L’Académie Raafat Al-Mihi
Mohamed Atef, Lundi, 30 octobre 2017
Si le rôle « éducatif » de la plupart des professionnels du cinéma en Egypte, notamment des cinéastes, se limite souvent à offrir une chance de travail aux jeunes dans l’un de leurs films, la création, par Raafat Al-Mihi, de l’Académie des arts et des technologies du cinéma a, elle, été le couronnement d’un grand projet au service du cinéma, qu’il a lancé dans les années 1960 et dirigé pendant un demi-siècle. L’académie a ainsi formé de grands noms du cinéma égyptien, comme Hadi Al-Bagouri, Ali Idris et Ahmad Ghanem, entre autres.
L’Académie des arts et des technologies du cinéma rouvre ses portes.
La création de l’académie est venue répondre au besoin de centaines de jeunes qui voulaient suivre une formation sous la houlette d’un cinéaste du calibre de Raafat Al-Mihi. Malgré les problèmes juridiques et bureaucratiques auxquels s’est heurté le projet, notamment autour de l’achat des droits d’exploitation des Studios Galal pour une période de 20 ans, Al-Mihi a persévéré pour faire réussir son projet et offrir à ses étudiants une formation moderne et de qualité.
Quand l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur, Moufid Chéhab, a ajourné la certification de l’académie en attendant l’amendement de la loi sur les universités privées, Al-Mihi, lui, n’a pas attendu. Il a créé le Centre des arts et technologies du cinéma, dispensant des études libres avec pour seules conditions d’admission un bon niveau d’anglais et des connaissances informatiques de base. Les études s’étendaient sur deux ans et étaient structurées en modules trimestriels. Les étudiants n’étaient pas obligés de tout finir et pouvaient arrêter leur formation à leur convenance.
Depuis son lancement, le projet a coûté plus de 13 millions de L.E. et n’a généré aucun revenu, à cause notamment des intérêts des prêts bancaires et des facilités de paiement et inscriptions gratuites qu’Al-Mihi accordait aux candidats qui avaient du talent, mais pas d’argent. C’est ainsi que le projet a continué sa mission, propulsant chaque année un nombre de jeunes professionnels dans l’industrie du cinéma.
Durant l’hospitalisation qui a précédé son décès, Al-Mihi a continué à veiller sur le bon fonctionnement de son académie, à suivre les projets des étudiants, à visionner et commenter leur production. Mais son absence a fini par se faire sentir, d’où la décision des héritiers de fermer les portes de l’académie, dont le niveau n’était plus digne du nom et de l’histoire de son fondateur.
L’académie ne fut qu’un projet parmi de nombreux autres projets culturels et cinématographiques initiés par le grand cinéaste Raafat Al-Mihi, qui ne comptait que sur sa propre volonté et son amour pour le cinéma. La décadence puis la clôture de l’académie a attristé beaucoup de cinéphiles, une tristesse que seule sa réouverture a pu dissiper .
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