Scènes de poursuites, filmées au Maroc.
Dans son nouveau film Casablanca, actuellement en salle, le réalisateur Peter Mimi nous plonge dans un monde où suspense et fraîcheur se mêlent à l’action. Les événements se déroulent entre Alexandrie en Egypte et Casablanca au Maroc, mettant en scène un trio d’amis-escrocs: Omar Al-Morr (Amir Karara), Rachid (Iyad Nassar) et Orabi (Amr Abdel-Guélil). Ils se ruent sur l’argent et ne tardent pas à devenir des rivaux, notamment lorsque le tandem Rachid et Orabi cherchent leurs intérêts communs au détriment de Omar. Ce dernier passe trois ans en prison, inculpé dans un vol commis par les trois, car il a refusé de dénoncer ses complices à la police. D’où une série de poursuites entre les trois anciens amis au Maroc, où Orabi a fui avec le frère cadet de Omar, en emportant les diamants volés de Monsieur Dragon, un gros nom de la drogue et un trafiquant de diamants, campé par le comédien turc Halit Ergenç.
Au fur et à mesure qu’on avance dans les événements, les conflits personnels explosent et les luttes de pouvoir s’amplifient. Partant d’un scénario ordinaire et d’un cadre dramatique déjà-vu, l’auteur du film, Hicham Hélal, évite de tomber dans l’histoire cliché, en changeant l’espace où se déroulent les événements. Et ce, en filmant 90% des scènes au Maroc. Il a réussi à se servir de plusieurs plateaux ouverts à Casablanca, ce qui donne au film un nouveau cadre visuel.
Casablanca puise sa force dans son atmosphère agitée et fraîche, grâce à la nature et à la décoration marocaines. On est face à un film choral, donnant l’occasion à chacun des personnages de s’exprimer, même si ce n’est que brièvement. Etincelants et aventureux, les protagonistes parviennent à bien donner le rythme. Ce sont des personnages pragmatiques, qui partagent involontairement des moments difficiles, mais le plus souvent touchants.
Du divertissement avec un grand D
Le jeu des comédiens constitue d’ailleurs l’un des points forts de la fiction. On retrouve tout un groupe dans des rôles à la mesure de leurs styles et talents, même si c’est sans grandes surprises. Ils sont pour la plupart crédibles et posés. D’une Ghada Adel dont le rôle lui va comme un gant à un Iyad Nassar encore plus mûr dramatiquement grâce à un personnage à la Travolta dans Volte-Face, et passant par un Amr Abdel-Guélil comique et simple comme toujours. Le jeune Ahmad Dach excelle, lui, à jouer l’adolescent ingrat. Enfin, Lébléba est radieuse comme toujours.
Entre caractères fiévreux, mais bien dessinés, une histoire parfois déraisonnable, mais dramatiquement modérée, et un sens esthétique mêlé à plusieurs éléments de suspense, Peter Mimi signe avec Casablanca l’une des meilleures oeuvres de sa filmographie. La mise en scène s’avère remarquable, montrant que ce jeune réalisateur a plus d’un tour dans son sac et qu’il s’attaque aux oeuvres de suspense avec son propre style, même si c’est un peu à l’occidental.
Porté par un casting excellent, le film bénéficie en outre d’une mise en scène soignée, grâce à la belle photographie de Hussein Açar, qui lui donne une véritable ampleur. Il faut dire qu’avec son sens du rythme et de l’action, soutenus par des dialogues riches en répliques cultes et un scénario bien écrit, Casablanca n’a pas à rougir de la comparaison avec les autres films du genre. La musique du Tunisien Amin Abou-Hafa va parfaitement avec l’intrigue, tout en garantissant une certaine satisfaction sonore et une ambiance oriento-marocaine, ornée d’effets sonores et d’airs assez agités, nécessaires aux scènes d’action, de combats et de poursuites. Casablanca se place donc parmi les fictions auxquelles on ne reproche pas beaucoup de bémols. Une oeuvre de divertissement avec un grand D.
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