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Hala Loutfi : Les lois sur le cinéma sont conçues pour faire profiter les Tycoon de l’industrie

Yasser Moheb, Lundi, 31 décembre 2018

Réalisatrice et productrice, Hala Loutfi ouvre la voie à d’autres cinéastes indépendants avec sa société Hassala (tirelire). Se passant du star system, elle travaille actuellement sur un nouveau projet de film.

Hala Loutfi
(Photo : Hassan Amin)

Al-Ahram Hebdo : Pourquoi avez-vous décidé de passer de la réalisation à la production avec le nouveau film Leil Khargui (nuit extérieure) ?

Hala Loutfi : Ce n’est pas ma première expérience dans le domaine de la production. J’ai également produit mon premier long métrage en tant que réali­satrice, Al-Khoroug Lel Nahar (la sortie vers le jour). Mais ce qui est différent cette fois-ci, c’est que Leil Khargui est réalisé par Ahmad Abdallah Al-Sayed et produit par Hassala (tirelire), cette petite société de production que nous avons fondée en vue de produire différentes oeuvres. En effet, la loi en Egypte ne permet pas d’avoir des producteurs individuels, mais des sociétés de production. Du coup, nous avons déjà pro­duit quatre longs métrages dans l’objectif de tourner des films signés par de jeunes cinéastes. Ahmad Abdallah, étant l’un de mes meilleurs amis, m’a fait lire son script dès les premières pages. Je suis intervenue dans les préparatifs de la production, d’abord en tant qu’amie, puis en tant que professionnelle. Le travail se passe ainsi dans les milieux dits du cinéma indépen­dant, où l’on ne compte pas trop sur le recours aux stars, mais sur l’amour du partage et l’amitié entre nous, pour s’engager dans l’oeuvre de la meilleure façon possible. Le producteur ne se contente donc pas de fournir le financement nécessaire.

— Vous dites souvent être contre le star system qui domine la scène cinématographique. Cela vous a conduite à travailler avec de nouveaux cinéastes et techniciens, leur donnant la chance de se faire connaître. Comment cela se passe-t-il ?

— Je trouve que c’est une véritable chance de tra­vailler avec de jeunes talents, presque tous remar­quables. Toutefois, cela nécessite l’obtention d’autori­sations de la part du syndicat égyptien des artistes pour ceux qui n’en sont pas membres, et c’est assez compli­qué comme procédure. Les producteurs sont obligés de payer des frais supplémentaires à chaque fois, comme si on était puni pour le simple fait de vouloir aider des artistes en herbe. Par exemple, le syndicat n’a pas admis comme membre le comédien Chérif Al-Dessouqi, qui a fini par remporter le prix de l’interprétation mas­culine au dernier Festival du film du Caire pour son rôle dans le film Leil Kharégui (nuit extérieure). Il a passé des années à se battre pour se faire accepter et jouer dans des films en obtenant à chaque fois des per­mis temporaires. Malheureusement, les lois régissant l’activité cinématographique en Egypte sont conçues pour faire profiter les grandes sociétés de production et les Tycoons de l’industrie. Ceci nécessite une révision de la part de l’Etat, si ce dernier veut vraiment soutenir les artistes-créateurs et donner vie à de nouveaux cir­cuits de production. On en a grand besoin.

— Vous travaillez depuis longtemps sur le projet d’un nouveau film, pour lequel vous cherchez des subventions. Pourra-t-on le voir sur les écrans en 2019 ?

— Je prépare, depuis trois ans, un nouveau film inti­tulé Al-Kobri (le pont), qui nécessite un budget énorme. Les événements se déroulent en 3 ou 4 heures, sur le pont d’Al-Sahel, l’un des fameux ponts du Caire. Un tel film exige une certaine sécurisation des comédiens et de tout le plateau, c’est pourquoi je cherche à obtenir le budget adéquat, par l’intermédiaire des fonds arabes ou étran­gers réservés à la production cinématographique. J’espère que mon film verra bientôt le jour.

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