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Le théâtre investit les rues d’Alexandrie

May Sélim, Dimanche, 16 juin 2019

Des spectacles de rue, de musique et de marionnettes ont semé la bonne humeur, partout dans la ville côtière d'Alexandrie, lors de la 6e édition du Festival Backstreet: Projet de la joie, du 13 au 15 juin.

Le théâtre investit les rues d’Alexandrie
(Photo: Bassam Al-Zoghby)

Il fait chaud à Alexandrie, comme partout en Egypte, en ce mois de juin. L’humidité et la chaleur invitent à ralentir le rythme. Loin de la mer et de la corniche parse­mée de cafés, le public a pu goû­ter, pendant trois jours, à plusieurs spectacles centrés sur la joie, le thème principal du festival, cette année.

Le théâtre investit les rues d’Alexandrie
It Started With A Dance. (Photo: Bassam Al-Zoghby)

En plein centre-ville, le Festival Backstreet s’est déroulé du 13 au 15 juin, afin de rompre avec la routine des arrière-rues alexan­drines, pour le plus grand plaisir des habitants et estivants. Pour ce festival, le patio de l’Institut Français d’Egypte (IFE) à Alexandrie est plein à craquer : des hommes en t-shirt et en short, des femmes avec des blouses éva­sées et des cheveux relevés et des enfants excités se précipitent par-ci par-là.

L’ambiance est plutôt familiale. Tout d’un coup, un homme demande au public présent de le suivre. Il a tracé avec de la craie un espace scénique et a commen­cé à jouer au diabolo, non sans humour.

Le théâtre investit les rues d’Alexandrie
Toni Zafra et ses marionnettes. (Photo: Bassam Al-Zoghby)

L’artiste de rue, Autrichien, Abraham Thill, a donné son spec­tacle Diabolissimo. En peu de temps, Thill s’est prêté aux jeux de clowns, pantomimes et toutes sortes d’improvisations, afin d’avoir l’effet voulu. Un spectacle extraordinaire et époustouflant. Il a pu manipuler les petits et les grands et les pousser à agir avec lui. Eclats de rire, applaudisse­ments et youyous de joie ont for­tement secoué le calme du patio de l’IFE et ont attiré l’attention des passants, curieux et en quête du programme du festival.

Suivre le poster en ville

Le théâtre investit les rues d’Alexandrie
Imagination 7. (Photo: Bassam Al-Zoghby)

Un petit poster orange leur sert de point de repère et de guide vers les autres activités. « Comment se rendre au Centre culturel des Jésuites pour regarder l’exposi­tion d’Elhami Naguib, Joie de la vie, et suivre ensuite le spectacle hongrois de danse et de projection vidéo It Started With A Dance ? », s’interrogent-ils.

Là-bas, le sourire du père Francis les accueille, pour les mettre tout de suite à l’aise, dans la cafétéria des Jésuites. Tout le monde cause ensemble. Les artistes participants échangent avec le public, livrant les secrets de leurs shows.

A l’entrée à la salle de théâtre, sont accrochées les peintures d’Elhami Naguib. L’artiste a voulu résumer son parcours, grâce à une rétrospective riche en cou­leurs et en thèmes. Il y a évoqué la vie, les rapports homme et femme, les versets de l’Ancien Testament, etc. Ce sont des peintures à l’huile, des oeuvres en acrylique et en mosaïque. Les quatre tableaux inspirés des portraits iconiques du Fayoum sont manipulés par ordi­nateur et retouchés par des couches de peinture, aux couleurs fortes et denses.

Les tableaux des quatre saisons sont présentés comme une célé­bration de la vie. Bref, ses oeuvres dégagent en général une certaine joie de vivre et invitent les visi­teurs à apprécier, chaque jour, ses hauts et ses bas.

