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Réservez vos places à l’avance

May Sélim, Lundi, 01 janvier 2018

Plusieurs groupes et ensembles musicaux ont affiché complet durant l'année 2017. Coup de projecteur sur les raisons de ce succès qui ne fait que croître.

Réservez vos places à l’avance
Omar Khaïrat ne cesse d’afficher complet.

Concert de Omar Khaïrat à l’Opéra du Caire, Festival de la musique arabe, soirée musicale du groupe Cairo Steps, six grands concerts de Cairokee sur les planches de Saqiet Al-Sawi, sans compter les rendez-vous avec le groupe Massar Egbari au Caire et Alexandrie célébrant le Nouvel An ou ceux proposés par Sharmmoofers dans les diverses universités. Il s’agit de la liste exhaustive des groupes musicaux qui faisaient constamment salle comble tout au long de l’année 2017. Il fallait vraiment avoir de la chance et s’y prendre à temps pour trouver des places et assister à ces concerts, affichant complet. Que ce soit à l’Opéra du Caire, à Saqiet Al-Sawi ou dans d’autres espaces culturels alternatifs, le public venait en grand nombre et les billets étaient souvent vendus à l’avance. « Les tickets de Cairokee, Massar Egbari, Ali Al-Haggar et Khaïrat sont tous vendus quelques jours avant le concert. Le mois dernier, les six concerts de Cairokee ont attiré une foule énorme. Deux concerts par jour, un le matin et un autre le soir, ne pouvaient satisfaire les fans du groupe », lance le fonctionnaire du guichet de Saqiet Al-Sawi.

Au cours de la seule année 2017, les salles de l’Opéra du Caire, d’Alexandrie et de Damanhour ont accueilli quelque 500000 personnes. Un chiffre considérable à comparer avec ceux des années précédentes. Pour réserver des places, les gens faisaient de longues queues devant les guichets vendant des tickets pour Les Petits Chats, Cairo Steps, Omar Khaïrat, la Chorale de la célébration du Caire, le Festival de la musique arabe, etc. A partir de novembre dernier, la réservation en ligne a dû remplacer ces longues queues, mais le site affichait Sold out en très peu de temps.

Les plaintes du public se multipliaient sur les réseaux sociaux, faisant part de son désarroi. « L’augmentation du public est due à plusieurs raisons. En ce qui concerne l’Opéra du Caire, c’est une affaire de gestion. Ces derniers temps, les responsables ont intégré à leur programmation les divers genres musicaux proches du public ordinaire. Comme la musique dite dramatique, c’est-à-dire les bandes sonores qui accompagnent les films et les feuilletons égyptiens. Ainsi, les concerts de Khaïrat ou ceux consacrés à d’autres compositeurs de musique dramatique ont attiré pas mal d’audience. Ce n’était pas le cas auparavant », souligne le compositeur et professeur au Conservatoire du Caire Ragueh Daoud. Et puis c’est au jeune journaliste et critique musical Moheb Gamil de faire le point: « Les compositions de Omar Khaïrat font partie de la culture égyptienne. Ses concerts attirent un public d’âge moyen, notamment pour qui la musique dramatique fait partie de ses souvenirs. Les nouvelles générations assistent à ses concerts aussi, mais plutôt par curiosité, afin de découvrir ce grand nom qui revient couramment dans les maisons égyptiennes ».

Le chant collectif à la mode
Les espaces privés ou alternatifs, de plus en plus nombreux, ont également beaucoup de succès. Ils affichent souvent complet et s’attirent une clientèle de plus en plus nombreuse, grâce à une grande variété de choix. Ils proposent des concerts de musique rock, soufie ou spirituelle, musique de films, chants orientaux, etc. « Plusieurs astuces ont contribué à cet élargissement du public. Le nombre florissant des espaces privés a donné la chance aux nouvelles formations musicales de se produire sur scène, faisant leur publicité à travers les réseaux sociaux et les sites de réservation en ligne. Mais il faut quand même se méfier de la fausse propagande faite parfois à une musique quelconque ou à des troupes de niveaux très faibles. Ceux-ci tombent rapidement dans l’oubli », fait remarquer Daoud. Ajoutant: « Les troupes alternatives ont pu toucher les jeunes qui avaient assez des chansons frivoles ou du déjà-vu. Ils ont trouvé leur quête dans de nouvelles chansons abordant des sujets différents et adoptant une expression musicale, rythmée et contemporaine ». Un avis partagé par Moheb Gamil lequel souligne que ce sont surtout les groupes de chant et de musique qui ont actuellement le vent en poupe. L’heure est à la musique collective. « Le chanteur star n’est plus à la mode. La jeune génération de l’après-révolution s’attache à des paroles et des sujets exprimant le quotidien, le politique et le social ». Gamil met aussi l’accent sur l’effet des réseaux sociaux: Facebook, Youtube, Soundcloud, lesquels ont aidé à rassembler un public de nature différente, qui cherchait autre chose et qui a fait bloc autour de certaines troupes.

Les réseaux sociaux, les radios électroniques et les revues musicales comme Maazef ont développé la culture musicale, aussi bien chez les auditeurs que les navigateurs d’Internet, appartenant notamment aux générations 1970, 80 et 90. « Les nouveaux médias jouent un rôle important quant à la promotion des concerts musicaux.Même à travers tous les talk-shows quotidiens, on aborde la musique sous un autre angle, côte à côte avec l’actualité sociopolitique, comme c’est le cas avec l’émission présentée par Ibrahim Eissa », souligne Gamil. Parfois, l’émission télévisée offre aux téléspectateurs une soirée entière de musique et de chant, présentée en direct, au plaisir des artistes sur les podiums et des audiences à la maison .

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