La table ronde qui s’est tenue lors dudernier Festival du film du Caire avaitpour objectif de discuter des différents défisqu’affronte le cinéma égyptien, à la recherchede solutions pratiques. Un groupe de cinéastes,de producteurs arabes et de représentantsdes organismes étatiques concernés s’estalors réuni, afin de dresser un constat. « Lesrecettes du cinéma égyptien ne dépassent pas8 millions de dollars, alors que le cinémapolonais — à titre d’exemple — récoltequelque 258 millions de dollars par an »,s’indigne le producteur Gabi Khouri, de lasociété Misr International.
Selon Khouri, l’intervention de l’Etats’avère indispensable pour sauver la situation.Et d’ajouter : « On a entendu parler d’unesubvention financière de 50 millions de L.E.pour soutenir les producteurs et le Centrenational du cinéma. Aujourd’hui, toutel’Egypte compte seulement 430 salles, maiscertaines sont en délabrement et ne sont pasfréquentées par le public ».
Le producteur Medhat Al-Adl prendensuite le filet de la conversation pour fairepart de sa désolation. Il souligne que l’Etata abandonné son rôle depuis plus de 30 ans :« Je me souviens que j’ai eu recours plusieursfois au ministère de l’Intérieur et à tousles organismes sécuritaires pour mettre unterme au piratage et à la diffusion illégale defilms sur les chaînes satellites, mais en vain.Toutefois, rien n’est fait. Après avoir clarifiéla situation devant le président Al-Sissi lorsdu Forum des jeunes à Alexandrie, un comitéde spécialistes a été formé pour essayerd’apporter des remèdes, mais on attendtoujours les résultats ». Et de poursuivre :« Si les films égyptiens ont récemmentconnu un certain succès à l’étranger etdans des festivals internationaux, il fautqu’ils soient également présents dans lesfestivals nationaux, mais ce n’est pas le casmalheureusement ».
Pour sa part, le ministère de la Culture,premier responsable du cinéma en Egypte, acherché à prouver son innocence, avançanttoutes sortes de justifications. « C’estau ministère des Finances de trouver lessolutions adéquates et de fournir les sommesnécessaires », a déclaré Khaled Abdel-Guélil, conseiller du ministre de la Culturesur le dossier du cinéma. Ainsi, les diversesparties gouvernementales concernées selivrent à un jeu de ping-pong pour échapperaux responsabilités qui leur incombent. Etpour sortir de ce labyrinthe bureaucratique,d’aucuns, comme le producteur HusseinAl-Qalla, ont soulevé l’importance de créerun réseau de soutien ou d’entraide entreproducteurs, distributeurs et propriétaires desalles. Ces derniers ont d’ailleurs abouti àquelque 10 recommandations, qu'ils ont tenu àsoumettre aux autorités, résumant une fois deplus les problèmes chroniques de l’industrie.
Dix points à retenir
Parmi ces recommandations figure lanécessité d’augmenter l’aide financièreannuelle accordée au Centre national ducinéma, pour atteindre 50 millions de L.E.,étant donné son rôle important quant à ladécouverte de nouveaux talents. Ils ontsouligné aussi la nécessité de s’adresser auxdifférents gouverneurs, afin de mettre envigueur la décision du Conseil des ministres,prise il y a deux ans, de construire de nouvellessalles de cinéma. Et ils ont fait appel à aplanirles obstacles se dressant contre le tournage defilms étrangers en Egypte, soumettant leurspropositions au parlement à cet égard, commeà celui des droits de la propriété intellectuelle.Et ce, sans oublier de revenir sur le projet dela fondation d’une cinémathèque égyptienne,lequel est toujours resté en plan.Bref, il s’agit plus au moins des mêmesproblèmes et des mêmes recommandationsque l’on discute depuis des années, sans issue.Et en attendant, il y a une industrie qui coule,celle ayant fait autrefois la gloire du pays,avec le commerce du coton .
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