En 2012, le Festival de pièces de théâtre courtes de Kalbaa a été lancé par le gouverneur de l’Emirat de Sharjah (Emirats arabes unis), Son Altesse le sultan Bin Mohamad Al-Qassimi. Le festival a pris plutôt la forme d’un laboratoire théâtral, qui se tient tous les ans, afin d’initier les jeunes Arabes aux arts du théâtre. Ils y suivent des cours théoriques de théâtre ainsi que des stages pratiques pour acquérir les bases essentielles à la création.
Chaque année, le laboratoire commence par une session de trois mois, qui couvre tous les domaines, de la mise en scène à la scénographie, du jeu théâtral à la dramaturgie. Ensuite, les participants sont répartis en de petits groupes, chargé chacun de donner une présentation théâtrale à la fin de la session. Puis, les pièces sont censées participer à la compétition officielle du festival, qui offre dix prix, présentés par le gouvernement de Sharjah.
Ainsi, le 26 septembre dernier, sur les planches du centre culturel de la ville de Kalbaa, s’est terminée la 8e édition du festival. Sur les 19 pièces proposées par les stagiaires, 10 pièces courtes ont été retenues pour la compétition. Les participants avaient travaillé dessus entre juillet et septembre, sous la supervision d’académiciens et de professionnels. Il s’agissait essentiellement d’adaptations faites à partir de textes littéraires ou qui en sont inspirées, à savoir Pitié Shakespeare, mis en scène par Mohamed Gomaa Ali, Manzar Tabeï (paysage) par Khaled Al-Fakaï, En attendant Godot par Gassem Gharib, Lear, le roi des sculpteurs par Saïd Al-Harch, Al-Atach (la soif), par Youssef Al-Maghni, Monafat Al-Aql (c’est illogique) par Ahmad Abdallah Rached, En attendant Godot par Rached Dahnoun, Des Villes de cendre par Youssef Al-Kassab et Mässat Al-Hoggag (le drame des pèlerins) par Rami Magdi.
10 pièces primées
Le comité de sélection qui a choisi les dix pièces regroupait le comédien émirati Ibrahim Al-Kahoumi, le comédien tunisien Youssef Al-Bahri et la comédienne syrienne Amal Hoëga. Le jury était formé du metteur en scène et comédien koweïtien Abdallah Al-Aber, du metteur en scène et écrivain marocain Bosselham Al-Daïf, de la comédienne tunisienne Wafaa Taboubi, du metteur en scène et écrivain jordanien Hakim Harb et du jeune comédien émirati Mohamed Ishaq. 7 des 10 pièces présentées sont inspirées d’Othello, de Roméo et Juliette, du Roi Lear, d’En Attendant Godot et d’autres joyaux du théâtral mondial.
Les mises en scène se voulaient profondes et recherchées. Les jeunes talents, qui n’ont pas eu l’occasion de faire des études académiques, devaient mesurer leur capacité d’expérimenter et de présenter du nouveau à partir de textes anciens, qui appartiennent pour la plupart au théâtre shakespearien ou à celui de l’absurde. Ce n’était pas toujours évident pour eux de dépasser le texte originel ou de le rendre plus poignant sur scène ou plus conforme à la réalité du Moyen-Orient, car il appartient à la base à une autre civilisation et à un autre contexte géopolitique, mais aussi à une autre époque.
S’imposent alors plusieurs questions sur la nature des oeuvres adaptées. Est-ce que les jeunes ont besoin de textes moins sombres, mettant plus en avant le jeu théâtral et le mouvement ? Ont-ils besoin de textes moins difficiles et ambigus? Faut-il les pousser absolument à être à la hauteur de ces textes classiques? En effet, étant poussés à la profondeur, certains sont tombés dans le piège de l’exagération, même en accomplissant les gestes les plus simples, comme saluer le public à la fin du spectacle. Les spectateurs ne savaient plus si les acteurs faisaient la révérence ou si le geste faisait partie dans la pièce. Des points à prendre en compte lors des prochaines éditions .
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