Les fameux taxis en noir et blanc.
Ahmad ezzat, artiste égyptien de pop art, puise dans les archives du cinéma national et dans les images sociopolitiques à portée symbolique pour décrire le passé et le présent du pays. Celles-ci portent en elles les valeurs de la mémoire collective égyptienne. Ancien banquier, Ezzat a passé près de 30 ans à travailler dans le domaine des finances, avant de se convertir à l’art, notamment au pop’art, son domaine favori. Après une formation à l’English School, il a fait des études à la faculté de commerce de l’Université de Aïn-Chams. Actuellement, il tient sa première exposition professionnelle à la galerie ArtTalks, à Zamalek, sous le titre de A Tale to Tell (une histoire à raconter).
L’art lui a donné une deuxième vie, et ce, en maniant des cartons d’emballage déjà prêts pour le recyclage. « Je trouve un grand plaisir à utiliser ces cartons, qui ont presque la même couleur que celle de la peau mate caractérisant la majorité des Egyptiens. Cela donne aux oeuvres une dimension réaliste », explique l’artiste. Et d’ajouter : « Cette dimension est accentuée par des références visuelles propres à ma génération, que l’on connaît tous par coeur. Elles sont issues des films égyptiens en noir et blanc, qui passaient en boucle à la télévision ».
Guernica à la place Tahrir
Hind Rostom, une icône du cinéma.
L’artiste a ainsi fait sa sélection parmi les scènes cultes du cinéma égyptien, mais aussi parmi les portraits de personnalités mythiques, comme Saad Zaghloul, le leader de la Révolution de 1919, Mohamad Salah, l’attaquant égyptien de Liverpool, et d’autres. « Mo Salah lance un message positif : le travail et la persévérance sont gage de succès », dit Ezzat. Ce dernier essaie par ailleurs de réinterpréter Adam de Michel-Ange avec des yeux égyptiens, ou encore la Guernica de Pablo Picasso, en situant les événements du tableau à la place Tahrir pendant la Révolution de 2011.
Sur la nouvelle toile de Ezzat, on retrouve les figures de l’ancien président Hosni Moubarak et des martyrs de la révolution comme cheikh Emad Effat, Mina Daniel, etc. L’artiste réussit également à transmettre les atmosphères cairote ou alexandrine, en faisant allusion aux lieux phare des deux villes et à leurs taxis, datant des années 1990. « Les couleurs des taxis cairotes et alexandrins sont le souvenir le plus marquant de mon enfance. C’est ce qui me permet de me situer, dans les tableaux », dit Ezzat. Et d’ajouter : « Le paysage des personnes assises en tailleur à même le sol est également un souvenir commun d’enfance ; il fait partie intégrante de la vie quotidienne dans ces villes, jusqu’à nos jours. Ces hommes et ces femmes vendent souvent des mouchoirs en papier ». L’artiste se distingue par ses couleurs vives et ses compositions élégantes. Celles-ci narrent efficacement notre quotidien, d'hier comme de demain.
Jusqu’au 25 novembre, à la galerie ArtTalks, à Zamalek. 8, rue Al-Kamel Mohamad. De 11h à 20h, sauf le vendredi.
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