
Bouchra, bien à l’aise dans un rôle compliqué. La comédienne se prête bien au genre.
Dans son nouveau film Leil Dakheli (nuit/intérieur), actuellement en salle, le réalisateur Hossam Al-Gohari mêle l’action au suspense. Les événements du film se déroulent sur deux plans temporels, racontant l’histoire d’un groupe de jeunes cinéastes, dirigé par Rajia, une jeune directrice de production – interprétée par Bouchra — qui subit une attaque armée, pendant le tournage d’un film, laquelle finira par anéantir toute l’équipe. Rajia est donc la seule rescapée et narratrice des événements, en voix off. Au fur et à mesure, en avançant dans les évènements, on découvre une autre version de l’histoire, livrée par un agent de police — campé par le jeune Mahmoud Hafez — frère cadet de l’un des policiers, mort lors de l’attaque sur le plateau.
Partant sur de bonnes bases dramatiques, Leil Dakheli (nuit/intérieur) porte en lui les éléments de fascination. Al-Gohari y a installé un sentiment de suspense, malgré quelques scènes froides ou d’autres feintes, sur le plan technique.
Le script est bien ficelé, malgré un cadre dramatique de déjà-vu. Le jeune scénariste Chérif Abdel-Qader évite de tomber dans la trame-cliché, en se concentrant sur trois niveaux de la narration des événements.
Balançant entre suspense, crime et parfois même horreur, ce nouveau long métrage garde pourtant un style assez posé. Bien qu’il agence plusieurs crimes, presque tout au long des événements, il maintient le cap, prouvant le talent frais du jeune scénariste, signant sa première oeuvre. Ce dernier fait preuve, en effet, d’un certain courage, ayant choisi d’évoquer la corruption de certains policiers.
Le mécanisme du film paraît simple : un crime plongé dans des scènes de flash-back, où la voix off narrative offre du suspense à des faits dramatiques, menant à une série de découvertes. On a affaire à un bon film du genre, malgré une médiocrité visuelle et technique bien claire. Petit budget oblige.
Esthétique malgré tout
La mise en scène est bien travaillée de bout en bout, portant l’empreinte du jeune réalisateur Hossam Al-Gohari, habitué à ce genre de film de suspense à petits budgets, à l’instar de Charie 18 (rue numéro 18) et Radd Feal (réaction).
Malgré quelques fautes de raccord ou des chutes de rythme, la technique de la mise en scène reste assez expressive. L’utilisation habile des décors, le choix des couleurs et des espaces clos fait en sorte que les yeux ne sont pas gênés par la modestie du visuel. Et malgré ce peu de fautes techniques, le mouvement des caméras, à la fois libre et maîtrisé, fait naître une atmosphère tendue, adéquate à ce genre de film.
Le film fonctionne également grâce à la prestation de jeunes comédiens, avec Bouchra à leur tête, dans un rôle plutôt compliqué. Assez à l’aise dans ce genre de rôle à double facette, la comédienne s’assume et domine la trame.
Leil Dakheli (nuit/intérieur) peut faire partie des thrillers-polars, auxquels on ne reproche pas beaucoup de bémols, mais qui ne sont tout de même pas parvenus à devenir des joyaux du genre .
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