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La qualité et la diversité comme mot d’ordre

Mohamed Atef, Mardi, 12 février 2019

La 41e édition du Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand s’est achevée le 9 février. 390 films ont été projetés, dont plusieurs films arabes. Bilan.

La qualité et la diversité comme mot d’ordre
L'équipe du film égyptien Dix ans.

Clermont-Ferrand,

De notre envoyé spécial —

Le froid et la pluie n’ont pas empêché le public de venir nombreux pour assister aux projections du Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand, qui s’est déroulé du 1er au 9 février. Cette 41e édition s’est tenue sous le slogan « Short in Translation », fai­sant allusion aux gens qui ne par­lent pas la même langue, mais qui parviennent quand même à commu­niquer entre eux. Car chaque année, en parallèle à ses compétitions offi­cielles, le festival propose une thé­matique spéciale qu’il développe à travers une rétrospective, laquelle a regroupé, cette fois, 16 courts métrages autour de l’idée « Short in Translation ». Le sens de l’humain, de l’amitié, nous aide à engager une conversation, à dialoguer, même si l’on ne se comprend pas tout à fait. L’essentiel est d’accepter la diver­sité.

390 films ont été projetés cette année, variant entre courts métrages, documentaires et films d’animation, dont 78 ont participé à la compétition officielle. Le Canada était l’invité d’honneur de cette édition, alors que la France, les Etats-Unis, l’Allemagne et l'Angle­terre se sont taillés la part du lion en termes de nombre de films pro­grammés.

Participation arabe

L’Egypte était présente en com­pétition officielle avec un seul film, Dix ans, de Gélane Auf. Celui-ci traite du problème de l’excision, tirant profit de la nature sensation­nelle du sujet, sans grand effort. Bref, il relève du déjà-vu.

La qualité et la diversité comme mot d’ordre
Le festival accueille, depuis plusieurs années, plus de 165 000 spectateurs.

La Tunisie a participé, elle aussi, à la compétition officielle avec le film Fraternité de Meryam Joobeur, qui raconte, avec une grande sensibilité, comment un jeune homme est pris dans les filets de l’intégrisme, à cause de l’austérité de son père. Un autre film tunisien a été projeté dans la section Regards d’Afrique. Il s’agit de L’Oiseau bleu de Rafik Omarani et Suba Sivakumran, qui parle de plusieurs destinées croisées en évoquant le lien entre des person­nages réunis dans un même endroit. Toujours dans la même section a été présenté le film Les pratiques du cheikh, de Kaouther Ben Hania, qui ironise sur les conflits absurdes dans les sphères du pouvoir. Ces deux derniers films sont des coproduc­tions avec la France, alors que le film marocain Le Mil de la mort, du réalisateur nigérien Jaloud Zainou Tangui, est une coproduction avec le Niger. Cette oeuvre nous plonge dans une Afrique des traditions orales à travers un conte. Il y a très long­temps, à l’ouest de l’Afrique, se trouvait un village dans lequel les humains pouvaient parler à la mort. La famine s’abattit sur le village et l’on ne trouvait du mil en abondance qu’à un seul endroit, chez la mort. Et le mil de la mort a un prix.

Par ailleurs, le cinéma palestinien était à l’honneur. Sylvain Dryer, maître de conférences en lettres modernes à l’Université de Pau, spécialiste du témoignage et des formes documentaires, a fait une intervention sur les cinéastes pales­tiniens qui ont réussi à rompre avec l’image stéréotypée de la cause palestinienne, dont les réalisateurs Anne Marie Jasser, Hani Abou Assaad et Michel Khleifi. Deux courts métrages ont été projetés dans la section Court d’Histoire, à savoir Les Palestiniens de Johan Van der Keuken, dont la date de production remonte à 1975, et Cyber Palestine d’Elia Suleiman, tourné en 1999. Le premier est le fruit d’une expérience personnelle, lorsque le réalisateur s’est rendu dans les camps de réfugiés palesti­niens au Liban, au début de la guerre civile. Quant au deuxième film, il tourne autour de l’histoire de Marie et Joseph qui tentent de se rendre à Bethléem ; le couple doit vivre avec l’occupation israélienne.

Cette 41e édition de Clermont-Ferrand a prouvé une fois de plus que le festival est à même d’attirer tous les âges et d’intégrer les diffé­rences. Il mise sur le fait que la qualité artistique peut franchir tous les obstacles et prendre le dessus sur les autres critères.

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