Imaginez que vous vous trouvez au bord de mer, vos cheveux doucement caressés par la brise méditerranéenne. Imaginez ensuite vos pieds enveloppés par le sable, votre tête couverte par les étoiles et la lune. Imaginez enfin que dans ce décor idyllique, vous vous trouviez, face à un grand écran, qu’un film d’une rive ou de l’autre de la Méditerranée y soit projeté, rien que pour vous, ô spectateur, et gratuitement! C’est autour de ce concept même qu’a été fondé le tout jeune festival du cinéma méditerranéen de Tunisie Manarat, dont la 2e édition s’est achevée dimanche 7 juillet.
Pendant une semaine, dès le lundi 1er juillet, des films de part et d’autre de la Méditerranée ont été proposés dans neuf villes du littoral tunisien, mais également dans des salles de cinéma, l’idée étant de faire en sorte que le cinéma vienne vers le spectateur en cette période estivale. Outre le fait d’avoir été une formidable plateforme de débats et d’échanges entre les professionnels de l’image, le Festival du cinéma méditerranéen de Tunisie a été l’occasion d’une belle rencontre entre le public et les opérateurs cinématographiques.
Alors que la première édition de Manarat, en 2018, avait mis l’accent sur les cinémas palestinien et marocain, l’édition de cette année a fait la part belle aux cinémas contemporains italien et égyptien. Trois master-classes enrichissantes ont été consacrées aux invités d’honneur égyptiens, les comédiens Nelly Karim et Mahmoud Hemeida ainsi que le réalisateur Yousri Nasrallah. De plus, le scénariste Medhat Al-Adl a animé un atelier de réflexion sur le lien télévision-cinéma et l’incontournable « dame aux 130 rôles » Elham Chahine a participé avec Mahmoud Hemeida aux tables rondes entre professionnels. L’Egypte était également représentée par la pétillante actrice Salwa Aly, membre du jury du festival aux côtés de l’écrivain algérien Kamel Daoud, du scénariste et réalisateur français Michel Leclerc et des comédiennes turque Damla Sönmez et tunisienne Souhir Ben Amara.
Plusieurs panels et ateliers ont été proposés aux professionnels et au public, notamment autour de la circulation et de la distribution des films arabes dans le monde ou encore sur les droits sociaux et moraux des artistes et sur la culture et l’économie sociale et solidaire.
Plateforme des films arabes
Manarat a également proposé aux spectateurs des films militants, permettant au public de découvrir ou de redécouvrir un cinéma social et engagé. Les Frères Dardenne, s’inscrivant dans cette dynamique, étaient d’ailleurs présents lors du festival en tant qu’invités d’honneur. Le duo s’est également prêté à l’exercice de la conversation avec le public, laquelle était modérée par la réalisatrice Raja Amari.
Quant au palmarès du festival, le « Manar d’or » du meilleur film a été attribué au film espagnol Petra de Jaime Rosales, le prix de la meilleure interprétation au comédien grec Yannis Drakopoulos pour son rôle dans Pity et le prix spécial du jury au film documentaire libanais La Balançoire de Cyril Aris.
Projet simple consistant à aller vers le spectateur pour lui offrir ce que le cinéma méditerranéen offre de meilleur, Manarat, en sa 2e édition, a non seulement atteint son objectif en le consolidant, mais a, en outre, concrétisé une initiative, celle de l’AFIC (Arab Film Platform), plateforme ayant pour but de promouvoir et de développer l’industrie du film arabe. Manarat, Festival du cinéma méditerranéen de Tunisie, s’élève triplement : comme phare du cinéma de la Grande Bleue, comme pont entre les deux rives et comme rempart culturel ô combien nécessaire par ces temps obscurs.
Lien court: