Des femmes en peinture à la galerie Misr — voici tout un monde d’inspiration classique et chargé d’états d’âmes, de sensations féminines et d’émotions subtiles, au contentement doux, calme, suave et contemplatif, signé par l’artiste-peintre Héba Hussein.
Disciple fidèle du célèbre artiste défunt Hassan Soliman, maître incontesté du genre figuratif, Héba se distingue par un art pictural moderne qui préserve le classique tout en donnant à ses portraits une grande ampleur et une forte présence. Des portraits qui communiquent au-delà des modèles très expressifs représentés, des sentiments à partager. Les expressions sont différentes d’un portrait à l’autre. Le tout est régi par une palette de peintures à l’huile riche en nuances et en tonalités, accentuée par un effet de transparence et un travail minutieux. Les possibilités avec l’huile sont infinies, cela ressort clairement de la vingtaine de portraits de Héba Hussein, exposés pour la première fois et qui lui ont pris cinq ans de travail assidu, de 2014 à 2018.
L’exposition comporte deux peintures phares qui remontent à l’année 1985, pendant laquelle Héba Hussein a suivi des cours d’art dans l’atelier de son mentor Hassan Soliman. Il s’agit de deux portraits d’une même femme, sur toile vintage et aux couleurs ternes et pâles. « Savoir choisir mon support et bien le préparer, c’est ce que m’a appris mon maître Hassan Soliman. Mon art est capable d’utiliser comme modèles des objets du réel, comme il peut être également la représentation d’un monde irréel, né de mon imagination d’artiste », déclare Héba Hussein, dont l’imagination s’inspire de la lumière, des perspectives, des couleurs et, surtout, des états d’âmes.
C’est dans un « Isolement Total » — aussi le titre de l’exposition — que l’artiste a choisi de peindre les portraits de ces femmes modèles, aux contours soignés, aux détails précis, à la composition harmonieuse, symétrique et simple, aux lignes verticales et horizontales stables et équilibrées, à la lumière douce et uniforme, aux couleurs vives et claires, aux mouvements peu amples, aux gestes figés et aux visages calmes et inquiets. « C’est dans ce même isolement que j’ai vécu toute ma vie, avec mes rêves, mes ambitions et mes principes, à l’écart d’un monde de mesquineries et de vanités. Il faut s’isoler pour pouvoir créer », déclare Héba Hussein.
Un monde mystérieux
Assises sur une chaise, allongées sur un divan ou un lit, au bord de la mer, regardant par une fenêtre ..., les modèles de Héba partagent un regard de la réalité lointaine, avec de grands yeux peints comme deux repères, où scintille le mystère et qui s’illuminent comme un éclair. Pour l’artiste, les yeux sont le lieu où elle cherche le sentiment le plus complet et pertinent. Dans les peintures de Héba Hussein, le temps est suspendu. De plus, le regard mi-interrogatif, mi-rêveur, tourné vers le récepteur, contribue fortement au caractère énigmatique qui se dégage des portraits. « C’est dans ce monde mystérieux que s’installent mes modèles. Je crois à la philosophie d’Aristote, qui dit que le but de l’art n’est pas de présenter l’aspect extérieur des choses, mais leur signification intérieure. Pour cela, l’apparence externe et les détails ne constituent pas la vraie réalité », déclare Héba Hussein, dont l’art joue avec la lumière et l’ombre ainsi qu’avec les couleurs chaudes et froides, afin d’atteindre, dans un parfait jeu de contrastes, un certain niveau d’équilibre, d’harmonie et de compréhension du monde.
Le décor simple qui entoure les modèles de Hussein n’est autre qu’un petit coin dans une maison, une petite partie d’une fenêtre qui donne sur le Nil, un banc couvert d’une nappe sans aucun artifice, quelques nuages, etc. Le même thème revient inlassablement dans l’art de Héba Hussein : l’individu et sa réussite personnelle, sa richesse et son pouvoir dans son environnement quotidien. L’individu se trouve projeté sur le devant de la scène dans ses peintures « expressionnistes », qui font ressortir les sentiments : la peur, la résistance, l’amour, le refus du néant, le désir d’exprimer ses sentiments, la vie, la mort, etc. « L’art classique, c’est l’art de la noblesse des sentiments », conclut Héba Hussein.
Isolement total, peintures de Héba Hussein, jusqu’au 22 juin, de 10h à 21h (sauf le vendredi), à la galerie Misr. 4,rue Ibn Zanki, Zamalek.
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