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Le parcours du maître en 80 toiles

Amr Kamel Zoheiri, Mardi, 12 novembre 2019

Une rétrospective consacrée à Ahmad Fouad Sélim se tient actuellement au palais Aïcha Fahmi, à Zamalek. Elle retrace la carrière de l'artiste-peintre par le biais de 80 toiles qu’il a réalisées dans différentes phases de sa vie.

Le parcours du maître en 80 toiles
Les musiciens étaient parmi les thèmes favoris de Sélim.

Ahmad fouad sélim (1936-2009) avait à son actif plus de cinquante ans de car­rière. Peintre, critique d’art, poète et commis­saire de plusieurs expositions et biennales, il a influencé plusieurs générations d’artistes. C’est grâce à lui que la Biennale du Caire a vu le jour, en 1984. A ses débuts, il a décidé de suivre des études d’art après avoir achevé ses études de droit. Car il savait au fond de lui-même qu’il était destiné à faire carrière dans le domaine culturel.

Aujourd’hui, en contemplant ses toiles, dix ans après sa disparition, on y retrouve son esprit vif et son grand amour pour la musique. C’est comme s’il reformulait des symphonies entières par la densité des lignes et des cou­leurs. Cela se voit clairement dans la série des musiciens, exécutée en noir et blanc, notam­ment durant les années 2004-2005. Il y pré­sente une sorte d’expérimentation picturale, qu’il a maintenue tout au long de son parcours. Mais il a osé aller encore plus loin dans cette série. Son amour pour la musique lui a donné des ailes, apparemment.

Les 80 toiles de l’exposition, de différents formats, transmettent des messages de beauté, d’amour et d’humanisme. D’abord, dans les années 1960, Ahmad Fouad Sélim s’éprend des couleurs vives. Avant-gardiste, il maîtrisait déjà ses techniques et s’imprégnait de fau­visme. Il a passé neuf ans à travailler au Centre culturel tchécoslovaque, depuis 1967, et c’est durant cette période qu’il a introduit le théâtre expérimental au grand public. Et ce, à travers une manifestation culturelle qu’il a appelée « Les cent chaises ». Une expérience réussie, qui a permis à de nombreux jeunes talents d’émerger et d’accéder plus tard à la célébrité. Cela a été le cas des comédiens Magda Al-Khatib, Ahmad Zaki, Hala Fakher et Mohei Ismaïl, à titre d’exemple.

Toujours durant cette même époque, il a excellé dans l’art du portrait, influencé par Pablo Picasso. Dans d’autres tableaux, les corps humains qu’il a peints dégagent quelque chose qui le rendait proche d’Henri Matisse, avec qui il partageait beaucoup sur le plan de la conception de l’être et de l’art. Durant cette période aussi, ses compostions indiquaient une tourmente de l’esprit, peut-être sous l’effet des circonstances que vivait le pays.

De la culture pour tous

Dès la fin de l’année 1976, Ahmad Fouad Sélim a dirigé le complexe des arts à Zamalek, qu’abritait le palais Aïcha Fahmi, où se déroule la rétrospective actuelle. Il y accueillait non seulement les expositions d’arts plastiques, mais aussi plusieurs autres activités culturelles, visant à libérer les esprits. Il a été d’ailleurs le premier à introduire la musique et les concerts pour accompagner les expositions d’arts plastiques.

Ahmad Fouad Sélim excellait également dans les collages et mettait du coeur à tout ce qu’il faisait. Les toiles représentant son épouse, la pianiste Marcelle Matta, ou leur fille, la cantatrice d’opéra Amira Sélim, ou d’autres musiciens, solistes ou chefs d’orchestre montrent à quel point il aimait la musique. Il trouvait sa liberté sur les toiles, s’inspirant de la musique pour créer le monde de demain.

L’exposition qui lui est consacrée fait office de messe de requiem, dix ans après sa mort, dans l’endroit qu’il avait géré pendant des années. Une cérémonie du souvenir. Une prière pour l’âme de l’artiste défunt.

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