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Chaque statue possède une histoire

May Sélim, Lundi, 20 juillet 2020

Chaque statue possède une histoire

Il est difficile de contempler les sculptures de rue, conçues autrefois par Mahmoud Mokhtar, décorant jusqu’à présent de diverses places du Caire et d’Alexandrie, sans les lier à leur contexte historique. Mokhtar, artiste engagé, préoccupé par les causes de son pays, militait à sa façon en réalisant ses statues.

La statue Nahdet Misr (le réveil de l’Egypte)

En 1919, Mokhtar avait à peine 28 ans ; il étudiait les beaux-arts à Paris. Il a participé avec d’autres étudiants égyptiens à la formation d’un mouvement de soutien et de propagande inti­tulé « L’Association égyptienne », et ce, pour soutenir la délégation égyptienne présidée par Saad Zaghloul, chargée de défendre le droit de l’Egypte à l’indépen­dance, à la Conférence de la paix à Paris. Mokhtar a voulu exprimer son parti pris pour la Révolution égyptienne de 1919, en créant la statue Nahdet Misr (le réveil de l’Egypte), installée aujourd’hui devant l’Université du Caire. La statue représente une paysanne égyptienne qui repose sa main sur l’épaule du Sphinx, l’incitant à bouger, à se révolter, peut-être.

La création de la version finale de la statue a longtemps traîné. Certains membres de la délégation égyptienne, après avoir vu la maquette de la sculpture, ont pro­posé d’avoir une souscription publique, afin d’aider l’artiste à parachever sa statue colossale. En fin de compte, c’est le gouverne­ment égyptien qui a versé le reste de l’argent nécessaire à l’exécution de la sculpture en granit, qui a vu le jour en 1928.

Saad Zaghloul, le leader adoré du peuple

Le peuple égyptien a voulu commémorer le leader de la Révolution de 1919, Saad Zaghloul, après sa mort en 1927, en lui offrant une statue. Le gouver­nement du premier ministre wafdiste, Al-Nahas pacha, a alors demandé à Mokhtar de faire une sta­tue de Saad Zaghloul.

Le sculpteur, qui résidait à Paris, est rentré spécia­lement en Egypte, à cette fin. Et pour avoir les fonds nécessaires à la réalisation de cette oeuvre, le gou­vernement a lancé une souscription publique servant à couvrir les frais des matériaux et du moulage de la statue.

Avec la somme d’argent collectée, le gouverne­ment a demandé à Mokhtar de réaliser deux statues : l’une placée au Caire et l’autre à Alexandrie. Une fois les deux statues en bronze terminées, le roi Fouad a refusé de leur désigner de bels emplace­ments. Il a fallu alors attendre l’arrivée du roi Farouq, qui respectait Zaghloul pour sa lutte contre le colonialisme britannique, pour que l’une des statues soit placée, en 1937, à la station d’Al-Raml, à Alexandrie. Celle-ci représente Saad Zaghloul en train de faire un discours, s’adressant au peuple égyptien. Sur l’un des côtés du socle en granit est gravée une paysanne portant une plante, symbolisant le Delta d’Egypte. Et sur l’autre côté du socle, une femme de la Haute-Egypte avec la clé de vie (ankh).

La deuxième statue en bronze a été placée à Al-Guézira au Caire, à l’extrémité du pont Qasr Al-Nil, devant l’actuel Opéra du Caire. La statue représente Zaghloul en train de saluer le peuple, dressé sur un socle en granit à quatre colonnes, comme dans les temples pharao­niques. Sur les différentes colonnes, se trouvent des symboles représen­tant la Constitution, la gestion, la justice, le Nil, etc.

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