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Des masques aux couleurs de l’art

Névine Lameï, Lundi, 11 mai 2020

L’association culturelle égyptienne ARAC a invité les artistes plasticiens à utiliser les masques comme support artistique. Résultat: de magnifiques masques agréables à porter exposés en ligne

Des masques

De l’humour, de l’espoir, de la résistance, de l’enthousiasme… voilà ce qui se dégage de l’initiative Mask Mania 2020, lancée ces derniers mois par l’association culturelle ARAC, afin de réinventer les masques que l’on s’est trouvé dans l’obligation de porter, pour se protéger de la pandémie. Les artistes s’en tirent pas mal, en transformant les masques en un support artistique hors pair et en montrant leurs créations sur le lien: https://www.facebook.com/ARAC.Egypt/

Par exemple, l’artiste-peintre et instigateur du projet, Ashraf Reda (voir encadré), vient de mettre en ligne son design spécialement conçu pour l’occasion, l’ayant intitulé L’Alphabet de l’Histoire. Il a couvert le masque de couleurs vibrantes, reflétant la diversité qui caractérise l’humanité, faisant toute sa richesse. Il a choisi les couleurs de l’arc-en-ciel pour concrétiser son idée, et a eu recours à de vieux motifs égyptiens (pharaoniques, islamiques, coptes, etc.). Il a inventé également un nouvel alphabet arabe, peint en miniature, puisant ses lettres dans le patrimoine. Ainsi, des pyramides, des minarets, des poissons, des vagues se détachent à la surface du masque.

Par ailleurs, trois artistes femmes: Shery Elbeyaa, Hanaa Amin et Randa Fouad ont opté pour des couleurs joyeuses, afin d’enjoliver ces temps tristes. Fatma Hassan a peint à l’acrylique sur son masque en tissu, Samrä (brunette), des roses en noir et blanc. Elle commente son travail en disant: « J’ai opté pour le noir et blanc, car ça va de pair avec la crise. Les nuances de gris utilisées donnent à l’oeuvre un effet nuageux; on est dans le flou comme à l’heure actuelle. Cependant, je ne perds jamais espoir d’arriver à la fin de cette épidémie». Et d’ajouter: « J’ai travaillé sur le masque, avec un pinceau très fin, afin de contourner la surface exiguë sur laquelle je suis limitée ».

Hosni Abo Bakr défie à son tour la surface étroite, mais aussi les plis formant le masque. Ce dernier a reproduit sur le masque sa bouche, ses moustaches et sa barbe. Quand il le porte, on ne peut pas trop voir la différence entre le masque et les traits de son visage. D’où un effet naturel qui permet à l’artiste de ne pas se sentir déguisé ou cagoulé.

« Le monde vit la phobie des masques. Le mien rompt avec cette idée; on n’a besoin ni de s’inquiéter, ni de se résigner aux contraintes de l’isolement. Mon masque ne cherche pas seulement à me protéger, mais aussi à me libérer de ses contraintes, à me divertir », souligne Abo Bakr.

Un beau sourire

« Ne laisse pas le masque cacher ton sourire », dit la peintre et styliste Niha Hetta, qui a dessiné un large sourire, sur son masque, montrant toutes ses dents. Ses lèvres sont mises en relief à l’acrylique rouge. « Le sourire est l’un des moyens les plus efficaces pour augmenter les ondes positives, autour de nous, et surmonter les épreuves », affirme-t-elle.

Le caricaturiste Yasser Gaessa s’inspire de Van Gogh, voué au malheur et à la solitude. Il l’entoure de champs de blé et de vergers fleurissants. C’est toujours une manière de dégager de l’énergie positive.

Réda Abdel-Rahman a créé une installation vidéo, usant de la technique de la motion design et d’un travail de graphisme. Le protagoniste de la vidéo est l’artiste lui-même, portant à chaque nouvelle image un masque différent. L’ensemble des images est accompagné d’une musique mystérieuse, exprimant le malaise face au confinement. Ainsi, défilent les images d’un masque en fleurs, un autre revêtant la forme d’un billet de dollar ou d’un jouet pour enfants, etc. « Ce sont les objets que j’ai à domicile, aux Etats-Unis, le pays où je réside en ce moment. Partout, l’humanité vit une angoisse existentielle. Ni l’argent ni la nationalité américaine ne peuvent servir. C’est temps où l’homme doit penser sa vie différemment », conclut Réda Abdel-Rahman l

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