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Une histoire riche en symboles

Soheir Fahmi, Lundi, 25 septembre 2017

La galerie Zamalek inaugure sa nouvelle saison avec un grand maître de la sculpture, de la poterie et des céramiques, Kamal Ebeid (1918-2002), qui nous rattache à notre histoire si souvent méconnue.

Une histoire riche en symboles
Un souffle classique ancré dans l'histoire de l'Egypte.

Né en 1918, Kamal Ebeid devait fêter l’année prochaine son centenaire. Cette date est d’autant plus importante que ce pionnier de la sculpture, de la poterie et de la céramique est peu connu des jeunes générations. D’ailleurs, cette exposition a le mérite de nous faire découvrir l’oeuvre de ce grand artiste et de noter la diversité de sa production et l’importance de sa touche artistique. Et ce mérite revient bien évidem­ment à la galerie Zamalek qui n’a de cesse de fouiner dans les productions originales du présent ou du passé, en recherchant les traces d’oeuvres originales et mar­quantes.

Ebeid, ce professeur à la faculté d’éducation artis­tique, est bien plus qu’un artiste de grande envergure, ayant cherché à mettre en valeur l’authenticité et la richesse de son patrimoine. Il a été également un grand maître qui n’a de cesse d’enseigner l’art et de seconder les personnes douées. Et comme le raconte sa fille Amina Ebeid, également professeur à la même facul­té : « Il savait retrouver l’élément original chez chaque individu et le pousser à le développer ». On est d’ailleurs frappé par le nombre de ses élèves. D’ailleurs, l’artiste Farghali Abdel-Hafiz exprime sa fierté d’avoir été l’un de ses disciples : « J’ai appris de lui la réflexion, le travail accompli consciencieusement et surtout les traits et les ressorts de la force de l’esthé­tique égyptienne dans l’art ».

Il s’agit d’un témoignage, parmi plusieurs autres, sur l’artiste qui a créé des sections pour enseigner la pote­rie dans de nombreuses facultés à travers l’Egypte, révélant à ses élèves « l’art des fours », car selon lui, la poterie sans four ne fonctionne jamais. Et ce, outre les matières premières locales qu’il s’est évertué à exploiter. Ceci sans parler de toutes les sessions qu’il a organisées pour sensibiliser à l’art, partout dans le monde arabe. Pour dire à quel point il croyait à l’art et à son enseignement au plus grand nombre de per­sonnes.

Un homme hors du commun, mais également un artiste qui a touché à beaucoup de domaines avec brio. D’abord sculpteur et peintre, il se tournera ensuite vers la poterie et la céramique. On est frappé, en se prome­nant dans la galerie, par la diversité de ses oeuvres qui nous laisse toujours sur notre faim. D’après sa fille, Kamal Ebeid a sculpté plus de 100 portraits, éparpillés par-ci et par-là, chez des particuliers ou dans des insti­tutions, comme le portrait de l’écrivain Taha Hussein ou celui de Nasser (cette dernière oeuvre a disparu). Mais nous pouvons retrouver le portrait du musicien Salama Hégazi, au théâtre Al-Gomhouriya, ainsi que beaucoup d’autres.

Un classicisme égyptien
A travers l’exposition, on découvre une énorme tête de lion qui avait été conçue pour être exposée à la place Gomhouriya à Abdine, en 1954, pour faire le parallèle avec les célèbres lions du pont Qasr Al-Nil. D’autres portraits se trouvent dans des pays arabes où Kamal Ebeid avait animé de nombreux ateliers d’art. Certains portraits reproduisent des amis comme le peintre Moustapha Al-Razzaz ou des membres de sa famille comme sa femme et sa petite-fille. Dans tous les por­traits, comme celui de Mokhtar ou de Séguini, nous sommes frappés par leur classicisme, mais surtout par ce souffle égyptien qui se veut le prolongement du patrimoine, mais aussi synonyme de modernité.

Ce souffle classique, ancré dans l’histoire de l’Egypte, on le retrouve tout au long de l’exposition. Ainsi, à l’aide de tons pastels, avec une prédominance de rose, toutes les fresques exposées montrent des paysages de la ville, avec ses minarets et ses sites ori­ginaux. Sur l’une des peintures, des statues pharao­niques contemplent la ville du Caire. De quoi révéler comment l’artiste se place dans une modernité bien ancrée dans le passé. Kamal Ebeid, avec d’autres artistes qui l’ont précédé ou suivi, a ouvert une aire d’art contemporain qui s’appuie sur une histoire riche en symboles.

Dans ses poteries, il est égal à lui-même et nous retrouvons chez lui une panoplie de signes et de sym­boles issus du patrimoine, comme le poisson, lesquels seront repris par les générations à venir.

Il est intéressant de noter que dans les deux espaces de la galerie, il y a deux expositions, comme le sou­ligne l’artiste-peintre Farghali Abdel-Hafiz, l’une du sculpteur Kamal Ebeid qui s’est converti à la poterie, et l’autre d’un maître poteur, d’une autre génération, Mohieddine Hussein, qui a fait le parcours inverse. Un monde tout en flexibilité où l’art est roi.

Jusqu’au 11 octobre, de 10h à 20h (sauf le vendredi), à la galerie Zamalek, 10, rue Brésil, Zamalek.

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