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Le vent du changement souffle sur l’Arabie

Mohamed Atef, Lundi, 18 juin 2018

Le feuilleton saoudien Al-Assouf (vents violents) relate l’histoire d’une famille du pays, dont les membres ont témoigné de l’évolution du Royaume dans les années 1970. Une oeuvre qui soulève beaucoup d’intérêt et de critiques.

Le vent du changement souffle sur l’Arabie
Al-Assouf (vents violents), une manière différente de voir l’Arabie saoudite

Depuis l’apparition de la télévision dans les années 1960, les feuilletons égyptiens ont la côte dans le monde arabe. Mais ces dernières années, ils ont eu des concurrents non négligeables, à savoir les feuilletons syriens à un moment donné, avant le Printemps arabe, et cette année-ci, c’est surtout le tour aux pays du Golfe à rivaliser avec les productions égyptiennes.

Il s’agit, entre autres, du feuilleton saoudien Al-Assouf (vents violents) du réalisateur Al-Mossana Sobh, d’après le scénario de Abdel-Rahmane Al-Wayli. Ce drame a suscité un vif enthousiasme, vu son niveau relativement élevé par rapport aux précédentes productions saoudiennes et vu également la nature de son sujet critique. Car il traite des changements sociaux dont a témoigné la monarchie pétrolière durant les années 1970 : le mode de vie, les idées récurrentes, les us et coutumes, l’évolution économique, etc. L’influence de la culture égyptienne à cette époque est assez présente, par le biais du personnage de Mohsen (campé par Abdel-Illah Al-Sanani), qui a fait ses études à l’Université du Caire et qui s’est largement imprégné de la culture égyptienne. Mohsen symbolise, tout au long des épisodes, le « réformateur » éclairé qui cherche à combattre le conservatisme et le rigorisme.

A certains égards, le feuilleton a soulevé les réserves de pas mal d’Egyptiens lesquels n’ont pas beaucoup apprécié la manière de présenter Gamal Abdel-Nasser, en montrant que son influence était mal vue par les plus rigoristes. Sa photo est même brûlée dans le feuilleton après sa mort.

Le feuilleton s’est également attiré les foudres de quelques spectateurs saoudiens, lesquels ont mal jugé, par moments, la légèreté des moeurs de la femme saoudienne. Ils ont protesté contre le fait de montrer une femme mariée qui reçoit un homme chez elle (le comédien Nasser Al-Qassabi) en cachette.

Production colossale

Le grand nombre de comédiens ayant participé à l’oeuvre, dont Rim Abdallah, Habib Al-Habib et Laïla Al-Samane, reflète la générosité de la production. En effet, le feuilleton est produit par deux des boîtes les plus renommées de l’Arabie et des Emirats arabes unis. Il est diffusé exclusivement sur la première chaîne saoudienne, se taillant la part du lion de l’audimat.

Al-Assouf n’est pas sans miroiter les dernières évolutions que connaît l’Arabie saoudite. Car en dépit des attaques contre le feuilleton, il constitue l’un des plus visionnés dans le monde arabe, notamment dans la région du Golfe. Il aura peut-être une deuxième et une troisième parties, afin de poursuivre la saga du Royaume, mettant en lumière plusieurs aspects, jusqu’ici peu évoqués. Bien que le feuilleton soit riche en événements, la manière d’aborder ces différents aspects est assez simple et dénudée de toute prétention ou élaboration savante. Un zeste comique vient souder l’ensemble et rendre le repas plus facile à digérer.

La construction dramatique rappelle en quelque sorte les drames classiques égyptiens des années 1980, comme Aëlat Al-Doghri (la famille Al-Doghri) et Al-Chahd wal Domoue (bonheur et larmes), lesquels relataient le récit de vie d’une même grande famille.

C’est sans doute l’une des productions arabes les plus remarquables de l’année, à même de rivaliser avec les feuilletons télévisés égyptiens .

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