Hani Rached anime son musée de voitures en gypse.
Son monde artistique, relativement enfantin, ne manque jamais d’ironie. L’artiste pop art Hani Rached, réputé pour ses peintures-collages et ses monotypes teintés de kitsch et de goût populaire, s’est lancé dans une nouvelle aventure. Le résultat ? Son actuelle exposition Gypsum Museum (musée de gypse) à la galerie Machrabiya. Cette fois-ci, il fait de la sculpture sur gypse blanc, couverte d’une couche brillante d’acrylique.
Il a sculpté une trentaine de voitures, de tailles différentes et en couleur, qu’il expose par terre, dans un désordre bien étudié. Certaines sont cabossées, d’autres garées dans un parking ou ne suivent pas les voies de la circulation, etc. Bref, des voitures conçues pour dire l’état des hommes, comme dans une sorte de carnaval.
« L’acrylique utilisé avec le chrome a un effet magnifique et luisant. De quoi rendre les voitures exposées vivantes, notamment aussi grâce à leurs détails bien étudiés : vitres, pneus, châssis, lampes … », explique Rached, qui classe le travail de cette exposition sous l’étiquette de l’hyperréalisme. Ce mouvement pictural du dernier quart du 20e siècle consiste à reproduire à l’identique une image en peinture ou en sculpture, de façon tellement réaliste que le spectateur vient à se demander si la nature de l’oeuvre artistique est une peinture ou une photographie.
Et à Rached d’ajouter : « C’est très commun dans le pop art. L’attention est ainsi portée sur tous les aspects de l’ère de la consommation de masse, dans une société de plus en plus matérialiste ».
Une observation de la société
Hani Rached anime son musée de voitures en gypse.
Rached se livre à une observation de la société qui l’entoure pour capter ses éléments narratifs. « J’ai remplacé l’homme par les voitures. D’ailleurs, tous les deux subissent le même chaos. Il nous faut quand même un peu de désordre pour pimenter notre vie quotidienne », précise l’artiste, ajoutant : « L’effet d’illusion est mis en relief par l’usage du kitsch, chargé d’un goût populaire, non sans refléter la société égyptienne d’aujourd’hui ».
Ainsi, nous trouvons, parmi les voitures de Rached, celles qui représentent les classes moyenne, ouvrière ou encore aisée. Ce sont les pièces du Musée de gypse, comme le conçoit Rached. «A chacune de mes voitures son caractère, sa personnalité. Celle qui vient d’avoir un accident représente tout homme qui verse dans le chaos, favorisant ses intérêts personnels. Les voitures agencées en ligne droite sont les personnes dans l’attente d’un avenir meilleur. Les voitures les plus somptueuses sont le signe de la toute puissance et du despotisme. Je ressemble à un enfant qui joue dans sa chambre avec ses voitures en toute liberté. Une fois que j’arrête de jouer, mes voitures sont figées dans le temps et l’espace, dans l’attente d’un nouveau joueur », conclut l’artiste. Ses jouets n’ont rien de banal.
Jusqu’au 10 janvier à la galerie Machrabiya, de 10h à 21h (sauf le vendredi), 8 rue Champollion, centre-ville.
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