Fawzy en présence du maître Nagui Chaker.
Al-Ahram Hebdo : Votre spectacle Imaginations 7 vient de remporter le prix du carnaval mondial des marionnettes Petrushka 2018. De quoi s’agit-il ?
Mohamed Fawzy : C’est un spectacle créé par ma compagnie indépendante Kayan Marionnettes. L’idée de ce spectacle, écrit par Racha Abdel-Moneim, remonte à l’an 2010. J’ai voulu fusionner plusieurs techniques de théâtre. C’est une fusion de plusieurs formes d’arts de la performance. Je cherchais des comédiens qui maîtrisent l’art de l’animation des marionnettes aussi bien que l’interprétation. Imaginations 7 part de l’histoire d’une petite fille qui célèbre son anniversaire. Son ami de classe s’est absenté, alors elle s’est sentie triste et a renoncé à toute célébration, préférant rester seule dans sa chambre obscure. Elle reçoit une boîte de cadeaux, d’où sortent des objets différents, qui prennent vie sur scène et cherchent à lui changer d’humeur. Le théâtre noir donne naissance à une série de scènes très variées. Des gants blancs et un chapeau forment des oiseaux qui s’envolent, un petit poisson qui découvre les tréfonds de la mer, etc. Tout au long du spectacle, j’essaye de remplacer les dialogues par des scènes visuelles. Ainsi, les couleurs, le mouvement et la forme des objets constituent mes outils pour s’adresser aux petits. Le tout est présenté à travers une chorégraphie élaborée et une mise en scène musicale. Ce prix est dédié à mon mentor, récemment disparu, Nagui Chaker.
— Imaginations 7 a connu sept versions différentes depuis 2010 jusqu’à présent. Quelles sont les différences entres ces diverses versions ?
— L’idée du départ est basée sur une histoire simple. Mais après les ateliers de formation que j’ai organisés dans diverses provinces égyptiennes, j’ai ajouté des scènes et retravaillé d’autres. Le spectacle a profité des idées des stagiaires et de leurs potentiels. Ce fut donc le cas des scènes Puppet Got Talent (une simulation des concours télévisés de chant et de talents). Autre scène est celle de l’haltérophilie et la rivalité entre un athlète et un oiseau. J’ai ajouté encore les scènes de la machine à laver, des théières qui parlent en imitant les sons de l’échelle musicale, etc. Au fur et à mesure, l’histoire se développe et nous fait plonger un peu dans un conte de fées où la petite fille devient une princesse en quête de son prince charmant. Imaginations 7 est une récapitulation de toutes les anciennes versions. J’ai créé mes marionnettes à partir des éléments de l’environnement qui m’entoure. J’ai eu recours à des objets et appareils électroménagers simples : des balais, des ustensiles de cuisine, etc.
— Comment avez-vous rencontré Nagui Chaker, un maître incontesté de l’art des marionnettes ?
— Ma première rencontre avec Nagui Chaker était en 2006. Je me suis présenté pour un stage de formation au Théâtre des marionnettes. A l’époque, ce stage visait à former des marionnettistes, afin de les embaucher par la suite au théâtre. A la fin du stage, les participants proposaient des projets artistiques et les meilleurs entraient en sélection. Mon projet consistait à allier les techniques de la manipulation des marionnettes et celles du jeu ensemble. J’aime mettre souvent en relief le rapport entre la marionnette et son créateur ou son manipulateur. Chaker a beaucoup apprécié cette approche humaine et réaliste.
— Comment Chaker vous a-t-il soutenu tout au long de votre carrière ?
— J’ai eu souvent recours à lui en tant que professeur et maître. Il me guidait durant mes créations. Il m’accueillait souvent chez lui, à la maison, et mettait à ma disposition tous les ouvrages de sa bibliothèque. Il a accepté d’être le président d’honneur du Festival virtuel des marionnettes, tenu en 2017 et organisé par la troupe indépendante que j’ai fondée. Il a supervisé le projet de la fabrication des marionnettes du soldat en fer blanc, animé par l’artiste allemand, résidant en Islande, Bernd Ogrodnik et moi-même, durant le spectacle tenu au Théâtre des marionnettes à Ataba.
— Vous aviez également un projet commun, celui du théâtre d’Al-Gorn, faisant le tour des gouvernorats égyptiens, sous la direction du metteur en scène Ahmad Ismaïl. En quoi le projet consistait-il ?
— Le projet consistait à lancer des ateliers de formation pour les élèves des écoles primaires et préparatoires, dans les provinces égyptiennes, dans le cadre du théâtre itinérant d’Al-Gorn, initié par le metteur en scène Ahmad Ismaïl. J’ai travaillé, sous la surveillance de Nagui Chaker, avec les élèves de 8 provinces en Egypte, en 2016. L’atelier usait de l’art pour atteindre le développement social. Ainsi, on a initié les petits et les adolescents à découvrir la marionnette et à la fabriquer à partir des moyens à leur portée.
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