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La clé pour Berlin

Mona Chédid, Lundi, 05 mars 2018

Trois films égyptiens réalisés par de jeunes cinéastes ont été projetés au Festival international du film de Berlin, qui s'est achevéle 25 février dernier. Une belle chance, dont on peut néanmoins se demander si elle est tout àfait méritée.

La clé pour Berlin
Al-Ayadi Al-Khafiya (mains invisibles) de Georges Salama et Marina Gioti.

Certains films peinent à participer à des festivals internationaux en dépit de leur qualité, alors que d’autres y arrivent beaucoup plus facilement. Le mot-clé? La coproduction et l’étiquette de « cinéma indépendant ». Certains films de cette catégorie parviennent à mieux se faire remarquer à l’échelle internationale, soit parce qu’ils sont le fruit d’une coproduction, soit parce qu’ils ont réussi à décrocher une aide financière d’un fonds étranger. C’est le cas du documentaire de la réalisatrice égypto-libanaise Rim Saleh. Celle-ci avait commencé par tourner son documentaire What Comes Around (Gaméaya dans la version originale, soit Cagnotte en français) pendant deux ans dans le quartier cairote populaire de Rod Al-Farag, sans aucun appui financier. Puis elle a réussi à attirer plusieurs pourvoyeurs de fonds, arabes et euro­péens, qui soutiennent les jeunes productions. De quoi l’aider à trouver le chemin du dernier Festival international du film de Berlin, qui s’est achevé le 25 février dernier.

La réalisatrice a filmé la vie quotidienne du quartier, dont les habitants subviennent à leurs besoins grâce à un système de solidarité infaillible, en organisant des cagnottes ou gaméayas en dialecte égyptien. Les différentes histoires des habitants se chevauchent, notam­ment celle de la jeune Donia, qui utilise l’argent épargné pour se faire exciser. Rim Saleh a tourné pendant 7 ans et a ainsi pu suivre de près l’évo­lution du quartier à partir de 2010, y compris les retombées de la révolution de 2011. Cependant, elle est restée sur le registre humain et personnel, sans théoriser sur le politique. Bien qu’il soit intéressant, il n’est pas sûr que le documentaire aurait été sélectionné pour le festival s’il n’avait pas bénéficié de soutiens externes.

Science-fiction et musique

Mariam Mekkawi est une autre jeune Egyptienne qui a trouvé la voie de Berlin. Son premier film Qabl Ma Ansa (avant d’oublier) a participé à la section « Forum Expanded ». Etudiante aux beaux-arts de Hambourg, elle y a présenté son projet de fin d’études, soit un film de science-fiction qui raconte l’histoire d’un savant qui part à la recherche d’un capitaine disparu. Une femme fait soudainement appari­tion et l’aide dans sa mission. Celle-ci part sur les traces de sa propre mère. Bref, une histoire de réminiscence, d’amnésie et de mémoire qui n’engage pas véritablement le spectateur.

Dans le cadre du même forum a été projeté un autre film égyptien, musical cette fois-ci : Al-Ayadi Al-Khafiya (mains invisibles) de Georges Salama et Marina Gioti. Cette copro­duction égypto-grecque porte le nom d’une formation musicale égypto-américaine. On part sur les traces du musicien de renommée internationale Alan Bishop, qui a fondé un groupe musical en 2011 avec trois artistes égyptiens, soit Aya Hémeida, Adham Zidan et Chérif Al-Masri. Le groupe reprend les anciennes oeuvres à succès de Bishop et tente d’en présenter une version égyptienne. Au lieu de rester centré sur le travail de la troupe et son cheminement, le film a voulu aborder beau­coup de choses à la fois, d’où un éparpillement trop évident. Il a versé dans le politique, séduit notamment par le contexte de la révolution de 2011. Encore un film égyptien qui doit proba­blement sa participation au festival de Berlin autant à la conjoncture politique qu’à la pro­duction .

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