Chérif Dessouqi, un fonctionnaire père de famille qui vient de sortir à la retraite et qui vit avec ses enfants et ses petits-enfants, et enfin Adel, joué par Sayed Ragab, qui vient de perdre sa femme, son seul amour et sa seule compagnonne dans la vie. C’est pourquoi ses amis décident de l’accompagner dans un voyage et un petit séjour dans une station balnéaire dont Chohdi est propriétaire, et ce, dans le but de l’aider à sortir de sa tristesse. Là-bas, ils passent quelques jours en la présence de Mahi, interprétée par Amina Khalil, l’assistante de Chohdi, et Moustapha, Mohamad Sallam, son secrétaire. Une série de situations cocasses survient et font que ces personnages sont confrontés à un certain nombre de vérités et d’idées concernant leur vie.

Ayant déjà présenté, il y a trois ans, ce monde des personnes âgées au sein d’une société qui ne cesse de se rajeunir, tant par le rythme de vie que par les inventions technologiques, à travers le film Photocopie, interprété par Mahmoud Hémeida et Chérine Réda, le jeune scénariste Haitham Dabbour revisite ce même espace scénaristique et dramatique, mais d’une façon trop légère et caricaturale avec le scénario le plus simpliste et le plus direct de sa courte filmographie.

A la recherche de sentiments libres

On n’est jamais assez vieux pour rester jeune

Dès l’introduction, le ton est donné. On observe les différents protagonistes démasqués à travers des situations qui ne manquent pas d’humour. Le film commence comme une comédie d’action, assez légère, basée sur la force du groupe, mais malheureusement, l’humour peine parfois à faire rire.

Si l’histoire n’a pas, à la base, la capacité de surprendre par l’originalité, tant elle a été vue et revue au cinéma, elle parvient toutefois à faire bonne figure en livrant un récit somme accepté. Mêlant drôle rivalité amoureuse, situations parentales comiques et antagonisme générationnel, elle offre une certaine dynamique qui place la relation humaine au coeur de la trame, berçant sans cesse entre comédie légère et dramatique.

D’ailleurs, si le réalisateur Ahmad Al-Guindi est connu pour ses succès avec les oeuvres d’action et les oeuvres comiques, il n’en va pas de même quand il s’agit de donner un peu de cran à ses personnages. Visuellement, il paraît assez à l’aise face à une trame sans grands soubresauts dramatiques. Il déploie des procédés visuels éloquents, présentant ainsi une belle image, nourrie surtout de l’espace balnéaire où la majorité des scènes sont tournées.

Un casting sans reproches

On n’est jamais assez vieux pour rester jeune

Les acteurs sont tous bons, peu importe que le récit batte de l’aile : chacun a droit à sa petite scène mémorable, parfois peut-être que le réalisateur les introduit de manière trop forcée, n’empêche que les interprétations sont toutes irréprochables.

Tous les personnages sont importants dans leurs scènes jusqu’à ce qu’ils s’entrelacent par les exigences du récit. La grande nouveauté reste au compte de Magued Al-Kedwani, qui apparaît dans le personnage du vieux, le plus souvent ivre et lubrique. Mais, même si les acteurs jouent bien ou au moins sans bémols, certaines situations préfabriquées manquent d’humour crédible. Amina Khalil, Bayoumi Fouad, Sayed Ragab, Chérif Dessouqi et même Mohamad Sallam sont irréprochables dans la peau des caractères qu’ils campent. Mais reste le fait de présenter le duo Sayed Ragab et Sawsane Badr. Cette dernière est l’invitée d’honneur du film, jouant le personnage de la femme malade de Adel. Ce duo du vieux couple toujours amoureux avait réussi dans le feuilleton à succès Abou Al-Aroussa (le père de la mariée) avec les mêmes acteurs. Ce qui rend le spectateur assez confus face à leurs scènes déjà-vu !

Alors qu’on pouvait s’attendre à une comédie haut de gamme, on arrive au générique de fin plutôt surpris et avec le sourire terne face à ce happy end assez prévisible. Bref, avec un scénario qui louche et un casting assez adéquat, Wäfette Reggala (soutien d’hommes) reste une simple comédie sociale digne d’un « pop-corn movie ». Beaucoup de comédie, une touche de mélo, et le tout se laisse regarder sans problème ni fascination. Mais ce film reste destiné, en priorité, aux grands fans des acteurs et des simples comédies estivales .

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