Cannes,

De notre envoyé spécial —

Course à la Palme d’or, surprises et zombies. Le 72e Festival de Cannes a ouvert ses portes mardi 7 mai, avec 22 films en compétition pour la Palme d’or qui sera remise le 25 mai, dont notamment les dernières fictions de Pedro Almodovar, Ken Loach, des frères Dardenne et Quentin Tarantino.

The Dead Don’t Die (les morts ne meurent pas), le dernier opus du réalisateur américain Jim Jarmusch, vient d’être présenté en ouverture, en Compétition et en première mondiale. Une avant-première en territoire conquis pour le réalisateur qui a été récompensé de nombreuses fois sur la Croisette. Le film est sorti durant le festival dans les salles françaises, dès le 14 mai.

Mais des zombies pour ouvrir le Festival de Cannes ? Oui, mais pas n’importe lesquels ! 13e long métrage de Jim Jarmusch, The Dead Don’t Die n’est pas seulement une comédie et une subversion du genre parfois effrayante, mais aussi un hommage au 7e art.

Dans Les Morts ne meurent pas, Jim Jarmusch nous embarque à Centerville, une petite ville américaine bien tranquille. Une lune omniprésente dans le ciel, une lumière du jour qui se manifeste à des horaires imprévisibles et des animaux qui commencent à avoir des conduites inaccoutumées ! Les habitants de la ville ne savaient pas vraiment pourquoi, et personne ne pouvait prévoir l’événement le plus étrange et dangereux qui allait s’abattre sur Centerville : Les Morts ne meurent pas, c’est-à-dire les morts sortent de leurs tombes et s’attaquent sauvagement aux vivants pour s’en nourrir. La bataille de la survie commence alors pour les habitants de la ville.

Cette nouvelle visite du cinéaste indépendant pour un film du genre — surtout après Dead Man et le western Ghost Dog et le film de vampires Only Lovers Left Alive — présente « un casting à réveiller les morts », comme l’a décrit la boîte de production du film. Bill Murray, Adam Driver, Danny Glover, Tilda Swinton et Steve Buscemi paraissent parmi beaucoup d’autres.

Le film fait la part belle d’ailleurs aux stars de la musique, puisqu’il accueille également Tom Waits, le rappeur RZA et la chanteuse Selena Gomez, à la merci des chasseurs de chair humaine.

Le film réunit également un grand nombre des collaborateurs habituels de Jarmusch, dont le directeur de la photographie Frederick Elmes et le monteur Affonso Gonçalves.

Depuis Stranger Than Paradise, Caméra d’or au Festival de Cannes en 1984, qui a fait date dans l’histoire du nouveau cinéma indépendant américain, Jim Jarmusch occupe une place à part dans le cinéma américain et nous a habitués à ses univers créatifs et mélancoliques, à ses B.O. inspirées, à son humour décalé et aux errances de ses antihéros dans un monde toujours étrange.

Loin des studios hollywoodiens, il s’est confectionné une oeuvre unique. A Cannes, son cinéma rock et élégant, souvent à l’étude d’une Amérique différente, a été salué par quatre prix dont la Palme d’or du court métrage en 1993 pour Coffee and Cigarettes et le Grand Prix en 2005 pour Broken Flowers.

Mais 2016 reste une année exceptionnelle pour Jarmusch, puisqu’il y avait présenté deux films en Sélection officielle : Paterson, avec Golshifteh Farahani et Adam Driver, en compétition, et Gimme Danger, le documentaire musical sur Iggy et les Stooges, en Séance de minuit.

Une longue histoire donc pour un maître du cinéma indépendant, en quête toujours de son troisième prix cannois.