Au théâtre, sur l’arrière-fond blanc s’inscrit, en arabe, Au com­mencement c’était la danse. Le show hongrois, du même titre, It Started With A Dance vient de débuter. Une dame en blanc (Katalin Lengyel) bouge son corps sur une musique gaie, assez ryth­mique. Manipulées en direct par Szabolcs Toth-Zs, artiste des nou­veaux médias, des marionnettes à main en 3D jouent avec l’héroïne, créant ainsi un duo intrigant qui danse et parle ensemble.

Le théâtre investit les rues d’Alexandrie
Diabolissimo. (Photo: Bassam Al-Zoghby)

Un spectacle numérique et comique où se développe une his­toire d’amour entre la dame et ses mains, qui suggère la présence virtuelle d’un homme. Une his­toire drôle montrant les diverses étapes d’une relation.

L’amour a fini par se transfor­mer en un combat, en une lutte acharnée. Les deux protagonistes n’arrêtent pas de se battre, de se lancer des coups de main, jouant chacun, à tour de rôle, le person­nage du vainqueur et du vaincu. Sur écran, s’affichent les deux mots: guerre et paix. N’est-ce pas l’histoire de toute une vie? A la fin du spectacle, les artistes invi­tent le public à expérimenter par eux-mêmes les techniques de la projection vidéo et de l’animation en 3D. La foule s’est précipitée pour participer au jeu. L’artiste manipulateur de vidéo Toth-Zs est patient, souriant et assez accueillant. Chacun joue à sa manière et invente ses propres mouvements.

Vive les marionnettes

Le théâtre investit les rues d’Alexandrie
Mahmoud Abou Doma, initiateur du festival. (Photo: Bassam Al-Zoghby)

Le lendemain, la salle de récep­tion de l’IFE accueille le marion­nettiste espagnol, Toni Zafra. Ses marionnettes sont constituées d’un squelette, d’un singe, d’une acrobate, d’un Japonais et de l’homme qui recherche la lune. Zafra souffle subtilement la vie, en manipulant ses marionnettes à fil. Un show qui a captivé le public et qui a été repris une deu­xième fois, ayant eu un véritable succès. Et à la fin du spectacle, Zafra a animé un atelier de vingt minutes, où il a créé, en direct, une sixième marionnette jouant avec un ballon.

Le spectacle égyptien Imagination 7, créé par Mohamad Fawzy et donné sur les planches de l’IFE, a également attiré un large public. Il s’agit d’une pièce de théâtre de l’ombre, avec une série de scènes variées. Des gants blancs et un chapeau forment des oiseaux qui s’envolent, un petit poisson découvre les fonds de mer, des théières renversées qui parlent en imitant les sons de l’échelle musicale, des parapluies, etc. En Fait, Fawzy a créé ses marionnettes, à partir d’éléments qu’il a collectés dans son entourage. Il a eu recours à des objets et des appareils électroménagers simples: des balais, des ustensiles de cuisine, etc.

Enfin, le troisième jour s’est bien terminé par un spectacle musical espagnol : Yee haw, donné par le trio de jongleurs-musiciens la Banda de Otro. Le groupe a plongé le public dans un univers inspiré par la musique country, le ragtime et le bluegrass. On ne pouvait s’empêcher de se tortiller, suivant le rythme de la musique. Vraiment un moment de joie .

En chiffres :

Création : Septembre 2012.
Nombre et dates des éditions: 6 éditions tenues en 2012, 2014, 2015, 2017, 2018 et 2019.
Nombre de spectacles présen­tés : 102 spectacles.
Pays participants: 26 pays.
Espaces : 16 lieux de représenta­tion : L’IFE d’Alexandrie, Teatro d’Alexandrie, Cinéma Rio, Kom Al-Dekka, Centre culturel jésuite, La Bibliothèque d’Alexandrie, L’Atelier d’Alexandrie, Al-Dokkan, Kafr Ashri, Al-Kabina, Studio Janaklees, Wékalet Behna, Ecole Saint Gabriel, Ecole alle­mande de Borromäerinnen à Alexandrie, consulat d’Espagne à Alexandrie, Lycée français d’Alexandrie.

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