Sous l’étiquette Musique du monde, elles sont bien classées, les soeurs Sarah et Laura Ayoub, âgées respectivement de 25 et de 22 ans. Elles se sont produites la semaine dernière en Egypte, jouant en duo des morceaux de leur répertoire, qui mêle jazz classique, musique arabe et chansons traditionnelles écossaises. Les deux musiciennes sont nées de parents égyptiens, mais ont vécu toute leur vie en Ecosse.
Le concert s’est déroulé au théâtre The Marquee au Nouveau Caire, et elles étaient accompagnées de la chorale Cairo Celebration, dirigée par Nayer Nagui. Au programme, quelques arrangements nouveaux de chansons arabes : Helwa Ya Baladi (qu’il est beau mon pays), Salma Ya Salama (bon voyage et bonne arrivée), Lama Bada Yatassana (quand il a fait apparition) et Ah Ya Zein (ô toi beauté). Sarah, violoncelle et piano, et Laura, violon et piano, ont suivi une formation classique à l’Ecole de musique de l’Académie Douglas à Milngavie, dans la banlieue de Glasgow, en Ecosse. Elles sont connues pour leur capacité à changer d’instrument sur scène pendant l’interprétation et à jouer deux instruments à la fois en ayant recours à la technique du loop station, qui permet d’enregistrer des boucles musicales en direct à l’aide d’une machine souvent au format pédale. « Le loop station nous permet de changer d’instrument tout en jouant en direct. D’où le fait de passer admirablement d’un style à l’autre, de la musique classique au jazz, du hip-hop au funk, de la pop à la musique arabe classique, etc. », explique Sarah Ayoub. Et sa soeur Laura de poursuivre: « C’est très excitant pour nous d’avoir été choisies parmi les cinq nominés de la prestigieuse compétition Classic BRIT Awards 2018. Nous venons d’apprendre la bonne nouvelle. Plus jeunes, on suivait de loin avec une grande admiration cet événement musical, et nous avons longtemps rêvé d’y participer. Enfin, le rêve est devenu une réalité. Nous sommes les premières Egyptiennes à être nominées pour ce prix, remporté par les plus grands musiciens du monde, comme Andrea Bocelli et André Rieu », se réjouit-elle.
Filles d’immigrés, elles ont grandi à Milngavie, en Ecosse, mais ont toujours écouté de la musique classique arabe à la maison. Ainsi, Oum Kalsoum, Faïrouz et Omar Khaïrat ont bercé leur enfance. Avec leurs parents, Sarah et Laura assistaient également de manière régulière aux concerts du Royal Scottish National Orchestra (RSNO). D’où leur passion pour la musique, notamment la musique classique arabe ou écossaise. Laura a étudié le violon et le piano au College of Music de Londres, tandis que sa soeur, Sarah, s’est formée au violoncelle et au piano au Conservatoire Royal d’Ecosse. En 2014, Sarah rejoint sa soeur Laura à Londres. Au bout d’un an, elles remportent le concours national The Big Music Project. Ainsi, elles ont l’occasion de se produire, en 2016, au Royal Albert Hall lors d’un concert organisé par Classic FM.
Un premier album
Les Soeurs Ayoub ont ensuite acquis une renommée internationale, signant par la suite un important contrat d’enregistrement avec le producteur de pop et disc jockey britannique Mark Ronson. C’est ce dernier qui a découvert et soutenu le talent des Soeurs Ayoub. « Mark Ronson a été touché par notre interprétation créative et différente de sa chanson. Il nous a alors invitées à réenregistrer notre tube Uptown Funk au somptueux studio Abbey Road. Il nous avait repérées parmi plus de 10000 participants lors d’un concours du BRIT Awards 2016 pour la musique pop », raconte Laura.
Le soir même de ce concours, les Soeurs Ayoub ont signé le contrat avec Universal Music’s Decca Records. Il en est sorti un premier album en septembre 2017, ayant pour titre The Ayoub Sisters, enregistré au studio Abbey Road avec le Royal Philharmonic Orchestra.
Il s’agit de nouveaux arrangements musicaux effectués par les chefs d’orchestre Paul Campbell et Mark Messenger. Ce mélange éclectique, qui va de Billie Jean de Michael Jackson à Shostakovich et Johnn Strauss, en passant par Pie Jesus de Lloyd Webber, a eu un succès fou. « Call to Prayers, morceau pour violon et violoncelle accompagné d’un orchestre symphonique, est inspiré du chant du muezzin, annonçant l’heure de la prière en islam, et des liturgies coptes. C’est un message d’unité », indique Laura. Ensuite, Sarah prend le fil de la conversation: « Notre musique à base classique est influencée par notre héritage commun ».
En janvier 2019, les Soeurs Ayoub viendront une nouvelle fois en Egypte, pour jouer, cette fois, à l’Opéra du Caire, accompagnées par l’Orchestre symphonique du Caire.
Les Soeurs Ayoub en tournée
Le 13 juin 2018 : Royal Albert Hall, Londres.
Le 1er août : Cérémonie d’ouverture de l’European Championship.
Le 8 septembre : Proms in the Park, Glasgow, avec le Scottish Symphony Orchestra.
Janvier 2019 : Opéra du Caire, dans la grande salle, avec l’Orchestre symphonique du Caire. Le jour reste à déterminer.
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