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Danser sur d’autres pistes

May Sélim, Mercredi, 28 octobre 2020

La troisième édition du Festival des arts de performance Breaking Walls (briser les murs) s’avère exceptionnelle. Cette année, un jour par mois sera consacré à la danse dans des espaces publics. Rendez-vous la semaine prochaine avec des spectacles à bord d’un bateau sur le Nil.

Danser sur d’autres pistes
The Other I au café de Zeinab Khatoun. (Photo : Mohamad Abdel-Latif)

La troisième édition du Festival indépendant des arts de performance Breaking Walls (briser les murs) a débuté il y a un mois et se poursuivra encore pendant plusieurs mois. En effet, ce n’est plus le rendez-vous annuel avec dix jours de danses, vidéos, concerts et ren­contres. Le festival s’adapte aux conditions de distanciation sociale et aux contraintes imposées par la pandémie du Covid-19. « Lancé en 2017, le Festival Breaking Walls vise à sortir les arts de performance des salles de théâtre tradition­nelles. On cherche à présenter les spectacles dans des espaces publics afin de s’approcher des spectateurs ordinaires. D’habitude, le festi­val, avec le soutien des centres culturels et des ambassades, se déroule pendant dix jours et offre au public des spectacles venus des quatre coins du monde. Cette année, vu les circons­tances actuelles, le festival est tenu sans aucun soutien et se consacre aux spectacles égyptiens. Nous avons changé aussi sa programmation. On a décidé donc de donner gratuitement chaque mois un jour de spectacles dans des espaces publics et en plein air. Ainsi, le festival se déplace chaque mois vers un lieu déterminé afin de découvrir d’autres publics », explique Hazem Header, chorégraphe, danseur, créateur de la compagnie NUT de la danse contemporaine, fondateur et directeur artistique du festival.

Depuis deux semaines, la page du festival a annoncé que le 31 octobre des spectacles de danse contemporaine auront lieu à bord de cer­tains bateaux sur le Nil. Il s’agit d’une croisière d’une heure et demie qui débute de la corniche de Maadi. Les spectacles se dérouleront sur quatre bateaux en présence d’un public limité. Afin de réserver une place, il suffit d’envoyer un message au courriel du festival.

Hapy omniprésent

Les spectacles donnés partent de l’idée de la résurrection et de la sacralisation de Hapy (la personnification divine du Nil dans l’Ancienne Egypte). Nily (mon Nil), chorégraphié et monté par la Soudanaise d’origine égyptienne Nagham Saleh, évoque la confluence du Nil bleu et du Nil blanc à Khartoum, au Soudan. Sa chorégraphie souligne la joie et la prospérité lors de la jonction de ces cours d’eau qui forment ensuite le Nil qui continue en Egypte. Quelques scènes évoquent aussi la colère du Nil pendant sa crue quand il inondait autrefois les villages.

Law Qoltelak (si je te dis), chorégraphié et monté par Hazem Header, développe l’idée de la découverte de soi-même. Les mouvements des danseurs accentuent l’idée de la solitude, l’ac­cord et le conflit avec soi-même. Bref, Header tâche de résumer la vie de l’homme qui chérit sa solitude et son voyage dans la vie avec ses hauts et ses bas comme une rivière coulante.

« L’idée du spectacle est née pendant la période de confinement. Avec la fermeture des salles de théâtre et la suspension des activités artistiques et culturelles, je croyais que c’était un moment d’arrêt. Mais en fait, les danseurs de ma compagnie m’ont incité à travailler. On s’in­terrogeait : Que faire ? Comment s’entraîner ? On se réunissait chez moi juste pour s’entraîner, improviser. Mais cela a donné naissance à diffé­rents spectacles. La période de confinement avait stimulé notre création afin de surpasser cette crise du Covid-19 », ajoute-t-il.

Un café populaire

En septembre dernier, le festival a débuté cette troisième édition par un jour de représentations au café populaire de Zeinab Khatoun qui se situe à Al-Azhar. « On déclare l’heure et le lieu du spectacle le jour même de la représentation. Et ce, afin de limiter l’audience. Au départ, le public était méfiant. Quelques spectateurs ont commencé à se moquer de nous et à nous harce­ler. Mais avec des danseurs professionnels qui ont pu maintenir leur équilibre et qui ont conti­nué à danser, tout a changé. Les clients du café nous ont fortement applaudis. Ils étaient émus. Certains sont venus nous demander de danser encore plus, D’autres se sont interrogés sur nos prochains spectacles », lance Header. Cette bonne réception a incité Hazem à développer d’autres idées et d’autres espaces publics afin de donner des spectacles de danse contemporaine. Ainsi, les prochains événements de Breaking Walls 2020 proposeront des spectacles sur des véhicules roulants et dans le désert. « Les idées sont déjà écrites et préparées, mais les dates et les espaces restent à déterminer », conclut Header.

Le 31 octobre à partir de 16h, Nily (mon Nil), chorégra­phié et monté par Nagham Salah, et Law Qoltelak (si je te dis), chorégraphié et monté par Hazem Header à bord d’un bateau sur la corniche de Maadi.

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