Photographe à ses débuts, plasticienne sur le tard, Agnès Varda est la seule femme cinéaste à avoir reçu un Oscar d’honneur, en 2017. Sa filmographie compte une douzaine de longs métrages et une vingtaine de documentaires. La cinéaste, surnommée la « grand-mère de la Nouvelle Vague », s’est ensuite définitivement tournée vers le genre documentaire après sa rencontre avec son mari, Jacques Demy.

Jusqu’au 16 novembre, les cinéphiles peu­vent prendre place pour découvrir les thèmes et les personnages touchants et parfois controver­sés des films de Varda. Cléo, à titre d’exemple, de Cléo de 5 à 7, est une jeune chanteuse pop qu’on peut suivre dans le film en train d’errer dans les rues de Paris en attendant les résultats d’un test médical qui pourrait indiquer un can­cer. Mélange vivant de mélodrame et de cinéma vérité, le film met en scène des images altérées, une excellente musique de Michel Legrand et une performance légendaire de Corinne Marchand en pop star narcissique qui se dévoile doucement, non plus en sujet et non pas en femme-objet.

Quant au documentaire Les Glaneurs et la gla­neuse, il franchit des sujets qui renvoient de plus en plus à notre société actuelle. Paru en 2000, le documentaire, traitant déjà du problème de la surexploitation des ressources naturelles, de gas­pillage et de pauvreté, lance une question impor­tante : pourquoi les gens jettent-ils autant de nourriture alors que des gens meurent de faim ? La réalisatrice, ramasseuse d’images, suit d’autres cueilleurs, des gens qui ramassent ce que les autres jettent, de la nourriture et des déchets. Ce documentaire social et poétique qui suscite la réflexion a été salué dans de nom­breux festivals, tout en étant primé comme meilleur documentaire par la National Society of Film Critics en 2001.

Pour mieux conclure cette rétrospective, le panorama présentera le dernier film de la réali­satrice, sorti juste avant sa mort. Dans Varda by Agnès, la réalisatrice offre un aperçu de son oeuvre, utilisant des extraits de son travail pour faire naviguer ses fans à travers ses visions et ses pensées artistiques. Que ce soit devant ou derrière la caméra, Agnès Varda était une narra­trice visuelle hors norme, emmenant le public au coeur de son cosmos peu convenu.