Le monde de la femme et ses états d’âme ne cesse d’inspirer Hend Al-Falafli. Chez elle, il y a toujours le jeu de contraste entre clair et obscur, le mouvement et le calme, l’opaque et le transparent, le rêve et la réalité, etc. C’est cette dualité qui caractérise constamment les peintures de Falafli, exposées à la galerie SafarKhan, sous le titre de Le Monde d’Eve.
L’ensemble capte l’attention, provoque de la sympathie à l’égard des femmes peintes et nous invite à écouter leurs histoires. « Mes peintures ont une portée sociale, très émotionnelle. Le visiteur a envie de les toucher, pour mieux explorer l’oeuvre. Le langage du corps dit beaucoup sur la vision de ces femmes, comment elles conçoivent le monde », déclare Hend Al-Falafli, qui essaye de déchiffrer les codes de ce monde au féminin.
Bribes du réel et traces de rêves. Voici un pied ou une tête, des mains en mouvement, des regards contemplatifs et éperdus. Les toiles ont quelque chose de poétique. Les couleurs délicates sont rehaussées par des alignements intensifs, au crayon noir. De quoi créer une sorte de sosie à chacun des personnages, un double qui se dessine en lignes hachurées. « Chacune de mes oeuvres semble être le noeud d’une tragicomédie », lance Falafli. « Dans cette nouvelle exposition, je m’attache aux détails, très concis et soignés, contrairement à mes expositions précédentes. Les modèles se tiennent souvent en masse. L’union fait leur force, rassemblés par l’espoir et la beauté », accentue Falafli. Sur l’une de ses peintures, Falafli montre trois filles avec des couronnes incrustées de papillons sur la tête. Elles partagent une même joie de vivre. « Le nombre trois est symbole de la trinité, le parfait infini et éternel », explique Falafli, dont les modèles aux cheveux détachés sont à la fois libres et dramatiques. Les papillons dorés sont le symbole de la divinité ou de l’autre monde (donc monde extérieur ou masculin). Du papier collé cache parfois les visages, et des textes en anglais expliquent les conditions de vie de chacune des protagonistes femmes. Le blanc immaculé reflète leur côté pur. Et l’ocre incarne leur énergie constante.
Symboles spirituels
Parfois, Al-Falafli a recours à des écritures mystérieuses et incompréhensibles, inspirées des sept péchés capitaux, pour symboliser les qualités et les défauts, mystérieusement associés dans l’âme humaine. Et les papillons blancs symbolisent l’âge de l’innocence, loin de tous les sentiments de rage, de haine, de jalousie et de persécution, dont souffrent parfois les femmes. « L’âme de la femme est comme un papillon, un être vivant assez élégant et éphémère. Ses envols lui font dépenser beaucoup d’énergie. Dans plusieurs traditions spirituelles, le papillon est le symbole de la métamorphose, de l’élévation à un état plus pur », déclare Falafli. Et d’ajouter : « Dans mes toiles, le papillon incarne l’évolution de la femme, son passage d’un état à l’autre : l’oeuf correspond à la naissance, la larve renvoie au moment où il est temps de décider et ainsi de suite ».
Dans la peinture intitulée La Danse de la vie, le mouvement des pieds tape à l’oeil. Falafli fait sortir ses modèles de leurs cocons ; elles cherchent l’épanouissement. « Le papillon est aussi l’âme débarrassée de son enveloppe charnelle. C’est la légèreté et l’inconstance. La femme est libre de prendre un nouvel essor, de rêver », conclut Falafli.
A la galerie SafarKhan. 6,rue Brésil, Zamalek. Jusqu’au 21 octobre, de 10h à 21h (sauf le dimanche)
Lien court: