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Une passion dévastatrice

Névine Lameï, Mardi, 21 janvier 2020

Le Ballet de Milan se produit à l’Opéra du Caire avec une chorégraphie résolument moderne, inspirée du roman de Lev Tolstoï, Anna Karénine. La tragédie éternelle de l’amour coupable.

Une passion dévastatrice
Une interprétation magique et pleine d’émotions, assurée par les étoiles du Ballet de Milan.

Pendant trois soirées consécutives, la grande salle de l’Opéra du Caire présente Anna Karénine, interprété par le prestigieux Ballet de Milan. Celui-ci est réputé pour son vaste répertoire de productions néoclassiques et contemporaines. Il est par ailleurs considéré comme l’ambassadeur de la danse italienne de par le monde, vu la qualité de ses spectacles, souvent qualifiés d’extraordinaire. Ayant plus de trente ans d’histoire, la troupe de ballet est soutenue par le Ministère Italien pour les Biens et les Activités Culturels (MIBAC), dont le siège se trouve à Milan.

Librement inspiré du célèbre « roman du siècle », Anna Karénine, de Lev Tolstoï, l’émouvant ballet en deux actes raconte l’histoire puissante et irrésistible d’Anna, qui fait le choix assumé de se rebeller contre les convenances et l’hypocrisie de la société. Et ce, pour vivre jusqu’au bout sa passion extraconjugale.

Anna Karénine est une jeune femme mariée et mère d’un jeune garçon. Elle se rend à Moscou. En descendant du train, elle croise le comte Vronski et tombe amoureuse de cet officier brillant, mais frivole. Elle lutte contre cette passion et finit par s’abandonner avec un bonheur coupable au courant qui la porte vers ce jeune officier. Se sentant profondément déprimée par sa faute, Anna décide d’avouer son infidélité à son mari … Quelque temps plus tard, une rencontre inopinée avec Vronski suffit à faire voler en éclats sa décision. Elle se jette dans les bras de son amant et ils décident de fuir ensemble à l’étranger.

Vronski s’ennuie et regrette d’avoir abandonné sa carrière militaire. De retour en Russie, Anna et Vronski vivent en marge de la société. Anna ne supporte pas d’avoir abandonné son enfant et trahi son mari. En proie aux plus vifs tourments, elle met fin à sa vie. La mise en scène soignée et la force expressive des interprètes font bien ressortir le style personnel du chorégraphe et metteur en scène estonien, Teet Kask.

Un drame cornélien

La chorégraphie de Kask, à la sensibilité contemporaine, transforme une histoire personnelle en une fresque grandiose, jouée dans un déchirement entre le devoir et la liberté. Elle met l’accent sur le jeu délié des passions entre l’homme et la femme, la vie extérieure et la vie intérieure de ceux-ci, leur bonheur et leurs déboires. Teet Kask déclare, dans le communiqué de presse relatif à Anna Karénine : « Le but n’est pas de recréer le roman de Tolstoï sur scène. Tolstoï est un génie littéraire. J’ai voulu simplement exprimer à travers la danse ce que Tolstoï a écrit entre les lignes. Ce qui m’intéresse, c’est l’opportunité de me mettre à la place d’Anna et de ses ressentis et états d’âme divers, pour la découvrir et la comprendre à travers mes sentiments. Ma chorégraphie est focalisée sur le personnage d’Anna, attirée par le conflit entre ses besoins en tant que personne et les attentes de la société, entre son individualité inconditionnellement fidèle à son amour et l’ignorance de la société ».

Kask essaye, avec sa chorégraphie, d’explorer des aspects « négligés » de la figure d’Anna à travers le langage de la danse, qui traduit sur scène le drame d’une passion amoureuse dévastatrice. Anna est prête à n’importe quel sacrifice. Elle va tenter en vain de briser les codes et les normes sociales et de se confronter à un choix cornélien, des dilemmes complexes, tiraillée entre sa famille, son statut social et sa liberté.

Kask effectue dans Anna Karénine un travail chorégraphique condensé, qui surprend par sa précision et sa magie. Les autres points forts de ce ballet, selon la critique internationale, sont les musiques de Tchaïkovski, qui accompagnent chacune des scènes, les projections de dessins originaux de Marco Triaca, qui créent des ambiances inspirées de la tradition russe de la fin du XIXe siècle, les beaux costumes de style revisités de Federico Veratti ainsi que la scénographie de Marco Pesta. Le rôle d’Anna Karénine est joué par Alessia Campidori, celui d’Alexis Karénine par Alessandro Orlando et celui de Vronski par Alessandro Torrielli. A ne pas manquer.

Les 22, 23 et 24 janvier, à 20h, dans la grande salle de l’Opéra du Caire. Terrain de l’Opéra, Guézira.

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