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Femmes arabes, rebelles et indépendantes

May Sélim, Lundi, 05 mars 2018

Pour son 11e édition, le Festival international du Caire des films de la femme fait honneur, du 3 au 9 mars, aux réalisatrices libanaises. En outre, un atelier de montage visant àsoutenir les jeunes réalisatrices arabes se tient en marge du festival.

Femmes arabes, rebelles et indépendantes
Submarine de Mounia Akl.

La réalisatrice Amal Ramsis célèbre la journée internationale de la femme à sa manière, en organisant tous les ans un festival international dédié aux films de la femme, aujourd’hui à sa 11e édition. Ainsi, du 3 au 9 mars, elle programme avec toute une équipe de volontaires plusieurs films sur les femmes qui brisent les tabous, expriment librement leurs rêves et font des films qui abordent les problèmes de leurs sociétés. Et elles sont nombreuses à découvrir.

Dès sa première édition, le festival, lancé en 2008 à un niveau local, s’est attelé à placer sous les feux de la rampe les activités des Films Makers femmes, sans pour autant afficher une éti­quette féministe. Puis, au fur et à mesure, sa programmation a évolué pour se voir attribuer un statut international en 2013. « On ne présente pas des oeuvres qui discutent de sujets sur la femme, mais des films signés par des femmes traitant de n’im­porte quel thème. Les femmes ne se limitent pas à des sujets féminins, sur la vie privée ou sentimentale comme autrefois, elles font aussi des films politiques, d’action, de suspense et des films de guerre », souligne Amal Ramsis dans la presse. Cette année, le festival présente quelque 54 projections variées et gratuites, sous-titrées en arabe et en anglais, qui se déroulent au cinéma Zawya, au théâtre Al-Falaki, au centre Ibdaa, à l’Institut Goethe et à l’Institut Français d’Egypte (IFE), au Caire. Accordant plus d’intérêt aux réalisatrices prove­nant du monde arabe, le film d’ouverture est signé par une Algérienne. Intitulé Until The End of Time, il s’agit du premier long métrage de Yasmine Chouikh, qui a été projeté en avant-pre­mière au 14e Festival du film de Dubaï. Il évoque la rencontre de Ali, fossoyeur au cimetière de Sidi Boulekbour, et Joher, une femme d’une soixantaine d’années venue visiter la tombe de sa soeur.

Le Liban à l’honneur

Le Liban est l’invité d’honneur de cette édi­tion, avec, au menu, les oeuvres de six réalisa­trices libanaises aspirant toutes à la liberté et dénonçant la guerre et les régimes politiques au pouvoir. Ces productions datent de 2016 et 2017 et ont été primées dans différents fes­tivals internationaux. Elles nous font voir le Liban autrement.

Mounia Akl, dans son court métrage Submarine, touche de près à, la crise des déchets qui secoue sporadiquement le Liban depuis plus de deux ans. Le ramassage des poubelles a été interrompu, générant peu à peu l’émergence de montagnes d’ordures dans certaines régions du pays. Cela implique l’éva­cuation de la population dans ces régions, mais une jeune femme rebelle refuse cet état de fait et s’accroche à l’espoir de pouvoir renverser la situation. L’évacuation ne rappelle-t-elle pas la situation critique d’un Liban tiraillé, dans le passé, par la guerre qui a imposé le départ de ses citoyens ?

La guerre a fortement influencé les différentes générations libanaises. Son impact est gravé dans la mémoire des gens. En fait, elle constitue une partie de leurs histoires. Les documen­taires Paradis perdu de Reine Mitri et Un sentiment plus grand que l’amour de Mary Jurmanis Saba dévoilent les mau­vais souvenirs de la guerre et ses images affreuses qui hantent encore la mémoire des Libanais. Quant au court métrage Histoire d’émigration de Stéphanie Koussa, il dévoile un autre aspect de l’impact de la guerre: l’exil imposé à différentes générations et le sentiment de dépaysement qui en résulte.

Dans son film Ceux qui restent, la réalisatrice Eliane Raheb part du Liban pour dénoncer d’autres guerres qui ont ravagé le monde arabe. Elle fait un zoom out, donnant à son film une vision plus large, voire plus humaine et universelle. La Maison de Lego de Yara Borello analyse subtilement l’instal­lation réalisée par un plasticien iraquien. Ce dernier ne pré­sente qu’une maison abandonnée, à moitié détruite par la guerre.

Coup de pouce aux réalisatrices arabes

Visant à soutenir les jeunes réalisatrices arabes dans leurs pre­mières productions cinématographiques, le festival lance cette année un nouveau projet intitulé Rough-Cut. Il s’agit d’un atelier de montage qui permet à six réalisatrices arabes de proposer leurs films à un jury international composé de six réalisatrices profes­sionnelles qui possèdent l’expertise nécessaire pour guider les plus jeunes dans le développement de leurs films. Azza Chaabouni, Hala Lotfi, Houda Ibrahim, Arab Loutfi et Sara Stokmann animent l’atelier pendant une semaine, en marge des activités du festival. Les jeunes participantes sont la Tunisienne Hiba Dhaouadi avec son projet Girl Of The Moon, les Libanaises Remi Itani avec A Long Breath et Nidal Ayoub avec Our Bodies Are Ours , les Egyptiennes Marwa Al-Charqawi avec Wedding Train et Kawthar Younis avec That’s How You Kill a Cactus et l’Algérienne Myriam Dorothee avec Al-Rihla.

A la fin de cet atelier, les formatrices et membres du jury vont sélectionner les deux projets considé­rés comme les plus originaux, qui recevront un soutien financier de 4000 euros. Et ce, afin de financer la postproduction et le montage définitif, ou Final Cut .

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