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Les scènes d’un quotidien déformé

May Sélim, Mardi, 11 juin 2013

L'exposition West Al-Balad (centre-ville) réunit 13 jeunes artistes contemporains dont les oeuvres se penchent sur les changements que ce quartier connaît aujourd’hui.

West Al-Balad
L’absurdité du quotidien, selon Mohamed Al-Masry.

Le centre-ville cairote, cet espace porteur d’une identité urbaine des années 1960, autrefois belle et atti­rante, s’est effacé le long des années. On ne connaît plus cette image d’autrefois. On vit plutôt dans le chaos et la déformation. Pourtant, le centre-ville garde toujours un aspect qui relève du passé et un air nostalgique.

Dans l’exposition collective West Al-Balad (le centre-ville) à la galerie Misr, 13 jeunes artistes s’inspirent du centre-ville au quoti­dien, avec tous ces aspects contradictoires : le passé, le présent, la beauté, la laideur, la liberté et l’oppression.

L’art de la photographie est bien présent dans l’exposition. Mais, il s’agit de photos manipulées, qui suggèrent souvent un centre-ville très différent.

Les détails urbains marquants du centre-ville et son architec­ture particulière sont bien révé­lés à travers les photos de Medhat Ibrahim. Le photo­graphe retouche ses photos et y associe des gens de la rue … Les traits des visages se reflè­tent sur les immeubles … Ils font partie des lieux, des bâtiments, bref du décor du centre-ville cairote. Ce sont des visages que l’on peut croiser dans les rues du centre-ville, un jour ou l’autre.

Avec humour, les deux images de Mohamed Al-Masry dénoncent l’absurdité du quotidien. Il manipule ses deux photos en noir et blanc de deux grandes statues marquantes des quar­tiers du centre-ville, celles de Moustapha Kamel et Talaat Harb. Il leur ajoute des bal­lons de toutes les couleurs. Et les deux statues glorieuses se transforment alors, sur les pho­tos, en vendeurs de ballons, aux couleurs joyeuses.

Mennah Guenédy associe plusieurs maté­riaux et méthodes de travail dans ses tableaux. Elle a recours à la photographie, au dessin, à la peinture, au col­lage et évoque subtilement le chaos du centre-ville.

Les anciens véhicules et les moyens de transport ne sont aussi qu’un autre aspect du centre-ville. Plusieurs peintures en acrylique d’Ahmed Talal montrent des véhicules en mauvais état et des moyens de transport bondés de gens. Les voi­tures de luxe ne l’intéressent pas, ce qui l’in­téresse ce sont les moyens de transport qui ont du mal à circuler.

La sculpture de Kamal Al-Fiqqi symbolise une foule chaotique. Chaque personne tente de s’imposer et de se faire une place. La foule perd son équilibre. Les gens sont tantôt à l’en­vers, tantôt à l’endroit. La sculpture résume en effet l’image réelle du centre-ville.

Les deux peintures d’Aya Al-Fallah font allusion à l’image de la femme. Elle peint une fille avec un soutien-gorge noir. Sa position révèle une force et une persévérance à faire face à l’autre. Ensuite, Al-Fallah localise sa protagoniste, en insérant une partie de la carte du centre-ville. Les deux tableaux intitulés Le soutien-gorge défient la répression exercée contre les femmes du centre-ville, notamment celles qui participent aux manifestations. Car on a tendance à utiliser leur nudité, leur sexe, pour les intimider. Le centre-ville est un endroit qui abonde de vie et qui fait souvent appel aux libertés, en dépit du chaos et des bruits.

Jusqu’au 18 juillet, de 10h à 22h (sauf le vendredi) à la galerie Misr, 4 a, rue Ibn Zanki, de Hassan Sabri, Zamalek. Tél. : 2735 0604

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