Pour célébrer cette période de fin d’année, la 13e édition du Festival national du théâtre égyptien a débuté il y a 3 jours et continue jusqu’au 4 janvier. Avec 28 spectacles en compétition, cette édition, qui a été reportée plusieurs fois depuis juillet dernier, affiche une grande variété de production théâtrale, malgré les circonstances.
A l’entrée de chaque théâtre, sont installés des portails de stérilisation. Le port du masque est obligatoire et la distanciation sociale est garantie, grâce à un nouvel aménagement des sièges. Sans doute la méfiance règne, mais le festival se tient quand même, sous l’étiquette de l’« édition des pères fondateurs ». Car elle rend hommage aux pionniers du théâtre égyptien « contemporain » depuis 1870, tels Yaacoub Sanoue, Galal Osman et plein d’autres noms (voir encadré).
Le spectacle donné à la cérémonie d’ouverture a bien souligné l’apport de ces pionniers. De plus, le principal colloque, tenu en marge du festival, intitulé 150 ans de théâtre, a passé en revue la belle histoire commencée il y a deux siècles.
Par ailleurs, un hommage spécial a été rendu aux comédiens Salah Al-Saadani, Soheir Al-Morchédi, Mahmoud Yassine et Al-Montasser Bellah, au metteur en scène Abbas Ahmad et au poète Naguib Sourour.
28 spectacles créés entre juillet 2019 et juillet 2020 sont en compétition. Ils ont été choisis par plusieurs comités de sélection qui ont fait le tri parmi plus de 160 spectacles produits par les théâtres de l’Etat, le théâtre privé, les troupes indépendantes, celles des universités et des divers syndicats.
Des adaptations à succès

Afrah Al-Qobba (les noces de Qobba). Pique-nique en campagne. (Photo : Bassam Al-Zoghby)
Après la fermeture totale des théâtres pendant plus de 4 mois à cause de la pandémie (de fin mars jusqu’à mi-juillet), certaines pièces adaptées d’après des oeuvres littéraires universelles ont vite attiré le public. Celui-ci avait hâte de se divertir, tout en respectant les mesures de précaution sanitaire. Elles sont donc reprises à l’occasion du festival.
Produit par le Théâtre national, la pièce Al-Motafaël (candide) montée par Islam Imam, d’après le texte de Voltaire, nous place dans l’ambiance des contes philosophiques, en empruntant certains aspects du show comique et musical.
Afrah Al-Qobba (les noces de Qobba, 1981), d’après le roman éponyme de Naguib Mahfouz, mis en scène par Mohamad Youssef Al-Mansour, a été donné avec succès sur les planches du théâtre Al-Ayam. Cette nouvelle adaptation, bien que fidèle à la nature polyphonique du roman, a opté pour une fin différente, sans pour autant affecter l’originalité de l’oeuvre.
Pique-nique en campagne, d’après le texte de Fernando Arrabal signée par le metteur en scène Ahmad Fouad, évoque les séquelles de la guerre, à l’aide d’un humour noir. Des parents décident de rendre visite à leur fils, un soldat sur le front. Le thème génère des scènes absurdes et hilarantes. A suivre au théâtre Al-Hanaguer.
Harim Al-Nar (femmes de feu) est une adaptation égyptienne touchante de l’oeuvre de Gabriel Garcia Lorca La Maison de Bernarda Alba, signée par le dramaturge Chazli Farah et le metteur en scène Mohamad Mekki, au théâtre Al-Talia. La pièce de théâtre puise dans les traditions patriarcales assez strictes à l’égard des femmes en Haute-Egypte.
Le spectacle Tom & Jerry de la troupe indépendante Fatima, au théâtre Opéra Malak, présente une nouvelle version de l’oeuvre du dramaturge nord-américain Edward Albee Histoire du Zoo, datant de 1959. La pièce aborde les sentiments de solitude et d’incompréhension. Un dimanche après-midi, comme à son habitude, Tom lit tranquillement dans un jardin public quand apparaît Jerry, un personnage étrange qui lui dit venir du jardin zoologique ... un échange banal d’informations entre les deux se transforme en dispute, puis en querelle. Plein de pièces à ne pas rater, qui se donnent actuellement dans le cadre du festival.
Genèse et but
Le Festival national du théâtre égyptien est un événement annuel organisé par le ministère de la Culture.
La première édition a été lancée en 2006. Puis, à la suite de la Révolution de 2011, le festival a été suspendu pendant deux ans. Il vise à reprendre les meilleurs spectacles de l’année, pour donner la chance aux spectateurs de les suivre gratuitement pendant deux semaines, la durée du festival. C’est aussi une occasion de dresser un bilan et d’en dégager les principales caractéristiques.
A travers sa compétition officielle, le festival encourage les créateurs à développer leurs travaux, sur les plans technique et intellectuel.
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