Une série d'aventures banales et plates.
Le concept derrière la nouvelle comédie Al-Tayeb Wal Charis Wal Laoub (le bon, le méchant et la garce), réalisée par Rami Rizqallah, est d’une simplicité désarmante : jouer sur un look assez démodé pour raconter la vie actuelle d’acteurs stars en perte d’éclat et de notoriété qui peinent à décrocher des rôles au sein de la scène artistique actuelle. Mais encore fallait-il cultiver un niveau de drame et de comédie suffisant pour convaincre le spectateur de ce qu’il voulait dire. Car ici, la formule n’a pas donné le résultat souhaité dans l’idée de départ.
En connaissant le synopsis, on s’attend à une histoire intéressante, avec un minimum de crédibilité, celle de trois anciens acteurs des années 1980. Le premier, joué par le jeune comédien Mohamad Sallam, est connu pour sa bonté et sa sagesse. Le second est un ancien acteur au caractère assez féroce, campé par Ahmad Fathi, et enfin la chanteuse-actrice May Kassab qui incarne une actrice connue par ses rôles de séduction plus ou moins osés qui, une fois avancée dans l’âge, est oubliée par les producteurs et n’a plus décroché de rôles depuis dix ans. Amis, les trois acteurs ne cessent de chercher un contrat à tout prix, jusqu’au jour où ils décident de produire leur propre film pour attirer l’attention du public et des producteurs. Une série d’aventures commence alors pour ce trio démodé.
Sur le papier, l’idée peut séduire et promet une certaine profondeur malgré le genre comique. Mais à l’écran, le résultat s’avère décevant. Marquant la première expérience du jeune scénariste Raafat Réda dans le monde des longs métrages, le scénario vient en tête des éléments faibles de ce film, trop simpliste, avec beaucoup de déjà-vu. L’histoire tourne en rond, pour devenir un simple enchaînement de farces avariées et de gags verbaux qui cherchent en vain à faire rire sans aucune originalité et ne suffisent pas à masquer les profondes lacunes du script.
Tourner en rond
Tout le long de ses 99 minutes, le film est un condensé d’aventures, banales et plates. Néanmoins, on se demande après un certain temps où l’oeuvre veut nous emmener avec cette historiette sans intérêt et pleine de clichés. On se noie littéralement dans un amas de banalité trop « téléfilm » et sans saveur : les caractères trop stéréotypés, l’histoire, le traitement, le final, donc, tout ! Rien ne sort du lot, à tel point qu’on peut savoir tout ce qui va se passer dix minutes à l’avance !
Les personnages aussi sont grotesques et font rarement sourire le spectateur. Les dialogues sont aussi piètres que pesants, rendant cette comédie drôle, mais pas forcément quand cela est souhaité. Ce qui fait rire, c’est l’absurdité des personnages, l’illogisme du scénario, ainsi que le reste ; il n’y a vraiment rien à sauver dans ce film.
Le réalisateur Rami Rizqallah, connu par ses comédies à la télé telles que Héba Regl Al-Ghorab (Héba, l’excentrique) et Teleat Rohi (je suis étouffée), signe là son premier long métrage, où l’on peut voir toutes les erreurs des premières expériences cinématographiques. Lenteur, manque de mise en scène compacte, bavard artistique et visuel, modestie de technique ; bref, un manque bien net d’expérience et de rythme nécessaires pour présenter une bonne comédie sur grand écran. On s’attendait à une oeuvre plus compacte et plus plaisante de la part de ce réalisateur, déjà connu comme auteur de comédies.
Manque d’éclat
Passons maintenant à l’un des gros problèmes de ce film : l’interprétation. Alors que les acteurs principaux ont déjà tous prouvé leur talent, on a le sentiment ici que tous manquent d’une bonne guidance pour présenter un jeu convenable. Seul Bayoumi Fouad dans le rôle du scénariste prisonnier, auquel le trio maladroit a recours pour écrire le scénario de leur nouveau film, offre les quelques rares sourires du film, mais toujours dans son style et sa prestation habituelle, et en gardant les mêmes ingrédients de ses anciens plats.
Bref, dans Al-Tayeb Wal Charis Wal Laoub, tout se veut nostalgique d’une génération d’artistes devenus très vite démodés et loin des projecteurs, mais tout reste malheureusement peu rythmé, et manque de sentiments. On essaie tout le long du film de fuir l’impression du décousu, d’insipide, du surfait, et de la prestation trop caricaturale, qui symbolise finalement parfaitement le dilemme du film. Un dilemme qui a malheureusement raté son coup.
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