Malgré le froid et la pluie à Alexandrie, les locaux de Rezodance ont accueilli, la semaine dernière, plusieurs personnes intéressées par la découverte de la danse contemporaine. Et ce, dans le cadre d’un atelier gratuit ouvert à tous, offert par les organisateurs de la 6e édition du Festival Nuit de la danse contemporaine (CDN), faisant partie du Studio Ezzat Ezzat. Après avoir donné 6 nouvelles créations de danse contemporaine pendant une semaine au théâtre Al-Falaki, au Caire, à la fin du mois de novembre, le festival s’est déplacé la semaine dernière à la Bibliothèque d’Alexandrie. Une fois les représentations de danse passées, le public était invité à suivre un atelier gratuit de deux jours sur le mouvement et les bases de la danse contemporaine, animé par les chorégraphes ayant participé au festival.
Butterfly (papillon).
(Photo: Bassam Al-Zoghby)
« Le même atelier de formation a eu lieu dans mon studio près des pyramides. On vise simplement à initier les gens à la danse contemporaine. Nous avons reçu 25 personnes par jour », précise Ezzat Ismaïl, directeur du festival CDN. Et d’ajouter : « Après les spectacles, j’ai invité le public à discuter avec les danseurs et les chorégraphes. J’ai remarqué qu’il ne posait plus de questions sur l’idée du spectacle même, mais allait plus loin dans les discussions. Après six éditions, on a eu droit à des questions très précises sur le mouvement et la danse, alors qu’antérieurement, les gens avaient du mal à comprendre des idées exprimées uniquement par la danse. Le public cherche désormais à rentrer davantage dans les détails de la chorégraphie. Ce qui nous fait vraiment plaisir ».
Contre les copies conformes
It's Not About Me (il ne s'agit pas de moi).
(Photo: Bassam Al-Zoghby)
Les six spectacles présentés dans le cadre du festival étaient en interaction avec le quotidien. Il s’agissait de performances solo : It’s Not About Me (il ne s’agit pas de moi) et Them (eux), chorégraphiés respectivement par Mohamad Chafiq et Nagham Saleh et rejetant les contraintes sociales ; et de danses collectives : Les Insectes ne sont pas des vertèbres, Papillon, Marcher et Pêle-mêle. Ecrit et interprété par Sarah Gabr, le spectacle Il ne s’agit pas de moi évoque la souffrance d’une femme tout le temps à la course contre la montre, au sein d’une société masculine. Le mouvement traduit bien l’état de faiblesse, de lutte et d’écrasement. Dans Eux, le solo chorégraphié par Nagham Saleh et le danseur principal, Ezzat Ismaïl, fait face à une boîte d’où émanent les voix des médias, des voisins, de tout son entourage qui garde un oeil sur lui. Il jette la boîte par terre et rit d’un rire hilarant. Sous les applaudissements du public, il se prête à des mouvements proches de la danse orientale. Walking (marcher), de Chaïmaa Choukri, est une belle chorégraphie sur la relation homme-femme. Tout semble marcher machinalement. On s’aime, on se dispute, on se quitte, puis on revient l’un à l’autre. Le cercle continue. Ainsi va la vie. Quant aux deux spectacles Insects Are Not Vertabrates (les insectes ne sont pas des vertèbres), monté par l’Anglaise Georgia Moffa, et Butterfly (papillon), monté par le Hollandais Martijn Joling, ils touchent de près l’idée du changement et de la liberté de choix. Ces danses collectives dénoncent la conformité sociétale. Ceux qui cherchent à se distinguer des autres, à prendre un tournant différent sont souvent exclus et considérés comme des drôles d’oiseaux. Mounir Saïd signe, lui, une chorégraphie nostalgique. Shuffle-Tussle (pêle-mêle) évoquant les beaux souvenirs d’autrefois : quelques danses d’antan sur des rythmes européens, son enfance, etc. L’entrée et la sortie des danseurs sur scène sont répétitives. Les contraintes, la routine et le poids du quotidien écrasent les souvenirs. Les jeunes chorégraphes ont essayé, par l’intermédiaire du festival, d’exprimer leurs douleurs, dans une société où ils ont parfois du mal à respirer.
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