Impossible de passer en revue les créations du théâtre arabe contemporain sans s’attarder sur les séquelles de la guerre. Les crises, les bombardements et les conflits n’empêchent guère la production théâtrale. Bien au contraire, celleci devient un élément de vie et de résistance. Malgré l’absence du soutien des divers Etats en guerre, les hommes et les femmes de théâtre poursuivent leurs activités. Les exemples sont nombreux et l’édition actuelle du Festival du Caire pour le théâtre contemporain et expérimental, qui se déroule jusqu’au 21 septembre, en rassemble quelquesuns sous l’étiquette « Théâtre sous les bombardements ».
Dans le cadre du festival, un colloque spécialisé est consacré aux discussions autour de ce thème, mettant l’accent sur les divers impacts de la situation de conflit. La comédienne libanaise Randa Al-Asmar y a évoqué, par exemple, son expérience de femme qui a vécu le déchirement de son pays durant les années de la guerre civile, déclarant : « Faire du théâtre offre un moyen de résister sur le plan psychologique, artistique, etc. ». Son concitoyen Machhour Moustapha a souligné, quant à lui, que les guerres avaient poussé les jeunes à investir les espaces non traditionnels, tels les garages et autres, pour les transformer en espaces scéniques.
Le comédien syrien Assaad Faddah a évoqué les situations pénibles dont souffrent les troupes de théâtre dans son pays. La Syrie est en guerre depuis 8 ans, néanmoins, les jeunes gens du théâtre continuent de travailler avec le strict nécessaire. Il y a aussi des troupes indépendantes qui continuent de se former, telle Al-Mokhtabar Al-Masrahi (le laboratoire théâtral), qui a élu siège à l’Institut des arts dramatiques de Damas. Pour ce qui est de la Palestine, la comédienne Iman Aoun et sa troupe Aashtar ont développé le Théâtre des opprimés, soit un théâtre qui vise à inciter sur le vif le public à agir et à proposer des solutions et ensuite à transmettre ces propositions aux autorités. La comédienne a également évoqué le spectacle qu’elle a initié au lendemain du Printemps arabe, Les Monologues de Gaza.
L’iraqien Abdel-Kérim Aboud a décrit le théâtre du dramaturge décédé Youssef Al-Aani comme un théâtre de la résistance par excellence. Dans les pays en crise, malgré l’atrocité des guerres, le théâtre affirme haut et fort la présence de ses créateurs. Les débats se poursuivent ainsi tous les jours du festival, à partir de 10h, au Conseil suprême de la culture.
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