La comédie musicale, The Fantasticks, présentée à l’inauguration du festival. (Photo : Bassam Al-Zoghby)
La tenue du Festival du théâtre expérimental est toujours une sorte de baromètre qui permet d’évaluer la scène artistique en Egypte, notamment avec la présence des troupes « indépendantes » qui ont fleuri durant les 25 dernières années et même avant. C’est également l’occasion de découvrir des expériences similaires de par le monde.
Pour la soirée d’ouverture, la semaine dernière, au grand théâtre de l’Opéra du Caire, a été présentée la pièce américaine The Fantasticks. Celle-ci a inauguré le festival, étant donné que les Etats-Unis sont l’invité d’honneur de cette 26e édition. Cette comédie musicale, qui a fait couler beaucoup d’encre, a été à l’affiche pendant longtemps. En fait, c’est « The Longest-Running Musical » dans le monde produite depuis 50 ans.
Le jeu est époustouflant, et l’histoire fait triompher l’amour. Celle-ci transcende les discriminations, entre un noir et une blanche. C’est surtout une pièce qui s’apprête à effectuer des tournées dans les différents pays du monde et peut se jouer dans les conditions les plus simples. Pourtant, on aurait bien aimé la regarder dans un autre contexte, et non pas dans le cadre d’un Festival qui prône la nouveauté et l’expérimentation.
Pour la clôture, le 19 septembre soir au même théâtre, Walid Aouni donne son spectacle de danse Les Larmes de Hadid, inspiré de l’oeuvre et du parcours de l’architecte iraqienne, à renommée mondiale, Zaha Hadid. En fait, il faut rappeler que Walid Aouni est le danseur et chorégraphe libanais qui a fondé la compagnie de danse-théâtre de l’Opéra du Caire, dans les années 1990. La première en son genre en Egypte.
Théoriser sur le théâtre
Entre ces deux moments d’ouverture et de clôture, le festival a fait office d’un véritable laboratoire théâtral. Primo, Il y a eu les présentations des spectacles assez variés sur 10 théâtres, des pièces du Brésil, du Portugal, de Suisse, des Etats-Unis, de Syrie, de Tunisie, du Maroc et d’Arabie saoudite. Cette année, le festival a fait focus sur les pays africains, avec notamment des pièces du Niger et du Congo. L’Afrique du Sud n’a pas pu être présente, comme prévu, pour des circonstances politiques.
Les 15 et 16 septembre s’est déroulé le colloque organisé comme d’habitude, dans le cadre du festival, ayant sans doute pour thème le théâtre africain.
Les ateliers théâtraux sont devenus par ailleurs « une tradition » du Festival et revêtent une importance majeure. Il a été question d’ateliers sur l’expression corporelle et poétique par l’acteur français Sébastien Brottet-Michel, sur la dramaturgie par le professeur de théâtre américain Peter Eckersall et sur « le dialogue authentique entre mémoire et espace » par la chorégraphe et danseuse japonaise Chiemi Fukumori.
Les rencontres avec les invités du festival ont permis de mettre en lumière leurs parcours et leurs technicités, chacun selon le domaine de travail. Ce fut le cas de l’Américain Lee Brouer, qui a parlé sur le rapport metteur en scène/acteur, du Grec Theodoreos Terzopoulos, sur le mythe et la réalité, et de l’Ougandaise Jessica Kaahwa, sur la théâtralité de l’espace et du temps.
Enfin, cette 26e édition a vu le retour des publications et des livres spécialisés dans le champ du théâtre expérimental et contemporain. Et ce, après quelques obstacles financiers, qui ont failli entraver leur publication. Mais grâce à la collaboration avec une autre instance, l’Organisme égyptien du livre (GEBO), ces ouvrages ont pu voir le jour en version papier et non pas en version digitale, comme l’an dernier.
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