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Des films au plus près de l’humain

Yasser Moheb, Samedi, 17 novembre 2018

Du 20 au 29 novembre, la 40e édition du Festival international du film du Caire présente 160 films de 59 pays, dont beaucoup ont pour cadre des drames sociopolitiques. En plus de diverses nouveautés, une section est réservée exclusivement aux réalisatrices arabes.

Des films au plus près de l’humain

Pour sa 40e édition, du 20 au 29 novembre, le Festival international du film du Caire (CIFF) présente au public 160 films de 59 pays, répartis en 7 sélections, dont 16 long métrages en compétition officielle. Quelques-uns des films présentés cette année sont des premiers films, réalisés par de nouveaux talents du monde entier. En outre, le festival offre plusieurs nouveautés, que ce soit sur le plan des projections ou des activités.

Des films au plus près de l’humain
La Noche de 12 años (la nuit de 12 ans).

Il présente sur son écran 15 premières internationales, et ce, à travers des projections exclusives et des performances accompagnées d’un tapis rouge. Par ailleurs, deux nouveaux prix sont décernés cette année par le CIFF, à savoir le Prix du public, doté d’une somme de 29000 dollars, et le Prix du meilleur film arabe, doté de 15000 dollars, attribué par un jury spécial. Deux prix qui, selon la direction du festival, « profiteront aux cinéastes et à l’industrie, tout en représentant un nouvel élément d’attraction pour les beaux films, les motivant à participer au festival du Caire au lieu de préférer d’autres festivals ».

De nombreux films présentés cette année au festival ont pour sujet les différents drames de l’être humain partout dans le monde. Certains films s’intéressent à la question de savoir comment l’Europe d’hier a façonné et façonne encore celle d’aujourd’hui quant aux réfugiés et aux expatriés. Citons à titre d’exemple l’acclamé Amin du Français Philippe Faucon, encensé par la critique lors de sa participation à la Quinzaine des Réalisateurs au dernier Festival de Cannes et interprété par Emmanuelle Devos, Moustapha Mbengue, Marème N’Diaye et Noureddine Benallouche. Le film suit le voyage d’Amin du Sénégal vers la France pour gagner le pain de toute sa famille. Un récit poignant sur la solitude et le déracinement, étant donné que le cinéma de Faucon ne se résume pas qu’à la présentation des événements et des faits de société, mais pose un regard attentionné sur chacun de ses personnages pour en découvrir l’originalité, doté d’une sincérité impressionnante. Dans son cinéma, les gestes, les regards, les mouvements des corps et même les grimaces expriment bien plus que les rares paroles de ses protagonistes condamnés au silence.

Des films au plus près de l’humain
Fatwa.

Le Festival présente également le troisième long métrage du réalisateur uruguayen, installé à Madrid, Alvaro Brechner : La Noche de 12 años (la nuit de 12 ans). Inspiré d’un ouvrage signé Mauricio Rosencof et Eleuterio Fernandez Huidobro, le film pose la question de savoir jusqu’à quel point un être humain peut résister et rester loyal. Rosencof et Fernandez eux-mêmes ont parcouru, à partir de 1973 et pendant les douze ans dont parle le titre du film, plus de quarante des prisons présentes pendant la dictature militaire en Uruguay. Un drame socio-politique au fond historique, qui a fait son avant-première mondiale dans la section Orizzonti de la 75e Mostra de Venise.

Dans la lignée des drames socio-politiques s’intéressant aux citoyens broyés par les circonstances sociales, idéologiques ou politiques dans lesquels ils se trouvent plongés, soulignons la projection du nouveau film tunisien Fatwa, du réalisateur Mahmoud Ben Mahmoud, coproduit par les frères Dardenne et lauréat de l’un des prix des dernières Journées cinématographiques de Carthage. Cette fiction suit un père, Ibrahim Nadhour, Tunisien installé en France depuis son divorce, qui rentre à Tunis pour enterrer son fils Marwan, mort dans un accident de moto. Il découvre que son fils militait au sein d’une organisation salafiste, ce qui le pousse à vouloir mener son enquête pour identifier les personnes qui l’ont endoctriné. Peu à peu, il en vient à douter des circonstances de sa mort. Le film est interprété par Ahmed Hafiane, Ghalia Ben Ali et Sara Hanachi.

Une section pour les réalisatrices arabes

Des films au plus près de l’humain
Ralph Fiennes.

Face à une compétition officielle au profil renouvelé, berçant entre des oeuvres des grandes écoles cinématographiques et des oeuvres de cinéastes qui y viennent pour la première fois, le jury de cette 40e édition du Festival du Caire comprend, sous la présidence du Danois Bille August, 4 femmes— l’actrice libanaise Diamand Bou Abboud, la réalisatrice égyptienne Hala Khalil, la comédienne belge Natacha Regnier et l’actrice kazakhe Samal Yeslyamova— et 4 hommes, soit le réalisateur philippin Brilliante Mendoza, l’acteur tunisien Dhafer L’Abidine, le réalisateur italien Francesco Munzi et le producteur et écrivain argentin Juan Vera. 7 nationalités donc de 4 continents. Ce comité du jury dévoilera son palmarès, le jeudi 29 novembre, au cours de la cérémonie de clôture.

Il reste à souligner que cette 40e édition rendra hommage au célèbre comédien britannique Ralph Fiennes, en plus de la star égyptienne, le comédien Hassan Hosni et au jeune compositeur musical égyptien Hicham Nazih. Le festival du film du Caire entend par ailleurs agir pour l’égalité entre les hommes et les femmes dans le monde si masculin du cinéma. Il consacre donc tout une section aux réalisatrices arabes, ce groupe purement féminin contenant la Saoudienne Hayfaa Al-Mansour, les deux Egyptiennes Hala Khalil et Hala Loutfi, les deux Palestiniennes May Al-Masri et Annemarie Jacir, la Tunisienne Kaouther Ben Hania, l’Algérienne Sofia Djama, l’Emiratie Noujoum Al-Ghanem et la Syrienne Gaya Jiji. 9 films sont projetés dans ce cadre, reflétant les idées et le talent de chacune de ces réalisatrices .

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