Enfin, un moment de répit.
Le coeur est un muscle bien présent pendant ce spectacle de danse contemporaine. Nous pouvons le ressentir et l’entendre. Nous pouvons suivre ses contractions et ses relâchements grâce aux mouvements des deux danseuses sur scène. L’une symbolise le coeur, l’autre le cerveau. Les cheveux courts, ayant presque la même taille, Chérine Hégazi et Sarrah Gabr transforment leurs corps en instrument de musique. L’une ne bouge pas sans l’autre. Et ce, dans la foulée des rythmes que joue la percussionniste Sabrine El-Hossamy, qui a mis en musique ce spectacle, Albi (mon coeur), avec le DJ Chahir Magued.
« Le battement du coeur est le premier rythme que l’être humain ressent, alors qu’il est encore dans le ventre de sa mère. Pour ce, les gens aiment les rythmes et les suivent facilement », souligne Sabrine El-Hossamy, qui a commencé à jouer la darbouka (instrument oriental à percussion) en 1999. Elle a découvert sa passion pour les percussions alors qu’elle passait une soirée autour du feu avec des amis musiciens, au Sinaï. Depuis, elle essaye de faire sortir cet instrument populaire des carcans habituels de la danse du ventre. Et la voilà qui signe son deuxième spectacle de danse, toujours en collaboration avec Chérine Hégazi, se limitant cette fois-ci à la danse contemporaine, sans recourir aucunement aux mouvements empruntés à la danse du ventre. Pourtant, le spectacle est basé essentiellement sur les rythmes, ceux du coeur et ceux de la darbouka.
Guerre et paix
On suit le périple de l’être humain, depuis la naissance. Il vit au rythme des saisons et de la vie. Parfois, il suit son coeur. Parfois, il entre en conflit avec lui, préférant obéir aux règles de la société, plus dominée par la raison. « On nous répète tout le temps qu’il ne faut pas penser avec son coeur, au risque de se tromper. Pourtant, c’est le foyer de l’intuition, le centre de commande de tout le corps », précise El-Hossamy. Et d’ajouter : « Les recherches médicales prouvent de plus en plus que le coeur nous dirige plus qu’on ne le pensait ».
On traîne alors ce coeur si mystérieux, sur scène. Souvent, on lutte contre son coeur. Puis vers la fin, on parvient à l’accalmie, à une réconciliation. Sabrine El-Hossamy l’amadoue, en chantant : « Viens t’installer près de moi ». Et pour exprimer cette phase de sérénité, elle a recours à un instrument à lames d’origine africaine : la kalimba, qu’elle joue différemment, en roulant les doigts, comme elle le fait avec la darbouka.
Le son de cet instrument des conteurs et des veilleurs de nuit n’est pas sans rappeler celui des boîtes à musique. On arrive donc au dénouement de ce conte de fées, cadencé par les battements du coeur et les percussions. « Nous avons d’abord travaillé sur la musique de base, les diverses phases de conflit et de réconciliation », explique El-Hossamy, qui joue souvent des combinaisons de rythmes qu’elle a elle-même inventées. Puis, pour affiner cette « ossature musicale », elle a exploré des chemins inconnus avec Dr Chahir, un médecin et professionnel de la musique électronique. « Le monde de l’électro est plein de surprises. On se prête à une exploration délicieuse et on ne sait vraiment pas vers où elle va nous mener », dit Chahir Magued. Le résultat ? Un enchaînement de battements, allant des rythmes plus traditionnels de la darbouka et du tambourin à l’électro-beat et aux sons de synthétiseur. Un voyage d’introspection, à travers lequel tout un chacun pose un regard attentif sur soi-même.
Albi (mon coeur). Les 15, 16 et 17 novembre, à 20h, au théâtre Al-Falaki, centre-ville cairote. (Le 15 sur invitation).
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