L’art ne connaît ni frontières, ni obstacles. C’est le principe qui anime la peintre et curatrice Shereen Badr, qui vient de lancer en ligne une exposition collective d’art contemporain, intitulée L’art fait naître l’espoir, (à suivre sur le lien suivant : https://www.euroarabartoday.com)
En 2016, Badr a monté le projet Euro-Arab Artoday, afin d’encourager l’interaction des artistes arabes et européens.
L’exposition actuelle est parrainée par l’Association italienne ASREA, basée à Rome, qui soutient les relations arabo-européennes. Elle rassemble les oeuvres de 30 artistes égyptiens et 20 étrangers, venant d’Italie, de Serbie, de France, de Belgique, de Nouvelle-Zélande, des Philippines, de Chypre et des Etats-Unis. Sur la toile, ces oeuvres sont classées selon les disciplines artistiques, et non selon l’appartenance culturelle de leurs créateurs.
« Euro-Arab Artoday vise à créer une passerelle entre les deux cultures, orientale et occidentale, à travers l’organisation d’événements tels que les expositions et les ateliers de formation artistique, en collaborant avec des institutions et des galeries, le plus souvent italiennes. Parmi les manifestations que nous avons organisées, je peux citer les expositions Her Majesty (2020) et Art Tales (2019). Toutes les deux ont eu lieu au Centre culturel de l’ambassade d’Egypte, en Italie. Art Journey (2019), et Egyptian dialogue (2018) se sont déroulées à la galerie Art Gap, à Rome », indique Shereen Badr.
Cette dernière participe d’ailleurs à l’exposition en cours, avec des figures féminines abstraites dont les corps revêtent la forme de djellabas garnies de petites maisons campagnardes. « A l’heure de la stagnation artistique où nous sommes, vu la fermeture temporaire de galeries, j’ai cherché une solution alternative jusqu’à la reprise progressive de nos activités. Les artistes avec qui j’ai travaillé cherchent aussi à se libérer du confinement », ajoute Badr qui prépare une prochaine exposition, Be***pART, prévue en décembre 2020, à l’atelier Montez, à Rome.
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Cet événement vise comme toutes les autres activités à mieux intégrer l’art égyptien sur le marché international. Les 30 artistes égyptiens qui participent en ce moment à L’art fait naître l’espoir présentent surtout des oeuvres conceptuelles, qui ont quand même quelque chose de très égyptien. « Les échanges culturels depuis l’antiquité montrent que l’homme progresse parce qu’il communique ses idées. Ainsi, diverses unions naissent des styles et des identités culturels qui traversent les siècles. Ce genre de fusion alimente le site de mon association, souvent visité par des internautes du monde entier. Cela facilite la découverte de nouveaux talents méconnus, au-delà des noms diffusés normalement sur le plan international. On crée un lien entre les artistes du monde, ce qui est bénéfique pour tous, notamment les artistes égyptiens émergents. Je suis très reconnaissante à l’égard des nouvelles technologies, des sites Internet, etc. qui aident à divulguer les activités de l’association Euro-Arab Artoday », renchérit Shereen Badr. Et d’ajouter: « Qu’un artiste égyptien présente une vision différente des choses, en partant de sa propre culture et en ayant recours à un langage universel accessible à tous, cela peut mener à lalevée des barrières ».
Nouvelle pierre de Rosette
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Le sculpteur égyptien Saïd Badr expose une pièce en granit : History Gate (portique de l’Histoire), inspirée de l’art des Anciens Egyptiens, notamment de la pierre de Rosette. La sculpture se présente sous une forme circulaire, comme un oeuf cosmique qui contient la totalité de l’univers. Elle comporte des écritures énigmatiques, qui ressemblent à des hiéroglyphes. « L’art fait naître l’espoir invite les artistes à peupler le monde différemment et à concevoir l’épidémie actuelle comme un facteur de ralliement, de transformation individuelle et collective, loin des barrières frontalières », souligne Badr.
La peinture L’Afrique d’Achraf Zaki place l’Egypte au sein d’une nouvelle carte géographique, celle d’un monde complètement imaginé. L’Egypte de Zaki se dote d’un nouvel alphabet, mélangeant ses cultures et ses appartenances. Voici des formes géométriques, des amulettes, des fétiches, etc.
Chérine Al-Baroudi invente à son tour une nouvelle carte géographique, ayant les couleurs des drapeaux du monde. Sur cette carte, l’Egypte tient une place prépondérante et s’étend sur une vaste surface géographique. « Mon travail maintient un lien étroit entre l’Homme, la terre et la patrie », précise Al-Baroudi.
En bleu nuit, Mohamed El-Trawy peint de petites barques et des maisonnettes rurales, bref des paysages où règnent le calme et la quiétude. Pour lui, les besoins essentiels des être humains sont l’intégration, l’union, l’harmonie ainsi que l’appartenance sociale et communautaire.
Sous le titre du Paradis de Wissa, Fayrouz Samir participe à l’exposition en ligne, avec une peinture aux couleurs gaies. L’artiste s’inspire du monde de Wissa Wassef, architecte et fondateur d’un centre artisanal de tapisseries, à Guiza, dans le village de Harraniya. Le monde qu’anime l’artiste est calme et beau, bien à l’écart de la mondialisation, contrairement à celui de Rania Aboul-Azm qui se sert des codes-barres, cet outil universel synonyme de traçabilité, pour évoquer ce que partagent les peuples du monde.
Voyager dans le temps
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Parmi les artistes étrangers qui exposent, la peintre française Larissa Noury fait des phrases composées à partir de nuances chromatiques assez riches. Ses couleurs sont opaques et irisées, mâtes et brillantes; elles s’interpellent pour évoquer le sentiment de flottement. On flotte tous dans un espace à la fois universel et personnel, allant au-delà du temps.
L’artiste américain Caleb Hatfield montre une installation-vidéo destinée surtout à ceux qui rêvent, durant cette période de confinement, de visiter le pays des pharaons. Filmée de manière poétique et émotionnelle, la vidéo offre un voyage sur le Nil, à travers les temples pharaoniques, les pyramides, le désert, les rues du Caire, les souks, les stations balnéaires, la mer Rouge… Ces paysages sont accompagnés de poèmes d’Ahmad Haddad et de paroles de chansons du groupe égyptien Eskenderella.
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Le sculpteur belge Jorg Van Daele parle de paix, en réalisant un coeur serrant des pierres ayant la forme de corps d’hommes et de femmes. Les corps sont liés entre eux par la fraternité humaine. L’objectif de Heart for Peace (coeur pour la paix) est de générer une valeur symbolique, à même d’inciter les gens à l’union et à l’amour.
La personne humaine, quels que soient son âge, son époque et ses origines, se trouve au centre de l’oeuvre de l’Italien Michelanglo Valenti. Son Sphinx peint n’est pas celui qui se dresse devant les grandes pyramides de Guiza, mais un sphinx très original, aux traits féminins et au corps d’animal. Puissant et éternel, le Sphinx de Valenti résume les traditions égyptiennes, grecques, phéniciennes, persanes, etc. Il est capable d’unir le monde, malgré ses différences.
« Artistes égyptiens ou étrangers, l’un a besoin de l’autre pour exister. Il faut donc se comprendre et communiquer. Car, au fond, tout le monde se ressemble, même si nous avons des identités plurielles », conclut Shereen Badr, la curatrice de l’exposition .
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