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Sur les pas de la sultane

May Sélim, Mardi, 30 juillet 2019

L’histoire de la reine mamelouke Chagaret Al-Dorr est retracée à travers le spectacle éponyme de la troupe de danse Forsan Al-Charq (les chevaliers de l’Orient), donné la semaine dernière au théâtre Al-Gomhouriya.

Sur les pas de la sultane
Les danses en solo, l’un des points positifs du spectacle.

Les personnages histo­riques constituent tou­jours des sujets attrayants pour les chorégraphes et les metteurs en scène. Retracer leurs histoires, dévoiler leurs charmes et leurs rôles dans l’his­toire du pays garantissent souvent un succès plus ou moins assuré. La compagnie de danse Forsan Al-Charq (les chevaliers de l’Orient) creuse comme d’habitude dans le patrimoine, choisissant cette fois-ci de s’inspirer du per­sonnage controversé de la reine mamelouke Chagaret Al-Dor. Une ancienne esclave qui a régné sur l’Egypte. Le spectacle donné sur les planches du théâtre Al-Gomhouriya porte d’ailleurs son nom. La chorégraphie et la mise en scène sont signées Essam Ezzat.

Le spectacle retrace le parcours de cette grande dame entre 1249 et 1250, une période charnière qui regorge de détails historiques. Al-Dor est une ancienne esclave devenue favorite du sultan ayyou­bide d’Egypte Al-Saleh Ayoub, puis son épouse. Elle a caché la mort de son mari et a pu mobiliser les forces armées du pays, afin de lutter contre les croisés. Sa sagesse et sa ruse lui ont permis d’accéder au trône.

La première scène nous présente la jeune femme, interprétée par Yasmine Samir, à travers une danse en solo sur une musique rythmique. La danseuse maîtrise bien son mouvement, le metteur en scène exploite les capacités de cette dan­seuse-étoile de la troupe. Arrêtée par deux soldats, elle est vendue dans le marché des esclaves avec Morgana, une autre esclave. Toutes les deux feront partie du harem du sultan Al-Saleh Ayoub et seront ses deux favorites. D’où une danse à trois résumant bien leur relation et qui finit par trahir la rivalité entre Al-Dor et Morgana. Cette dernière, à travers une danse en solo, fait preuve de beaucoup de potentiel.

Ezzat mise beaucoup sur les danses en solo pour révéler l’habi­leté des danseurs. Il met l’accent sur des mouvements énergétiques et fougueux. D’où peut-être l’im­pression que les danseurs sont dans une course contre la montre.

Tout va vite

La chorégraphie se caractérise par des mouvements rapides et répétitifs. Les scènes se suivent trop vite tout au long du spectacle, dont la durée ne dépasse pas 45 minutes. Les danses collectives sont rarement en harmonie. Le côté visuel du spectacle prend le dessus sur la chorégraphie. Les décors d’Ahmad Zayed, l’éclairage de Réda Ibrahim ainsi que les cos­tumes de Hala Mahmoud nous plongent dans le cadre spatio-tem­porel de l’histoire. Les voûtes en arabesques les portails de châteaux, les navires des croisés, la salle du trône ont l’air sublime sous l’effet de l’éclairage, offrant une belle scénographie.

L’histoire avance vite lorsqu’il s’agit de l’amour croissant entre Chagaret Al-Dor et le sultan. Leurs pas de deux sont plutôt centrés sur l’individualité de chaque danseur. Une scène d’amour proche de l’acrobatie se termine par une lon­gue étreinte.

A la mort du sultan, Chagaret Al-Dor traîne son corps par terre, en avançant en silence d’un pas sûr. Elle guidera le royaume, malgré son chagrin, pour empêcher la chute du pays entre les mains des croisés. Toute seule sur scène, elle pose les mains sur les oreilles et la bouche pour insinuer qu’elle va cacher la nouvelle de la mort de son mari jusqu’à ce que la guerre finisse. Après la victoire, on la voit assise sur le trône avec une grande couronne sur la tête et une large jupe dont la traîne couvre l’arrière-plan du théâtre. C’est la sultane.

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