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Un pas en avant

May Sélim, Lundi, 18 septembre 2017

La 24e édition du Festival international du Caire sur le théâtre contemporain et expérimental vient de commencer. Coup de projecteur sur une programmation marquée par une grande présence de l’Europe de l’Est et de l’Amérique latine.

Un pas en avant
Les Trois Soeurs, spectacle de l’inauguration.

Après cinq ans de suspension, entre 2011 et 2015, le festival avait repris l’an dernier. De retour, il a modifié son nom, élargissant son champ d’action, en ajoutant l’adjectif « contempo­rain », pour ne pas se limiter au champ expéri­mental, comme auparavant. Cette année, il avance d’un pas. Car le nombre de spectacles participant à cette 24e édition, qui a commencé le 20 septembre, a pratiquement doublé. On compte cette année 20 spectacles étrangers alors que l’an dernier, il n’y en avait qu’une dizaine. Après le succès remporté par les 5 ateliers de formation théâtrale, tenus l’an dernier, la direc­tion du festival a prévu, durant ses dix jours, 9 ateliers réservés aux jeunes et animés par des spécialistes, venus des quatre coins du monde.

De même, les colloques et les conférences organisés en marge du festival accueillent plu­sieurs intervenants et critiques internationaux, de quoi constituer un vrai forum d’idées. « Le festi­val est encore en phase de retour ou de réchauf­fement. On récupère les participants petit à petit. Car dans le temps, avant la période d’arrêt, le festival recevait plus de 40 spectacles par an. On va à tâtons. Le budget consacré au festival est très limité. Le ministère de la Culture a fait des coupures énormes sur le budget, et a alloué l’argent à plusieurs autres manifestations, lorsqu’on avait suspendu nos activités », explique Nasser Abdel-Moneim, coordinateur du festival et président du comité de sélection des spectacles étrangers.

La programmation, cette année, est marquée par une vive présence de l’Europe de l’Est et de l’Amérique latine. Le spectacle d’ouverture Les Trois Soeurs de la troupe géorgienne Tiblisi, de Konstantin Purtseladze, a constitué une véritable surprise pour le public, mettant en avant la danse contemporaine. A l’aide d’une belle expression corporelle, les comédiens-danseurs incarnent sur scène l’oeuvre de Tchekov, narrant l’histoire des trois soeurs ravagées par la solitude, au sein d’une société conservatrice. « C’est un spectacle sans paroles, mais tout est dit par les mouve­ments chorégraphiques. Les comédiens, qui ne sont pas des danseurs professionnels, adoptent un langage corporel, à mi-chemin entre le clas­sique et le contemporain », explique Abdel-Moneim.

Toujours par la danse, la troupe russe The Laboratory of Physical Theatre évoque la course éternelle de l’homme contre la montre. Et ce, à travers le spectacle Wandering Time, selon une mise en scène de Lidia Kopina. Un homme, seul sur les planches, rejette le concept de la vieillesse, recherche l’éternité en s’attachant de plus en plus à la nature et à la vie primitive.

La troupe arménienne Yerevan Puppet Theater reprend un spectacle de son répertoire Flight Over The City, signé et interprété par Narine Grigoryan, une habituée du festival depuis les années 1990. C’est l’histoire d’une jeune fille qui perd la vue et qui s’adonne à l’imagination, suivant les instructions de son médecin. Il s’agit d’un monodrame où la comédienne se sert de fils pour créer son monde fictif.

Le festival fait un pas de plus vers l’Est, en recevant des troupes chinoises. Le metteur en scène et pionnier du théâtre d’avant-garde en Chine, Meng Jinghui, est honoré durant le festi­val. De plus, il anime un atelier de mise en scène, au profit des jeunes Egyptiens, tout en présentant son spectacle Nine and Half Love, donné par la troupe Meng Drama Studio. Dans cette pièce, Jinghui mêle le jeu théâtral à la pro­jection vidéo, pour tracer une histoire d’amour et de vengeance, non sans rappeler les épopées d’Homère, l’Iliade et l’Odyssée.

L’autre bout du Pacifique
Du Mexique, la troupe Al Rescate Cia pré­sente Máscara vs Cabellera, narrant l’histoire mythique d’un champion de lutte populaire et son amour pour la patrie. L’espace scénique se transforme en un Wrestling circuit (entraînement basé sur des mouvements de lutte, en petits groupes), où la confrontation est de mise entre les divers protagonistes.

La troupe chilienne Vicky Larrain Corp Teatro développe le genre du théâtre documentaire, présentant son spectacle Cage One-Bird Two. Monté par Larrain, le spectacle est basé sur un fait réel qui a eu lieu à la cité de Colina. Il retrace l’histoire d’une femme emprisonnée dans une cage à poules pendant 20 ans. « Le comité de sélection des spectacles étrangers a visionné 240 spectacles, pour en choisir 20 selon des critères purement artistiques, tout à fait loin de la politique. S’il y a une forte présence de l’Eu­rope de l’Est ou de l’Amérique latine, cela relève de la pure coïncidence. Pourtant, on ne peut nier que le théâtre est un genre artistique très lié à la vie sociopolitique. Il est prioritaire dans les pays de l’Europe de l’Est et d’Amérique Latine, qui souffrent de crises consécutives et qui sont en voie de développement. Le théâtre y est un moyen d’expression très prisé par les jeunes. Pour ce, on peut parler d’une floraison théâtrale dans ces pays », conclut Abdel-Moneim pour justifier ses choix.

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