L’absurdité du quotidien, selon Mohamed Al-Masry.
Le centre-ville cairote, cet espace porteur d’une identité urbaine des années 1960, autrefois belle et attirante, s’est effacé le long des années. On ne connaît plus cette image d’autrefois. On vit plutôt dans le chaos et la déformation. Pourtant, le centre-ville garde toujours un aspect qui relève du passé et un air nostalgique.
Dans l’exposition collective West Al-Balad (le centre-ville) à la galerie Misr, 13 jeunes artistes s’inspirent du centre-ville au quotidien, avec tous ces aspects contradictoires : le passé, le présent, la beauté, la laideur, la liberté et l’oppression.
L’art de la photographie est bien présent dans l’exposition. Mais, il s’agit de photos manipulées, qui suggèrent souvent un centre-ville très différent.
Les détails urbains marquants du centre-ville et son architecture particulière sont bien révélés à travers les photos de Medhat Ibrahim. Le photographe retouche ses photos et y associe des gens de la rue … Les traits des visages se reflètent sur les immeubles … Ils font partie des lieux, des bâtiments, bref du décor du centre-ville cairote. Ce sont des visages que l’on peut croiser dans les rues du centre-ville, un jour ou l’autre.
Avec humour, les deux images de Mohamed Al-Masry dénoncent l’absurdité du quotidien. Il manipule ses deux photos en noir et blanc de deux grandes statues marquantes des quartiers du centre-ville, celles de Moustapha Kamel et Talaat Harb. Il leur ajoute des ballons de toutes les couleurs. Et les deux statues glorieuses se transforment alors, sur les photos, en vendeurs de ballons, aux couleurs joyeuses.
Mennah Guenédy associe plusieurs matériaux et méthodes de travail dans ses tableaux. Elle a recours à la photographie, au dessin, à la peinture, au collage et évoque subtilement le chaos du centre-ville.
Les anciens véhicules et les moyens de transport ne sont aussi qu’un autre aspect du centre-ville. Plusieurs peintures en acrylique d’Ahmed Talal montrent des véhicules en mauvais état et des moyens de transport bondés de gens. Les voitures de luxe ne l’intéressent pas, ce qui l’intéresse ce sont les moyens de transport qui ont du mal à circuler.
La sculpture de Kamal Al-Fiqqi symbolise une foule chaotique. Chaque personne tente de s’imposer et de se faire une place. La foule perd son équilibre. Les gens sont tantôt à l’envers, tantôt à l’endroit. La sculpture résume en effet l’image réelle du centre-ville.
Les deux peintures d’Aya Al-Fallah font allusion à l’image de la femme. Elle peint une fille avec un soutien-gorge noir. Sa position révèle une force et une persévérance à faire face à l’autre. Ensuite, Al-Fallah localise sa protagoniste, en insérant une partie de la carte du centre-ville. Les deux tableaux intitulés Le soutien-gorge défient la répression exercée contre les femmes du centre-ville, notamment celles qui participent aux manifestations. Car on a tendance à utiliser leur nudité, leur sexe, pour les intimider. Le centre-ville est un endroit qui abonde de vie et qui fait souvent appel aux libertés, en dépit du chaos et des bruits.
Jusqu’au 18 juillet, de 10h à 22h (sauf le vendredi) à la galerie Misr, 4 a, rue Ibn Zanki, de Hassan Sabri, Zamalek. Tél. : 2735 0604
Lien court: