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Kédba Beida : Un couple face au mensonge

Yasser Moheb, Mercredi, 07 novembre 2018

La jeune réalisatrice syrienne Nour Arnaöut signe, avec Kedba Beida (mensonge blanc), un premier long métrage bien travaillé et porté par un jeune casting frais, mais sans grand éclat thématique.

Kédba Beida : Un couple face au mensonge
L'Américaine fascinée par la culture et les traditions égyptiennes

Ce premier film Kédba Beida (mensonge blanc), écrit et réalisé par la Syrienne Nour Arnaöut, est un récit tendre sur l’histoire d’un jeune égyptien, Ahmad — interprété par le jeune Sami Al-Cheikh — qui, vivant aux Etats-Unis depuis des mois, décide de venir au Caire avec sa fiancée américaine, Kristy — jouée par l’Américaine Alexandra Grossi — pour célébrer leur mariage au sein de sa famille. Mais il a caché à sa bien-aimée qu’il a déjà tout vendu et réglé ses affaires aux Etats-Unis, dans l’intention de s’installer pour toujours en Egypte. Une ruse que la jeune mariée découvre, par hasard, pendant les noces.

De là commence une série de problèmes entre le jeune couple. Reprenant un sujet qui n’est pas tout à fait nouveau, celui de la différence des cultures et des coutumes orientales par rapport à celles de l’Occident, le film Mensonge blanc essaie toutefois d’aborder le thème sous un angle différent, celui de la fascination et du respect et non pas de la critique. Seul le père de la fiancée, américain, représente dans le film le type critiquant toujours le côté conservateur et classique de l’idéologie orientale et exhibant les idées de certains Occidentaux qui croient que les Egyptiens vivent dans le désert et n’ont que les chameaux comme moyen de transport.

A l’inverse, les autres membres de la famille américaine, la mère — interprétée par l’actrice américaine Beth Broderick — et la soeur — jouée par la Canadienne d’origine croato-italienne Alicia Dea — sont fascinés par la culture et les traditions égyptiennes, et essaient de les respecter et de les suivre autant que possible. Ce qui fait tourner les événements du film en dérision. Certaines attitudes orientales, et surtout égyptiennes, sont suivies de l’acceptation et parfois de l’admiration de la famille américaine, malgré l’étrangeté de ces coutumes.

Un procédé plus ou moins intelligent de la part du scénario pour pouvoir présenter les deux points de vue. Le film présente quelques séquences plus fines que prévues sur la relation Orient/Occident, dont l’amitié et l’entente qui, à elles seules, réussissent à vaincre les problèmes. Le discours reste, dans certaines scènes en arrière-plan, jamais trop démonstratif malgré quelques dialogues explicatifs. Un outil recherché par Nour Arnaöut, qui a écrit l’histoire en anglais, avant de laisser au scénariste égyptien Loaï Al-Sayed le soin de rédiger le script de l’oeuvre.

Belle promesse pour un premier film

Evidemment, comme tout premier film qu’il est, Kedba Beida n’est pas parfait et a certes ses défauts. On y dénote, en effet, quelques problèmes de rythme, un montage un peu trop instable par moments, berçant entre lenteur et vitesse, quelques trous scénaristiques, pas mal de faux-raccords et un aspect artisanal qui pourrait en repousser certains. Mais ce qui laisse l’oeuvre passer, c’est le travail technique de l’ensemble : une mise en scène posée et étudiée dans sa totalité : décor, éclairage, image et cadrage, ce qui prouve un certain travail de style de la part d’Arnaöut.

A ce titre, le casting est plutôt bien choisi. Si Hala Fakher était insipide dans quelques-uns de ses derniers rôles, elle trouve ici un caractère qui lui permet de nous montrer son jeu d’actrice comique. Le jeune acteur égypto-américain Sami Al-Cheikh excelle, malgré une certaine fadeur ou du over-acting dans quelques scènes, à jouer un personnage qui lui est assez autobiographique.

Quant à la jeune actrice américaine Alexandra Grossi, poupée sexy au début, elle se transforme en demoiselle de principes dans la dernière partie du film et fait preuve d’un certain charisme qu’on ne soupçonnait pas chez elle, vu sa jeune filmographie. Presque tous les autres personnages sont aussi bien utilisés, surtout Mohamad Sallam, qui incarne à merveille le jeune frère drôle du héros. Avec Nahed Al-Sébaï, ils excellent à présenter un exemple de jeunes égyptiens, vivant dans un entourage modeste et qui, prisonniers de leur environnement social, révèlent leur vrai visage doux et exemplaire au cours du récit.

Malgré ses défauts techniques et artistiques, le long métrage se tient droit jusqu’à sa fin pour tenter de donner du souffle à son histoire. Avec beaucoup d’attention et de compromis, on trouve une certaine affection pour l’oeuvre, qui respire l’amour malgré les différences. L’essentiel est là. Kédba Beida n’est pas un film exclusivement sur la différence des civilisations et des cultures, mais plutôt une histoire d’amour qui essaie de s’épanouir malgré différences et contrariétés. Nour Arnaöut nous offre, en bref, un premier film prometteur et parfois comique.

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