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La joie au quotidien

May Sélim, Lundi, 26 février 2018

La galerie L’Oiseau du Nil accueille une exposition collective de Mohamad Rabie, Miriam Hathout, Emad Abou-Grain et Walid Taher, qui vise à partager avec les visiteurs un moment de détente et de gaieté.

La joie au quotidien
(Photo : Bassam Al-Zoghby)

Semer la gaieté, jongler avec les couleurs, en superposer des couches pour leur donner un effet différent — tels sont les dénominateurs communs des oeuvres exposées sous le titre de Happy (heureux) à la gale­rie L’Oiseau du Nil. Elles sont signées Mohamad Rabie, Miriam Hathout, Emad Abou-Grain et Walid Taher et nous font voir le quotidien sous un oeil nou­veau, avec beaucoup de fraîcheur. Les toiles à l’huile de Mohamad Rabie montrent des rencontres féminines, des causeries entre amies, des jeunes filles en balade à dos d’âne, à la campagne. Ses femmes sont toujours voluptueuses, avec des corps volumi­neux. Rabie les enlève au quotidien qui les écrase pour les placer dans un cadre plus festif et plus fantaisiste, aux couleurs criardes. Dans ses aquarelles en petit format, l’artiste se concentre sur les relations familiales, à travers des silhouettes dont les détails s’es­tompent pour laisser la couleur dominer.

La joie au quotidien
Causerie de femmes, par Mohamad Rabie. (Photo : Bassam Al-Zoghby)

« Ma partenaire, Mervat Hassan, et moi-même avons créé cette galerie dans le but de promouvoir l’artisanat égyptien, vendant des objets décora­tifs, fidèles à notre identité culturelle. Puis, par amour pour l’art et nos amis artistes, nous avons décidé d’organiser quelques expositions de temps en temps », souligne Racha Al-Gammal, propriétaire de la gale­rie. Et d’ajouter: « Le marché impose ses lois. Après une saison intéres­sante, durant Noël et le Nouvel an, les oeuvres artisanales étaient moins recherchées. A la fin de l’hiver, les ventes sont faibles. Pour cela, la tenue d’une exposition avec des oeuvres variées peut être une bonne solution pour s’attirer une clientèle, surtout que la galerie est située en face de la faculté des beaux-arts de Zamalek et à deux pas de la faculté de pédagogie artistique ». Pour mieux attirer les visiteurs, il fallait choisir un thème qui les éloigne des difficultés du quotidien, d’où le titre Happy, à même de faire entrer une part de bonheur dans notre vie. « La plupart des collectionneurs cher­chent actuellement des tableaux gais pour décorer leurs maisons. En même temps, j’essaie de fournir éga­lement des petits formats à des prix modérés, un peu à la portée de tous », indique Racha Al-Gammal.

Scènes champêtres

La joie au quotidien
Chat, par Walid Taher. (Photo : Bassam Al-Zoghby)

La joie est bien contagieuse. La danse des paysannes, les tournesols dans les champs, les jeunes filles en robes colorées dans un vaste jardin de Miriam Hathout nous font passer un bon moment. Hathout nous fait voyager dans le monde rural. Elle puise ses thèmes dans la vie champêtre et les rites folk­loriques, repense le rap­port entre l’âne et le pay­san. Les couches superpo­sées de son pinceau créent des peintures avec une texture mettant en relief les scènes dessinées, fai­sant revivre, par exemple le patrimoine des musi­ciens de la troupe popu­laire Hassaballah. Puisant également dans l’héritage culturel égyptien, Emad Abou-Grain, originaire de Haute-Egypte, reprend des motifs récurrents du folk­lore (poisson, serpent, cro­codile, chat…), avec une touche surréaliste et un brin d’humour. L’artiste peint également des por­traits sur de petits tambourins et des morceaux de bois. Pour sa part, Walid Taher met en scène des créatures enfantines, des chats géants fantaisistes ou des volailles comme on en trouve dans les livres de contes. S’ajoute à cela une série de caricatures en noir et blanc, sur le fonctionnaire en tarbouche que l’on trouvait autrefois dans les administrations gouvernementales. En contemplant ses personnages, un petit sourire se dessine sur nos lèvres. On se sent heureux.

Happy, jusqu’au 1er mars, tous les jours, de 11h à 21h, à la galerie L’Oiseau du Nil. 23a, rue Ismaïl Mohamad, Zamalek.

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