Le thriller Al-Felous (l’argent), écrit et interprété par le jeune comédien-chanteur Tamer Hosni, a réalisé une bonne performance au box-office de la saison d’hiver, sans toutefois être encensé par la critique. Tout est dans le titre, Al-Felous, qui annonce la couleur et le contenu de ce nouveau film tant attendu par les fans du chanteur, notamment après le succès de sa dernière comédie, Al-Badla (le costume).
Ce nouveau film est le parfait exemple de ce qui arrive quand un réalisateur talentueux et de bons comédiens se rencontrent. Même un scénario pas très original devient alors intéressant. C’est la première visite de Tamer Hosni dans le monde des films d’escroquerie, et ce, à travers le personnage de Seif, un jeune escroc qui cherche à collecter une somme d’argent pour l’aider à quitter le larcin pour mener une vie honorable. Il a des remords lors de chaque vol, mais il est faible devant son ami Sélim, campé par Khaled Al-Sawi. Ce dernier le pousse toujours vers le monde des vilains. Les deux essaient de jouer un mauvais tour à l’ancienne fiancée de Sélim, jouée par l’actrice Zeina. Chacun des protagonistes se trouve embarqué dans une suite d’événements, en proie à des émotions contradictoires, face à ses propres ambitions et ses doutes. Mais ce qu’ils ont en commun, c’est leur amour pour l’argent.
Malgré le script du jeune scénariste prometteur Mohamad Abdel-Moëti, qui signe son troisième film, l’intrigue remâche, sans innovation, l’inépuisable thème des voleurs modernes et des dilemmes entre anciens amis, devenus de nouveaux ennemis. C’est la recette commune à la plupart des films d’action, thrillers, polars ou même des comédies romantiques. Si l’oeuvre commence avec des scènes attrayantes par leur côté comique, leur richesse visuelle et le mix des stars qu’elle présente, la trame, elle, manque de logique. Les situations bouffonnes versent le tout dans une ambiance prétentieuse, qui se veut trop philosophique. Le mal et le bien, les vices humains, l’amitié et l’avidité des sociétés modernes, tels sont les thèmes qui se veulent sérieux. Mais au lieu d’ajouter à la profondeur de l’oeuvre, ils donnent l’impression d’être tirés par les cheveux, gâchant le côté amusant et donnant l’impression d’un blockbuster hollywoodien à la Steven Soderbergh.
L’idée perd son intérêt vu la préciosité des dialogues. Mais les fans du chanteur Tamer Hosni seront satisfaits, car ils suivent une histoire dans laquelle leur idole incarne le jeune premier, beau, brave, romantique et qui peut passer pour un Hercule! Toutefois, il finit par ressembler à une statue dans une vitrine qui ne cherche qu’à plaire, même aux dépens de sa crédibilité.
Un visuel correct
Un pop-corn movie avec Tamer Hosni.
Le réalisateur Saïd Al-Marouq signe une mise en scène correcte visuellement, quoique trop américanisée. L’image, le décor et les costumes sont très soignés. Le montage de Amr Akef réussit à maintenir le rythme des scènes, selon le cheminement des événements. Et la bande musicale d’Antony Sohyoune est adéquate, avec une ambiance énigmatique qui règne sur le film. En fait, elle donne l’impression qu’on est dans une aventure de bande dessinée, toujours à l’américaine.
Les acteurs semblent tous en pleine forme, chacun dans son personnage. Ils sont très à l’aise sous la direction d’un réalisateur obsédé par le soin des caractères, comme dans les vidéoclips qu’il a tournés avec succès. Le duo Tamer Hosni et Zeina est en harmonie. Khaled A-Sawi excelle, lui, dans le rôle du vilain amusant. Mohamad Sallam réussit à attirer l’attention par ses réactions comiques et à gagner la sympathie du spectateur, tout comme la Tunisienne Aïcha bin Ahmad dans le rôle de la belle jeune fille pleine d’ambition. Un rôle qui la met sous les feux des projecteurs.
Bref, avec le scénario, un casting de luxe et un budget royal, Al-Marouq réalise un thriller qualifié de pop-corn movie. Son filmage n’est ni nerveux, ni grappillé par les tics de metteur en scène égocentrique. Le film a été un succès immédiat pour Tamer Hosni, mais il laissera peu de traces. Enfin, il confirme la place d’Al-Marouq en tant que l’un des meilleurs artisans du cinéma à l’américaine .
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