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La nature et ses états émotionnels

Névine Lameï, Lundi, 23 octobre 2017

Les peintures méditatives de l’artiste-peintre Emad Ibrahim, exposées actuellement à la galerie Zamalek, sont un regard vivant tourné vers la nature. Une nature conforme aux sensations humaines.

La nature et ses états émotionnels
Emad Ibrahim peint un monde de bouillonnement de couleurs, à l’instar de la vie.

Connu par son monde inspiré de l’environ­nement égyptien, constamment peint sur un arrière-fond paysagiste, l’artiste-peintre Emad Ibrahim tente une nouvelle expérience, admirablement réussie, dans sa nouvelle expo­sition Bougainvillier (plante grimpante), à la galerie Zamalek. Cette fois-ci, c’est le monde des plantes qui emporte davantage l’artiste. Un monde botanique et bucolique, doté de sensations humaines variables, à l’instar de la vie et ses métamorphoses. « Mon atelier à la ville du 6 Octobre, précisément à Haram City, donne sur un large terrain de verdure, notamment planté de Bougainvillier, protagoniste de mon exposition. J’ai l’occa­sion de suivre de près les diffé­rentes étapes de la floraison d’une plante jusqu’à la séche­resse de ses feuilles. C’est cette dernière phase qui m’in­téresse le plus à peindre », déclare l’artiste Emad Ibrahim.

Et d’ajouter : « D’ailleurs, ce qui prend le dessus dans mes peintures, c’est le fait de donner une nouvelle vie au Bougainvillier et à ses fleurs colorées, en état d’agonie, suite à la coupure de son arbre. En fleurs, plusieurs fois par an, cette plante grimpante, progressive et abondante, est pour moi synonyme de vie. Le feuillage du bougainvillier est à mes yeux identique à l’homme et à ses divers états d’âme, les plus intimes et les plus personnelles, miroir des différentes étapes du développement de l’être humain, et le processus naturel de sa crois­sance, depuis sa naissance jusqu’au terme de sa vie ». Ibrahim est un artiste très aventureux. Il puise dans des études régulières et des recherches quotidiennes sur les plantes pour enrichir la matière de son art.

Inspirées de la nature, les peintures d’Ibra­him nouent un rapport étroit avec toutes les émotions et les sensations vécues par l’homme au quotidien, entre passion et colère, haine et amour, mémoire et désir, passion et solitude, douceur et force. Dans ce « jar­dinage poétique » très mouve­menté, les sentiments humains aux parfums pénétrants se mêlent agréablement dans un beau jeu de contraste de matière et de masse. Et ces peintures iconiques, à inspirations flo­rales très colorées, sont forte­ment liées à la terre égyptienne et son patrimoine sacré. Le papier doré chez Ibrahim sym­bolise le divin sacré. Quant à la touche contemporaine de l’ar­tiste, elle réside dans les couches superposées et pâteuses en acrylique. L’artiste use éga­lement de crayon fusain, avec une certaine densité, à gamme de couleurs variées et contras­tées, à la fois calmes et tour­billonnées, lisses et rigoureuses, tristes et gaies, claires et foncées, chaudes et froides ...

Aux couleurs de la vie
Chez Ibrahim, le jaune marie le gris, le blanc avec le noir, l’ocre avec le bleu, le jaune orangé avec le rouge. Le tout partage des toiles magiques dans leurs moments poétiques les plus extasiés, les plus enchaînés et les plus enchantés. « Mes peintures colorées de très grand format me sont des miroirs de la vie et ses métamorphoses. Elles sont le reflet de l’homme et son vécu tel que je le conçois », lance Ibrahim, dont l’art est incrusté de méta­phores, de signes, de couleurs, d’allégories et de symboles, du monde bucolique, de jardi­nage, de feuillage et de végétation fluviale. Et ce, d’une manière originale qui fait l’objet de réflexions, d’imaginations et d’analyses exis­tentielles. Des peintures définies non pas d’im­pressionnisme classique, mais plutôt d’im­pressionnisme moderne et réaliste davantage. « Les matières dans mes peintures évoluent et s’entremêlent, se multiplient et se meuvent, se fondent et se confondent inlassablement et différemment d’une toile à l’autre, allant de pair avec le vécu », conclut Emad Ibrahim .

Jusqu’au 6 novembre, de 10h30 à 21h (sauf le vendredi). A la galerie Zamalek, 11, rue Brésil, Zamalek

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