Lundi, 10 février 2025
Al-Ahram Hebdo > Arts >

La tragédie de la grande maison

May Sélim, Dimanche, 26 janvier 2020

Walid Aouni avait déjà traité dans des spectacles précédents le thème de l’Egypte Ancienne. Il a ainsi monté Le Désert de Chadi Abdel-Salam, Fossiles d’Agathe et Le Trône de Toutankhamon. « Dans les deux premiers spectacles, j’ai abordé des sujets pharaoniques seulement dans quelques scènes. Dans Le Désert de Chadi Abdel-Salam, j’ai fait abstraction de quelques scènes des fameux films du réalisateur en question, à savoir La Momie et Le Fellah éloquent. Dans le deuxième spectacle, je suis parti d’un meurtre pour aller fouiller dans la Vallée des rois. Le Trône de Toutankhamon était, lui, beaucoup plus centré sur l’Egypte Ancienne, mais de manière encore plus abstraite. L’approche pharaonique était limitée. Avec Akhenaton, le pharaonique est beaucoup plus présent. Revenir aux sujets pharaoniques n’était pas une chose préméditée. En fait, mes recherches sur le concept de la lumière, de la spiritualité et de la paix m’ont mené vers le personnage d’Akhenaton. C’était un poète et un philosophe rebelle qui a appelé à l’adoration du Soleil (Aton) », explique le chorégraphe et metteur Walid Aouni.

Afin de créer son dernier spectacle, Aouni a fouillé dans la vie de ce pharaon de la XVIIIe dynastie. Il a eu recours aux ouvrages de Savitri Devi Son of God et Son of the Sun Akhenaten, au livre de James Baikie The Amarna Age, ainsi qu’aux descriptions de la vie pharaonique dans les textes de Flinders Petrie et Bandel Bary. « Mes sources sont multiples, mais l’ouvrage de Devi m’a beaucoup aidé à dessiner le personnage d’Akhenaton et son rapport à la famille et à résumer sa vie sur scène. Les autres livres m’ont juste servi de références. J’ai aussi discuté longuement avec Mahmoud Mabrouk, professeur de sculpture et expert de la période amarnienne à la faculté de pédagogie artistique de l’Université de Hélouan ». Aouni s’est donc livré à une étude approfondie de son personnage. « J’ai voulu m’éloigner de toutes les représentations pharaoniques coutumières: les gestes, les marches d’opéras comme Aïda, etc. », dit-il.

Le spectacle Akhenaten, Dust of Light s’inspire-t-il du scénario du réalisateur Chadi Abdel-Salam, qui rêvait de faire un film sur Akhenaton sous le titre de Maasat Al-Beit AL-Kébir (Akhenaton, la tragédie de la grande maison) ? Le film n’a jamais vu le jour, mais les esquisses laissées par Abdel-Salam, Salah Marei et Onsi Abou-Seif sont toujours là. Réponse du chorégraphe Aouni: « Je ne peux pas prétendre avoir continué l’oeuvre de Chadi Abdel-Salam. Mon spectacle est tout à fait différent. J’ai essayé de créer un lien avec l’actualité du monde arabe, surtout en faisant allusion à la crise du Liban. Et ce, à travers l’histoire d’Akhenaton. Mais je ne peux pas nier non plus que j’ai été influencé par le titre du scénario d’Abdel-Salam: la tragédie de la grande maison. C’est ce que nous vivons aujourd’hui dans le monde arabe: une vraie tragédie où beaucoup de pays sont en chute libre: le Liban, la Syrie, l’Iraq, le Yémen. Seule l’Egypte a pu échapper à ce sort tragique ».

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique