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Youssef Ismaïl : Le théâtre repose sur la communication directe entre les comédiens et le public

May Sélim, Mercredi, 23 décembre 2020

3 questions au comédien Youssef Ismaïl, président du festival.

Youssef Ismaïl

Al-Ahram Hebdo : Pourquoi avez-vous insisté sur le fait de tenir le festival normalement, alors que plusieurs autres événements ont opté pour une version en ligne cette année ?

Youssef Ismaïl : D’habitude, le festival se tient à la fin du mois de juin, mais en raison du confinement, nous l’avons reporté jusqu’à présent. Nous avons préféré que ce soit un événement présentiel et non pas une version en ligne. Car le théâtre repose sur la communication directe entre les comédiens et le public. De plus, cette édition est assez particulière, car nous célébrons les 150 ans du théâtre égyptien contemporain.

Quand on parle de « contemporain », nous précisons qu’il s’agit d’une forme de théâtre, conforme aux théories théâtrales d’Aristote. C’est-à-dire tout spectacle suivant un déroulement dramatique doit avoir un début, des intrigues secondaires et une fin. Avant 1870, il y avait en Egypte plusieurs formes théâtrales comme le théâtre d’ombres, les guignols, les maqamat d’Ibn Daniel, le théâtre de l’Egypte Ancienne, le théâtre lié à des rituels religieux, etc. Toutes sont des formes qui d’ailleurs existent toujours.

— Pourquoi avez-vous choisi de nommer cette édition « l’édition des pères fondateurs » ?

— L’année 1870 a été marquée par les oeuvres de plusieurs pionniers du théâtre, ce sont les pères fondateurs du théâtre égyptien contemporain : Yaacoub Sanoue, Galal Osman, Abdallah Al-Nadim, Mounira Al-Mahdiya, Ali Al-Kassar, Youssef Wahbi, Georges Abyad, Ahmad Chawqi, Tawfiq Al-Hakim et plein d’autres. Nous pouvons en compter presque une vingtaine de créateurs, comédiens, dramaturges, metteurs en scène, dont les photos figurent sur le poster de cette édition.

Nous cherchons à bien cadrer l’histoire du théâtre égyptien. C’est l’un des objectifs du festival. Le Théâtre national a été construit à la place Ataba, en 1868. A côté, il y avait un autre théâtre qui a été bâti en 1969, sur le modèle de la Comédie française ; il a été consacré aux pièces lyriques et musicales.

L’opéra Aïda de Verdi a été donné pour la première fois sur les planches de ce théâtre, à l’occasion de l’ouverture du Canal de Suez en 1869. Actuellement, ce théâtre est le bureau principal de la Poste égyptienne. L’histoire est donc là devant nos yeux, impossible de l’ignorer. Il faut plutôt la rappeler de temps en temps.

J’aurais aimé organiser une édition vraiment spéciale, à cette fin, mais on est obligé de se plier aux diktats de la pandémie. Pourtant, le colloque principal qui s’étend sur 8 jours va essayer de couvrir les divers aspects de cette longue histoire, en mettant en relief le rôle des pionniers du théâtre. En outre, quelques séances abordent les formes théâtrales purement égyptiennes, qui datent d’avant 1870.

— Quels sont les nouveaux prix qu’offre le festival cette année ?

— Nous avons choisi de changer les règlements de la compétition des critiques. Cette année, nous tenons 2 compétitions distinctes : celle des critiques et celle de la recherche théâtrale. La première est ouverte à des journalistes ou critiques qui ont publié un article de 1 500 mots dans la presse écrite ou dans une revue électronique. Et la deuxième accueille des candidats qui ont signé un papier académique de 10 000 mots.

Nous avons annulé le prix du meilleur texte dramatique, car nous supposons que le prix du meilleur spectacle ira forcément à une oeuvre qui dispose d’une bonne construction dramatique. Et ce n’est pas à nous, en tant que festival de théâtre, de primer un texte dramaturgique, c’est plutôt le rôle d’autres cercles de production.

A consulter le programme détaillé sur le lien suivant :

https://drive.google.com/file/d/1EI0CnxKsOt_p7sao_EZfjMZOzXHDCcon/view

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