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Le soulèvement populaire approche …

May Sélim, Lundi, 20 mai 2013

Avec Toujours l’inattendu arrive, Monadel Antar signe une chorégraphie qui dissèque une société qui change en restant la même. Puis, d’un coup, on renverse la vapeur : c’est la révolution.

Monadel Antar
La chorégraphie prédit un soulèvement à venir … (Photo: Bassam Al-Zoghby)

Le proverbe et le titre de l’ouvrage d’André Maurois écrit en 1943 « Toujours l’inattendu arrive » inspire le chorégraphe, danseur et directeur de la compa­gnie de danse moderne de l’Opéra du Caire, Monadel Antar.

Il a monté son spectacle, actuel­lement sur les planches du théâtre Al-Gomhouriya, en gardant cette phrase comme titre. « C’est une vérité qu’on affronte du matin au soir. Il ne faut pas s’attendre à avoir des anges gardiens qui pro­tègent nos enfants, ou qui nous sauvent d’un accident en traver­sant la rue … », dit Antar pour introduire son spectacle. Puis, il reprend non sans ironie : « mais on ne s’attendait pas à ce que cette situation perdure après la révolution ».

Sur les planches, Antar cadre ses danseurs entre le passé de l’Egypte et son présent. Il y arrive à travers un écran qui sert d’arrière-fond et sur lequel de belles images en noir et blanc du « bon vieux temps » sont projetées. Par opposition à cet air nostalgique, des statues suspendues d’hommes torturés occupent l’autre côté de la scène, signe de la répression.

Le décor traduit une ville urbaine : des immeubles sur les côtés, une station de bus et une rue faisant office d’échiquier. Les danseurs qui apparaissent sur scène ne sont autres que des « élé­ments » manipulés par quelqu’un d’autre. Une silhouette est pré­sente tout au long du spectacle, témoin de ce qui se passe, ou plu­tôt tirant les ficelles au loin. Entre le passé et le présent, on se pose des questions sur l’histoire de l’Egypte.

Quotidien urbain

Dès le départ, les danseurs appa­raissent sur scène sur un tempo africain. Ils dansent, simulant des scènes de la vie quotidienne sur des rythmes répétitifs … Et ont l’air de dire : les employés de bureau sont manipulés par leurs patrons, les gens font la queue devant un arrêt de bus, souffrent à cause des moyens de transport en commun, le policier observe ce qui se passe, mais aussi sème par­fois l’effroi dans la rue, etc.

Malgré les mouvements rapides et une chorégraphie tirée de la vie réelle, les scènes deviennent routi­nières et les images du quotidien se multiplient à travers la danse : querelle, rivalité, histoire d’amour, actualité chaotique, harcèlement et violence contre la femme … Les rythmes africains qui dominent le spectacle pendant plus d’une demi-heure accentuent le senti­ment de monotonie. « Les rythmes africains font partie de notre culture et de notre identité égyp­tienne. Je favorise le retour aux origines », ajoute Antar.

Pour relancer la dynamique du spectacle, Antar a recours au « Boléro » de Maurice Ravel et à l’élaboration d’une chorégraphie plus vive. « J’aime rompre avec l’image que le public garde du boléro comme ballet », dit Antar.

Avec le crescendo de la musique, les danses s’effectuent à deux, se répètent et se multiplient. Les danseurs s’insurgent à la fin contre le train quotidien, contre l’Etat policier et toutes sortes de corrup­tion. Bref, un petit rappel : c’est bientôt la révolution.

Le spectacle sera repris les 18, 19 et 20 juin à 20h, à l’Opéra d’Alexandrie, théâtre Sayed Darwich, Manchiya.

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